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[CRITIQUE] : Adieu les Cons


Réalisateur : Albert Dupontel
Avec : Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l'enfant qu’elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans.
Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.



Critique :


Qu'on se le dise, une nouvelle comédie d'Albert Dupontel, qu'elle soit une de ses réalisations ou qu'il y figure simplement en tant que comédien, incarne inéluctablement un événement dans un genre comique français manquant de plus en plus de panache.
Plus qu'un simple coup de viagra salvateur, la touche Dupontel s'est vite imposée grâce au délirant Bernie, comme l'une des plus affutées et trash de la comédie hexagonale, un rendez-vous immanquable pour tous les cinéphiles amateurs de mauvais (et donc bon) goût, que le cinéaste-acteur manie avec perfection.
En élève assumé et fidèle du cinéma de Terry Gilliam (dont la présence ici au casting, comme pour 9 Mois Ferme, relève donc du geste de fan hardcore ultime), le bonhomme nous revient donc en ce mois d'octobre assez perturbé, avec un nouveau beau bébé plein de promesses dans sa besace, Adieu les Cons.

Copyright Jérôme Prébois – ADCB Films

Toujours mué par une énergie débordante malgré les années qui passent, le bonhomme se lance dans une nouvelle fable délirante et pétri de candeur (et toujours avec un penchant pour le slapstick absolument génial), une épopée épique sur des enjeux intimes se mêlant à de vrais problèmes sociétaux (qu'il dépeint d'une manière férocement décalé pour mieux frontalement les décortiquer), une fuite en avant face à un monde terriblement cupide et chronophage.
Soit du put*** de pain béni pour l'orfèvre talentueux qu'il est maintenant, depuis plus de deux décennies.
S'emparant toujours aussi bien de sujets sérieux, salement ancré dans une réalité sociale rugueuse et actuelle, pour les traiter dans un ouragan d'humoir noir non dénué de moments de franches émotions et de scènes gentiment trash - voire un tantinet malaisante -, avec son nouveau film, Dupontel ne se refuse absolument rien, au point même d'en faire ni plus ni moins que l'un de ses meilleurs films à ce jour.

Copyright Jérôme Prébois – ADCB Films

Généreux, sensible (même si dans le fond, le drame ne prend jamais l'ascendant sur l'humour), condensant tous les thèmes qui lui sont chers depuis ses débuts (l'injustice, la question des origines, la solitude, l'acceptation de soi et des autres, singer - mais pas trop - le ridicule de la société contemporaine en usant de ses propres armes de déshumanisation,...), sans ne jamais tomber dans un esprit de répétition, tournant à la dérision - avec un plaisir non-feint - les arcanes aussi fascinantes (surtout dans leur dysfonctionnement) que détestables que la bureaucratie Française, le tout dans une bizarrerie ambiante franchement délectable (excepté la fameuse scène de l'ascenseur, proprement malaisante); plus qu'une sublime galerie de freaks bigger than life (Nicolas Marié en tête), le film est surtout et avant tout la magnifique et improbable rencontre de personnages aussi opposés que complémentaires, incarnés avec implications par des performeurs au sommet de leur art (Virginie Efira est encore une fois lumineuse, en quadra singulière et acculée).
Aussi féroce et décomplexé qu'attachant et délicat, bourrés de scènes et de guests potentiellement cultes, Adieu les Cons est un conte moderne profondément irrévérencieux, subtil et contemporain, à la mise en scène kafkaïenne stylisé et inspirée, et n'ayant jamais peur des grands écarts de genre et de ton, le tout au coeur d'un rythme frénétique proprement dingue.

Copyright Jérôme Prébois – ADCB Films

D'une réussite exemplaire, cartoonesque à souhait, humaine et méticuleuse, la cuvée 2020 d'Albert Dupontel est définitivement sa plus aboutie et populaire, un regard profondément rigolard même si pessimiste, sur une société hexagonale qui ne marche pas droit parce qu'elle vide continuellement et consciemment, un chargeur de mitraillette dans les deux genoux.
Le cinéaste a prit de la bouteille, et inutile de préciser que cela lui va Vraiment très, très bien.


Jonathan Chevrier


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