[CRITIQUE] : Pompéi
Réalisateurs : John Shank et Anna Falguères
Acteurs : Garance Marillier, Aliocha Schneider, Vincent Rottiers,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Français, Canadien
Durée : 1h30min
Synopsis :
Dans une région désertée, Victor et son petit frère Jimmy sont livrés à eux-mêmes. Dans la chaleur de l'été, ils tuent le temps comme ils peuvent avec d’autres jeunes de leur âge.
Ils forment une bande soudée qui s'est inventée ses propres codes. Mais quand Billie, une jeune fille révoltée, entre dans la vie de Victor, l'équilibre du groupe va peu à peu se rompre et la vie de Jimmy radicalement changer.
Critique :
Entre la révérence assumée au cinéma d'Antonioni et le mélange malhabile du teen movie mélancolique et le récit post-apo désenchanté, #Pompéi incarne une errance brûlant sous le soleil aride du désert et de la monotonie irritante, tant il ne se passe pas ou peu de chose à l'écran pic.twitter.com/JfGEYZUmrs— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 27, 2020
Dans la catégorie des premiers longs atypiques (et qui ne sont pas totalement des premiers essais... on s'explique juste après), Pompéi se pose bien-là, lui qui n'a - heureusement - strictement rien à voir avec la bouse numérique éponyme de Paul WS Anderson, ni même avec la célèbre cité italienne (sauf peut-être la tragédie de ses terres désolées).
À la fois premier passage derrière la caméra d'Anna Falguères, mais le troisième de John Shanks, la péloche invoque autant le teen movie romantique à forte tendance apocalyptique que le drame mélantico-contemplatif (le tout avec un ancrage très américain, jusque dans les noms des personnages), sans forcément réussir à aborder avec énergie ni l'un ni l'autre, se contentant de jouer la carte de l'errance sévèrement voyeuriste sur le désir adolescent, sans liant ni même une quelconque puissance psychologique.
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Une poignée de personnages face auxquels toute empathie est quasiment tuée dans l'oeuf, la faute à une écriture morne (doublé d'une interprétation générale laissant un peu à désirer) et des dialogues faisandés (un comble alors qu'ils sont peu nombreux), brûlant sous le soleil aride du désert qui lui sert de cadre, et jouant gentiment avec notre patience.
Pourtant, les belles intentions sont là (croquer une aventure sur une humanité qui résiste), et on pourrait presque se prendre de passion pour la petite bande de Victor (Aliocha Schneider, pas convaincant ni même charismatique pour un sou), une errance bande étrange catapulté dans un univers désolé, dont le quotidien va être brusquer avec l'arrivée de la jolie Bille (Garance Marrilier, solaire)... presque.
Le souci est qu'il ne se passe pas grand chose devant la caméra, un ennui languissant et écrasant vécu par des protagonistes dont on ne sait pas grand chose - voire rien -, et qui le partage avec leur auditoire de manière presque macabre.
Une balade à l'énergie sexuelle refoulée d'une opacité et d'une monotonie irritantes/épuisantes dont les parallèles il est vrai avec la vraie citée de Pompéi, s'avère sans doute ce qu'il y a de plus fascinant à déceler, tant les cinéastes brouillent intelligemment toute indication géographique et temporelle, pour catapulter tout son petit monde dans des terres désolées, à la recherche du passé mais aussi des rapports à la chair; la petite mort pour tromper un silence de mort, et la tragédie d'un monde qui l'est tout autant.
Et c'est sans doute là que la vraie valeur de ce premier long réside : l'appropriation/régurgitation de son amour pour le style Antonionien, ces merveilleux paysages vides servant de symboles formidables, filmant le désert comme une entité aussi belle qu'inquiétante, miroir criant de vérité sur la condition humaine autant que sur la toute puissance d'une nature indomptable.
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Sans la maestria ni l'approche du maître italien, le tandem Falguères/Shanks à au moins pour lui le talentueux Florian Berruti, dont les images somptueuses, nourrissent le cadre d'une mélancolie palpable et cache la pauvreté et le vide de l'histoire.
C'est sans doute peu, trop peu malheureusement, quelques gouttes d'eau dans un océan de mystère et de négligence scénaristique, pour rendre cette expérience temporel sur la résistance si ce n'est immanquable, un tant soit peu mémorable.
Jonathan Chevrier