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[CRITIQUE] : Police


Réalisatrice : Anne Fontaine
Acteurs : Omar Sy, Virginie Efira, Grégory Gadebois, Payman Maadi,...
Distributeur : StudioCanal.
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.



Critique :


Anne Fontaine a présenté son nouveau film en avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême avant sa sortie en salles le 2 septembre.
Adapté du roman de Hugo Boris, Police s’intéresse à trois policiers qui vont être confrontés à un choix en acceptant innocemment de conduire un détenu à l’Aéroport Charles de Gaulle. Ce n’est pas tant le métier qui intrigue la réalisatrice mais la personnalité derrière l’uniforme. Nous les suivons pendant une seule journée, où vont se confondre les ordres donnés, les soucis personnels et les valeurs morales de chacun. 

Copyright Thibault Grabherr

Découpé en deux parties, la première s’attache à nous immerger dans le quotidien d’un commissariat parisien. Cette partie est elle-même découpée en trois, le temps de présenter individuellement les personnages et imposer trois angles différents d’une même scène. Virginie (Virginie Efira, talentueuse comme toujours) est une jeune mère fatiguée, dont le couple bat de l’aile. Sa journée est rythmée par une situation de violence conjugale, où elle subit les insultes du mari tandis que la femme part chercher quelques affaires et une arrestation musclée avec ses collègues, où elle annoncera à l’un d’entre qu’elle est enceinte de lui et compte avorter. Erik (Grégory Gadebois) est alcoolique, il n’y a plus d’amour dans son couple, où la violence des mots est devenue leur quotidien. Il cache cette aigreur derrière un masque très professionnel, aucun faux pas. Mais ce masque se craquèle quelquefois, quand ils sont appelés parce qu’une mère vient de mettre son bébé au congélateur par exemple. Aristide (Omar Sy, qui trouve ici un rôle très loin de son habitude et campe un flic macho et lourd), se trouve être le collègue qui a eu une aventure avec Virginie, cache également ses états-d’âmes par un ton blagueur et ses karaokés sur Marc Lavoine. Journée type, les policiers côtoient parfois la misère sociale et la violence dont il est difficile de prendre une distance en rentrant chez soi. Quand le trio se retrouve dans la voiture avec un migrant (Payman Maadi, qui n’a malheureusement pas beaucoup de dialogue, mais qui exprime toute sa souffrance par son regard) pour son expulsion du territoire, ils sont à bout, prêt à exploser à tout moment. Les heures supplémentaires, la douleur qui les accompagne à chaque mission, les problèmes personnels, tout cela se mélangent quand Virginie décide d’ouvrir le dossier du détenu et comprend que s’il retourne dans son pays, il mourra.


Copyright Thibault Grabherr


La deuxième partie commence alors, presque un huis-clos dans cette voiture où une décision doit être prise : fermer les yeux et voir avec sa conscience ensuite ? Désobéir aux ordres ? Aider un migrant sans savoir s’il dit la vérité (la possibilité qu’il se révèle terroriste plane dans l’air) ? Anne Fontaine a pris un soin particulier à nous peindre le portrait psychologique de ces trois policiers, maintenant les choses doivent bouger. Et c’est à ce moment que Police, qui avait jusque là un récit assez passionnant sur des personnages au bout du rouleau, ne s’envole jamais. La voiture,  espace clôt où une décision difficile doit avoir lieu, n’est jamais source de tension. Le film reste plat, malgré ses brillantes interprétations des acteurs/trices, qui se donnent à fond pour leur personnage. C’est dans la mise en scène que se cache le problème et dans un montage mou, qui n’est pas à la hauteur du récit.
Immersion de vingt quatre heures dans la vie de trois policiers, Police frappe juste quand il s’attaque à ses personnages marqués, dont la douleur est comprimée derrière l’uniforme. Mais le film oublie que les acteurs ne font pas tout et la deuxième partie s’embourbe au lieu de s’élever vers un récit tendu et prenant.


Laura Enjolvy



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