[CRITIQUE] : À Coeur Battant
Réalisatrice : Keren Ben Rafael
Acteurs : Judith Chemla, Arieh Worthalter, Noémie Lvovsky, Lenny Dahan,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Français, Israélien.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Julie et Yuval s’aiment et vivent à Paris. Du jour au lendemain, ce couple fusionnel doit faire face à une séparation forcée. Lui à Tel Aviv, dans sa ville natale, elle à Paris avec leur bébé, ils continuent à vivre ensemble mais par écrans interposés. Cette vie par procuration va vite connaître ses limites. La distance mettra leur amour à rude épreuve...
Critique :
On avait laissé la cinéaste israélienne Keren Ben Rafael avec un premier essai plein de promesse, Vierges, chronique adolescente mélancolique et enfiévrée, qui avait une tendance un poil irritante certes, à surligner son symbolisme, quitte à de facto, pointer plus directement ses fragilités scénaristiques.
Deux ans plus tard, nous la retrouvons en ces dernières heures du mois de septembre avec un second long bien plus douloureux, À Coeur Battant, passé par la case Mostra, et centré sur la lente déliquescence d'un couple amoureux, mais séparé par la vie et un confinement imposé - on fait difficilement plus dans l'air du temps.
Articulé sur un principe aussi simple que commun à tous - la communication à travers des écrans interposés -, la caméra, jamais juge ni bourreau - elle ne choisit aucun camp -, se fait juste témoin privilégié et intime d'une lente agonie captée par le prisme des webcams - et de Skype.
Une distanciation technologique qui au lieu de rapprocher les deux âmes, ne va faire que creuser un peu plus le fossé de leur distanciation physique et sentimentale, toujours plus infranchissable de jour en jour.
Plus que de scruter tout le mal - souvent nécessaire, comme ici - d'une génération (notre incapacité à nous détacher de nos écrans divers), Keren Ben Rafael nous interroge face à la manière dont cette dite évolution gangrène durablement nos relations dans la société contemporaine, qu'elles soient professionnelles, amicales ou familiales.
En jouant sur les frustrations évidentes qu'elle suscite (dépendance affective, incapacité à recréer une relation familiale alternative, la cruauté de l'absence,...), elle fait graduellement grimper la tension au quotidien, comme si elle devenait peu à peu la goutte d'eau qui fait déborder un vase qui ne demandait que cela.
Logiquement répétitif (comment pourrait-il en être autrement ?) mais surtout incroyablement amer dans son auscultation d'un couple comme les autres, À Coeur Battant repose quasiment intégralement sur la force évocatrice de son casting, totalement voué à sa cause, notamment par le jeu électrisant de Judith Chemla, qui retranscrit avec minutie la difficulté de jongler entre son rôle de femme, de mère et sa situation professionnelle (sans oublier la merveilleuse Noémie Lvovsky, parfaite en mère un brin perturbée).
Elle vaut même à elle seule, la vision de cet excellent second essai.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Judith Chemla, Arieh Worthalter, Noémie Lvovsky, Lenny Dahan,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Français, Israélien.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Julie et Yuval s’aiment et vivent à Paris. Du jour au lendemain, ce couple fusionnel doit faire face à une séparation forcée. Lui à Tel Aviv, dans sa ville natale, elle à Paris avec leur bébé, ils continuent à vivre ensemble mais par écrans interposés. Cette vie par procuration va vite connaître ses limites. La distance mettra leur amour à rude épreuve...
Critique :
En faisant de sa caméra un témoin privilégié et intime de la lente déliquescence d'un couple comme les autres et séparé par la vie,#ACoeurBattant incarne un beau drame humain et amer, une auscultation d'un couple sondant étroitement son auditoire, sur son rapport aux technologies pic.twitter.com/c5h5kJ0QGR
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 29, 2020
On avait laissé la cinéaste israélienne Keren Ben Rafael avec un premier essai plein de promesse, Vierges, chronique adolescente mélancolique et enfiévrée, qui avait une tendance un poil irritante certes, à surligner son symbolisme, quitte à de facto, pointer plus directement ses fragilités scénaristiques.
Deux ans plus tard, nous la retrouvons en ces dernières heures du mois de septembre avec un second long bien plus douloureux, À Coeur Battant, passé par la case Mostra, et centré sur la lente déliquescence d'un couple amoureux, mais séparé par la vie et un confinement imposé - on fait difficilement plus dans l'air du temps.
Copyright Condor Distribution |
Articulé sur un principe aussi simple que commun à tous - la communication à travers des écrans interposés -, la caméra, jamais juge ni bourreau - elle ne choisit aucun camp -, se fait juste témoin privilégié et intime d'une lente agonie captée par le prisme des webcams - et de Skype.
Une distanciation technologique qui au lieu de rapprocher les deux âmes, ne va faire que creuser un peu plus le fossé de leur distanciation physique et sentimentale, toujours plus infranchissable de jour en jour.
Plus que de scruter tout le mal - souvent nécessaire, comme ici - d'une génération (notre incapacité à nous détacher de nos écrans divers), Keren Ben Rafael nous interroge face à la manière dont cette dite évolution gangrène durablement nos relations dans la société contemporaine, qu'elles soient professionnelles, amicales ou familiales.
En jouant sur les frustrations évidentes qu'elle suscite (dépendance affective, incapacité à recréer une relation familiale alternative, la cruauté de l'absence,...), elle fait graduellement grimper la tension au quotidien, comme si elle devenait peu à peu la goutte d'eau qui fait déborder un vase qui ne demandait que cela.
Copyright Condor Distribution |
Logiquement répétitif (comment pourrait-il en être autrement ?) mais surtout incroyablement amer dans son auscultation d'un couple comme les autres, À Coeur Battant repose quasiment intégralement sur la force évocatrice de son casting, totalement voué à sa cause, notamment par le jeu électrisant de Judith Chemla, qui retranscrit avec minutie la difficulté de jongler entre son rôle de femme, de mère et sa situation professionnelle (sans oublier la merveilleuse Noémie Lvovsky, parfaite en mère un brin perturbée).
Elle vaut même à elle seule, la vision de cet excellent second essai.
Jonathan Chevrier