[CRITIQUE] : Le Discours
Réalisateur : Laurent Tirard
Acteurs : Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi, Julia Piaton,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Coincé à un repas de famille qui lui donne des envies de meurtre, Adrien attend. Il attend que Sonia réponde à son sms et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois. Et voilà que Ludo, son futur beau-frère, lui demande de faire un « petit » discours pour le mariage ! Adrien panique. Mais si ce discours était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver ?
Critique :
Hilarant, tout en rupture et dominé par un Benjamin Lavernhe juste parfait, #LeDiscours se profile sans forcer comme la parfaite comédie française à ne pas rater en cette fin d’année, de quoi nous faire oublier quelques temps soucis et tracas. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/08RiPAdTPK— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 6, 2020
Laurent Tirard, venu présenter en avant première son nouveau long métrage, est reparti avec l’écho des applaudissements, qui ont ponctué la longue standing ovation à l’issue de la projection au Festival du Film Francophone d’Angoulême.
Adapté du roman éponyme de Fabrice Caro (plus connu sous son nom d’auteur de BD, Fabcaro), Le Discours est le huitième film du réalisateur, qui signe ici une comédie hilarante. Il réussit le pari de mettre en image ce roman écrit à la première personne, où le personnage, Adrien, subit un dîner de famille interminable tout en laissant vagabonder son esprit à droite à gauche. Il a donné le premier rôle à Benjamin Lavernhe, qui trouve ici un très bon moyen de briller en première ligne. Label Cannes 2020, le film sera dans nos salles en décembre prochain. Attention, fou rire au programme.
Laurent Tirard choisit de briser le quatrième mur tout le long du métrage, pour que le spectateur puisse entrer dans la tête du personnage, tout comme le livre. Un procédé très dangereux, qui peut alourdir la mise en scène et créer une distanciation du récit. Pourtant, Le Discours y arrive avec brio. On ne sait pas bien si c’est grâce à l’interprétation de l’acteur principal, qui survole le film, grâce à l’humour bon enfant où l’on rit à gorge déployée ou grâce à la mise en scène ludique, qui s’accroche à l’esprit d’Adrien. Ou peut-être c'est grâce à tout cela à la fois.
Copyright Les Films Sur Mesure - Photo Christophe Brachet |
Adrien se rend à un dîner de famille classique. Le gigot et le gratin dauphinois dans les assiettes, comme d’habitude. Une discussion passionnante autour du chauffage au sol. Le porte serviette (censé être un sapin) en forme de pénis dans la cuisine construit par Adrien lui-même à l’école, que sa mère n’a jamais décroché du mur. Tout se déroule comme à l'accoutumé. Sauf qu’Adrien est très loin d’eux cette fois-ci. Il est avec Sonia en pensée, qui n’a pas répondu à son message envoyé plus tôt dans la journée. Sonia et lui sont “en pause” depuis trente-huit longs jours. Après l’étape des cinq phases de la tristesse, Adrien est certain de pouvoir la récupérer avec un message tout simple pour savoir comment elle va. L’attente est longue, très longue. Pour couronner le tout, le compagnon de sa sœur lui demande de préparer un discours pour leur mariage : c’est le comble. Qu’est-ce qu’on dit à un discours de mariage d’une grande sœur qui pense encore que les encyclopédies font d’excellents cadeaux ? Comment ne pas être ridicule ? Quels anecdotes raconter, quelles blagues ? Et Sonia qui ne lui répond toujours pas.
Le réalisateur décide de ne pas rester en huis-clos sur ce repas sans fin et de suivre le cheminement des pensées d’Adrien, qui ne cesse de se promener dans les souvenirs avec Sonia (bon ou mauvais) ou dans sa projection de l’avenir proche, le fameux discours, flash-forward qui permet au récit de changer d’acte. Parce que l’histoire ne nous enferme pas dans un seul lieu dès le départ et commence même par la rupture, Le Discours évite la redondance et l’effet de prendre la machine en marche. Le film refuse à chaque début de séquence d’être un film-concept et de ce fait, échappe aux pièges du cliché par cette fluidité de ton, qui lui permet de passer d’un état à l’autre en un claquement de doigt. Malgré son ton comique, il arrive cependant à être très émouvant dans sa façon de peindre cette famille, ses habitudes, avec des caractères types qu’on peut lier avec notre propre expérience.
Mais surtout, la grande réussite de Laurent Tirard est d’avoir donné le rôle d’Adrien à Benjamin Lavernhe. Il nous avait déjà prouvé son sens de la comédie avec son Jean-Pierre Le Pêcheur du film Mon Inconnue l’année dernière. Il trouve ici un rôle parfait qui prouve son talent pour incarner un personnage comique avec authenticité et émotion.