[CRITIQUE] : Last Words
Réalisateur : Jonathan Nossiter
Acteurs : Nick Nolte, Kalipha Touray, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Italien, Français, Américain.
Durée : 2h06min.
Synopsis :
En 2085, la Terre n’est plus qu’un immense désert. Les derniers survivants se rejoignent à Athènes, appelés par un ultime espoir...
Et si l’Humanité parvenait à trouver la plénitude alors même que tout s’écroule et qu’elle est condamnée ?
L’histoire étonnante de la fin du monde, vécue de manière tendre et joyeuse, par les cinq derniers êtres humains.
Critique :
Fable philosophique, apocalyptique et même métaphysique sur les tourments de l'humanité, autant qu'ode passionnée sur le 7ème art, #LastWords est un petit bout de cinéma tendre et mélancolique, peut-être un chouïa trop contemplatif parfois, mais d'une beauté et d'une poésie rare. pic.twitter.com/dHcL1eKzNe
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 22, 2020
Il y a quelque chose de férocement préoccupant et réconfortant à la fois, à la vision du film Last Words de Jonathan Nossiter, basé sur le roman éponyme de Santiago Amigorena, qui nous catapulte au coeur d'un monde post-apocalyptique, où l'humanité est au bord de la disparition, après les guerres, les catastrophes naturelles ou encore les pandémies (dont un virus incroyablement prophétique en ces temps de Covid-19); comme si la morosité actuelle commençait peu à peu à prendre le pas sur le contenu de salles obscures cruellement délaissées et elles-mêmes, au bord du gouffre.
Plus besoin de s'inquiéter au fond, sur de quoi sera fait demain puisque demain n'existe plus vraiment, et que la fin du monde à déjà eu lieu... et Last Words, incarne en somme, son épilogue, furieusement mélancolique et cinématographique.
Copyright JONATHAN NOSSITER-JOUR2FETE |
En 2085, la planète est un cailloux immensément désertique ou les océans ont tout avalé sur leur passage, ou aucun humain n'est né depuis plus d'une décennie, ou les animaux ont trépassés et ou les quelques plantes qui restent sont toxiques, tout comme la pluie qui tombe du ciel.
C'est au travers de Kal, un jeune homme qui vient de perdre sa sœur, que nous découvrons la tragédie d'un monde en fin de vie et en fin de tout, et qu'il n'a connu d'ailleurs que comme cela.
Avec l'ancien Shakespeare, qui vivait reclus dans une cinémathèque à Bologne (le refuge ultime, de quoi laisser les cinéphiles un brin rêveur), ils se lancent comme défi de se rendre à Athènes, où ils ont appris qu'il y avait une petite communauté de survivants.
Ils portent un projecteur et diverses bobines de vieux films qu'ils projetteront pour des gens qui n'en ont jamais vu, tout en ayant également pour but de construire une caméra pour filmer les derniers instants, un testament qui serait aussi, le tout dernier film de l'humanité...
Entre lumière et obscurité, la mort hante tous les bords de Last Words, fable mortifère et figée sur un monde qui l'est tout autant, ou l'humanité n'est plus vouée qu'à la disparition : ses survivants sont nés sans connaître le passé - déjà embourbés dans un désastre sans nom -, et il n'y aucun espoir pour que la tangente s'inverse et que quoique ce soit ne vienne chambouler positivement ce réalité.
Pourtant, dans cette mort inéluctable, le bonheur et l'optimisme existent et résistent, qu'il soit dans la compagnie fugace des autres, ou dans la contemplation d'images en mouvement rompant un quotidien suspendu (on en viendrait presque à capter le même émerveillement que ceux ayant assister aux premières projections des frères Lumière, près de deux siècles plus tôt), faisant dès lors de l'amour du cinéma - le leur comme le notre -, l'élément de transmission le plus pur et juste pour laisser une trace; un héritage de notre passage à travers le temps, et même plus simplement, de s'y retrouver aussi à travers son histoire, telle une mémoire partagée collective vivante et vibrante, à laquelle chacun peut s'attacher.
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En théorisant sur le simple fait de filmer, de capter la vie à travers le regard d'une caméra, Jonathan Nossiter tutoie à l'essence même de son art et en croque une ode aimante et passionnée (quel est l'art plus rassembleur que le septième, justement ?) voire même un chouïa fétichiste, un prisme qui contrebalance justement les quelques menus défauts de son histoire (un rythme répétitif et souvent en dent de scie en tête), et son manque cruel de subtilité.
Fable philosophico-apocalyptique et même métaphysico-cinématographique (oui) sur les tourments de l'humanité, porté par un beau casting vedette (quand ils sont bien dirigés, Stellan Skarsgård et Nick Nolte sont d'une grâce folle : ils le sont magnifiquement ici), Last Words est un petit bout de cinéma tendre et mélancolique, sans doute trop démonstratif et symbolique pour certains, mais d'une beauté rare pour tous ceux qui se laisseront happer par sa poésie.