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[CRITIQUE] : Mortal


Réalisateur : André Øvredal
Acteurs : Nat Wolff, Iben Akerlie, Priyanka Bose,...
Distributeur : Wild Side Vidéo
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Norvégien, Américain, Britannique.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Eric, un jeune américano-norvégien, s'est réfugié, seul, au cœur de la forêt, après avoir causé l'incendie d'une ferme, tuant 5 personnes, puis provoqué la mort accidentelle d’une sixième personne. Arrêté par la police, il rencontre une psychologue, Christine, qui semble pouvoir l'aider. Ensemble, ils découvrent vite qu’Eric a en réalité des pouvoirs surnaturels, qu'il ne maîtrise pas…




Critique :



On avait laissé le talentueux norvégien André Øvredal, papa du très réussi et old school The Jane Doe Identity, l'été dernier avec le plutôt étonnant Scary Stories, petite bande horrifique gentiment dans les clous du PG (malgré un potentiel fou pour être du rated R bien dark), qui transpirait une épouvante " à l'ancienne " (à la filiation à peine masquée avec Les Contes de la Crypte), via un cauchemar sur pellicule profondément sombre et baroque.
Une pige plus tard, le voilà de retour - et sur ses terres -, directement par la petite porte des bacs et de la VOD avec Mortal, nouvelle plongée dans la mythologie scandinave après son buzzé - on se demande encore pourquoi - et ennuyeux The Troll Hunter, ou il s'attaque rien de moins qu'au mythe de Thor, popularisé avec plus ou moins de réussite par le MCU depuis près d'une décennie maintenant (2 premiers opus difficilement défendable mais un troisième fun, et un Chris Hemsworth qui en impose).


Bonne nouvelle, résolument plus réussi que son aîné (ce n'était pas si compliqué, au fond), la péloche croque une vision sombre et prosaïque du mythe nordique, ou un américano-norvégien mélancolique et à la lisière du vagabond boudeur (Nat Wolff), découvre la singularité de son héritage venu du froid : des pouvoirs surnaturels qu'il ne maîtrise absolument pas, et qui cause plus d'une victime sur son passage.
Plutôt rustre dans sa caractérisation, voire même un tantinet patriotique (les norvégiens sont culturellement sensibles et compréhensifs, et prone l'acception là ou les américains, face à l'inconnu et/ou l'incompréhensible, dégaine les cartes de l'intolérance et de la violence pure pour détruire ce qu'ils ne peuvent ni posséder ni contrôler), Mortal ne fait pas dans la dentelle et ne s'embarasse pas du superflu.
Rythmé un brin à la truelle, sans véritable compassion pour son héros titre - ni même son potentiel love interest -, le film mise tout sur une action prenante, aux SFX plus qu'impressionnant vu ses moyens limités (Øvredal à toujours su transformer le plomb en or et négocier ses ambitions avec des budgets riquiquis, et ici il y arrive avec une maîtrise admirable), mais surtout sur un sens du cadre imparable (quelques éclairs de créativité dans sa mise en scène, qui trompe joliment la monotonie de son ton dramatique) porté par un décorum pittoresque réellement somptueux (les terres à la fois bouillante et glaciale, de la Norvège), et un sérieux inébranlable.



Révélant progressivement l'histoire des origines de son protagoniste principal en les ancrant habilement dans le réalisme de la Norvège contemporaine, tout en s'appuyant sur des performances impliquées et naturalistes, Mortal n'est pas un divertissement facile (et il ne se facilite clairement pas la tâche pour l'être non plus), mais il a le mérite d'être une exploration inhabituelle du genre super-héroïque et même des récits mythologiques, qui surprend par son audace même si avec plus de rigueur, il aurait pu viser bien, bien plus haut que son statut d'honnête série B, parfaite pour une soirée sans séance.


Jonathan Chevrier