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[CRITIQUE] : Le Goût de la haine


Réalisateur : Jan Komasa
Acteurs : Maciej Musialowski, Vanessa Aleksander, Danuta Stenka,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Polonais.
Durée : 2h16min.

Synopsis :
En travaillant dans l'univers de la diffamation sur les réseaux sociaux, un jeune homme sans scrupules apprend vite les conséquences bien réelles du vitriol virtuel.




Critique :



Tomasz vient de nulle part mais entend bien accéder au plus haut – y compris lorsqu’il s’agit de séduire une fille à tout prix. Fraîchement viré de son université pour plagiat, il cache sa situation à tout le monde lorsqu’il rencontre la directrice d’une agence de communication véreuse. Son objectif est désormais de diffamer les ennemis de ses clients, même si cela implique d’y perdre son âme.
Nous avons, en France, à peine eu le temps de nous remettre de La Communion (nommé au l’Oscar du meilleur film étranger et y représentant fièrement la Pologne) que Jan Komasa revient déjà, en toute discrétion, sur Netflix. Il retrouve, à l’instar de son dernier film, un pays brulant, en proie à ses contradictions, ses désirs et ses démons. Tomasz, le personnage principal du Goût de la haine, incarne bien tout cela puisqu’il est très interchangeable, opportuniste et obsédé par sa réussite. D’abord étudiant en droit, il vit dans un dortoir dans lequel l’extrême droite règne, comme son colocataire, manifestant nationaliste. Ses études sont financées par une famille bien plus riche, se désolant de cette mouvance, à la façon des bobos que l’on retrouve aussi en France. Dans cette représentation d’un panel sociétal, Tomasz est à la fois écartelé et indépendant puisqu’il ne sert, dans cette confrontation, que ses propres intérêts, quitte à perdre tout le monde en chemin.



Copyright Netflix

D’abord objet de curiosité (on se demande bien où va nous amener cet étrange garçon), Le Goût de la haine se transforme progressivement en un thriller bien ficelé, à base de coups bas les plus sournois les uns que les autres. La grande force du film est de pousser, quitte que coûte, l’identification au protagoniste. Dès lors, le suspens naît naturellement et le récit devient fluide, se reposant sur ce point d’ancrage, impliquant un spectateur à son tour retranché devant le terrible spectacle. Le Gout de la haine brosse et observe un bon nombre d’éléments de la société polonaise ; de la jeunesse dorée mélancolique qui se perd dans la consommation de drogue au tabou de l’homosexualité, encore bien trop inacceptée dans le pays. Le film, comme son portrait de la Pologne, est une cocotte-minute qui bout jusqu’à atteindre son point de non-retour, à la fois horrible et salvateur, à l’image de l’oeuvre qui joue sans cesse entre demi-teinte et radicalité.
Il est néanmoins dommage que le film perde, dans ses dernières minutes, la saveur de sa cuisson, peut-être à cause d’une légère longueur, presque imperceptible mais qui alourdi le tout. Mais ce n’est rien face au voyage brulant proposé précédemment. L’arrivée de Jan Komasa sur les écrans français se doit de faire autant de bruit qu’il ambitionne puisque le cinéaste s’impose comme un metteur en scène hors-pair, intégrant ici à merveille la représentation du numérique à l’écran. Le Goût de la haine ne recule, comme son personnage principal, devant rien et s’impose avec force dans le paysage cinématographique actuel.


Manon Franken



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