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[CRITIQUE] : USS Greyhound - La bataille de l’Atlantique


Réalisateur : Aaron Schneider
Avec : Tom Hanks, Stephen Graham, Elisabeth Shue,...
Distributeur : Apple TV + France
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Guerre.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Durant la Seconde Guerre mondiale, un militaire de la Navy commande le Greyhound.




Critique :



Covid-19 oblige, il y a tout de même quelque chose d'assez frustrant à l'idée de se dire que les deux derniers passages devant une caméra de l'immense Tom Hanks, n'ont pas eu les honneurs d'une sortie dans les salles obscures hexagonales, preuve qu'au-delà de la pandémie mondiale, il y a véritablement une couille dans le pâté de la distribution actuelle.
Tout au long de sa carrière, l'éternel Forrest Gump a bâti son aura géniale en campant des hommes ordinaires - et donc furieusement empathiques - placé dans des situations contraignantes proprement extraordinaires : l'espace (Apollo 13), la Seconde guerre mondiale (Il faut sauver le soldat Ryan), une île déserte après un crash d'avion (Seul au Monde), un réfugié politique obligé de s'installer dans le terminal d'un aéroport (Le Terminal), ou même un commandant aux prises avec des pirates somaliens (Captain Phillips).


Copyright Apple TV+

Et sa partition en tant que commandant de la Marine américaine Ernest Krause, dans le buzzé Greyhound d'Aaron Schneider, payé un pont d'or par Apple pour le distribuer sur sa plateforme - 70 millions de dollars -, ne déroge absolument pas à cette règle.
Adaptation du roman de CS Forrester The Good Shepherd, et avec Hanks himself au scénario, la péloche ne s'embarrasse pas du superflu et envoie méchamment du petit bois en tant que thriller de guerre musclé et sincère, qui ne cherche jamais à surprendre son auditoire, au risque de le laisser passablement sur sa fin par son manque de profondeur et de dramaturgie.
Ne perdant pas de temps pour nous plonger au coeur de la bataille (on voit très vite l'USS Greyhound affronter un sous-marin allemand), et n'ayant pas peur d'abreuver ses dialogues d'une bonne grosse cuillère de jargon naval, Greyhound vogue toujours vers un horizon familier, vissé à coup de gros plan sur le visage marqué de Hanks, regardant une mer en CGI sévèrement tumultueuse, en se demandant quelle pièce il allait jouer dans un immense jeu d'échecs en haute mer.
Montrant les réalités/tuiles quotidiennes auxquelles sont confrontés les soldats (entre pénuries de carburants, collisions potentielles et équipements défectueux), dans une sorte d'immersion à bord d'un navire de guerre assiégé (qui peine à incarner un personnage de l'histoire à part entière, même si ses entrailles fera transpirer plus d'un claustrophobe), Schneider, s'il donne graphiquement vie aux combats qui émaillent son récit - très vidéoludique - tout en étant même étonnamment didactique (l'intrigue est parsemée de révélations de détails sur la Seconde Guerre mondiale), peine en revanche d'une manière totalement paradoxale, à injecter dans son oeuvre une ambiance palpable et excitante, mais surtout une vraie humanité.



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Au-delà d'un Tom Hanks impérial (même si son Krause est un brin écrit à la truelle, dont les confits intérieurs, vitaux au coeur du récit, ne sont pas totalement retranscrits avec justesse et empêche une certaine empathie face à temps d'impénétrabilité), la bande aligne les personnages à la pelle - qui apparaissent parfois aussi vite qu'ils disparaissent -, sans qu'aucun ne s'inscrivent de manière significative à l'écran, excepté peut-être Stephen Graham, dont le rôle de bras droit de Krause, est le seul à avoir un peu de mou pour respirer.
Tranche sincère et respectueuse de l'histoire navale américaine de la Seconde Guerre mondiale, aussi instructive et musclé dans son action, que rarement dynamique et manquant cruellement de dimension et d'humanité dans son fond et sa forme; Greyhound n'en reste pas moins un thriller authentique, dépouillée et divertissant (et même un chouïa claustrophobique), qui fait son office sans trembler sur un tout petit peu plus d'une heure et demie.
Mais de là à justifier un immense coût pour sa distribution...


Jonathan Chevrier


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