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[CRITIQUE] : Slow Machine


Réalisateur : Paul Felten et Joe Denardo
Acteurs : Stephanie Hayes, Chloë Sevigny, Scott Shepherd,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h15min.

Synopsis :
Stephanie, notre héroïne, est une actrice résidant dans le New York d'aujourd'hui. C'est une personne vibrante et tourmentée pour qui chaque rencontre contient la promesse d'un potentiel changement de vie. Professionnellement, Stephanie traverse un passage à vide, comme en connaissent régulièrement la plupart des artistes. Apparaît alors Gerard, un expert dans la lutte anti-terroriste de la police new-yorkaise, passionné de petites productions théâtrales et probablement fou. Les deux entretiennent une amourette malsaine qui n'aboutit à... rien. Stephanie doit rompre, rapidement. Elle s'enfuit vers le nord avec Jim, un homme un peu louche qui possède un van et qui se trouve être l'ingénieur son du groupe de musique d'Eleanor Friedberger. Le groupe enregistre un disque dans une maison délabrée. Stephanie reste là, écoute, repousse les avances de Jim et essaie de tenir le coup. Elle finit par craquer et retourne en ville, obligée de faire face aux conséquences de sa rencontre avec Gérard.


Critique :


Tissant une structure narrative esthétique et linéaire, infusée d'un esprit résolument grunge, les réalisateurs Joe Denardo et Paul Felten créent avec Slow Machine, un thriller gentiment bancal mais élégant, une pièce absorbante qui capture un sens de l'intrigue macabre, mais qui ne parvient finalement jamais vraiment à se concentrer et à rendre palpable ce qu'il essaie de nous conter.
Il y a pourtant un merveilleux sentiment d'indépendance à la vision de Slow Machine, à la fois dans l'interprétation fantastique et habitée de l'artiste-interprète Stephanie Hayes, que dans son style visuel crasseux, obtenu grâce au grain attrayant d'un tournage en 16 mm.


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Si le goût de Felten et Denardo pour un dialogue artificiel et rapide, et une volonté de pousser son auditoire à la réflexion (que ce soit la relation contre nature et macabre de Stephanie et Gerard, ou la profession de celui-ci, induisant les limites de la vie privée), jamais le film, malgré un travail de fond thématique certain, ne parvient à rendre palpable ce qu'il aborde, quand il n'en vient pas parfois, à se perdre dans des séquences totalement inutiles; un comble vu sa durée on ne peut plus ramassée (pour preuve celle impliquant Chloé, une audition qui tente timidement de susciter une quelconque fracture du quatrième mur).
Typique d’une approche artistique et croisée du thriller, la péloche rejette avec plus ou moins de finesse les notions d’une définition générique traditionnelle, optant plutôt pour un mélange des genres pas toujours maîtrisé mais plutôt salutaire, comme un penchant prononcé pour un humour gentiment étrange (et même vraiment noir parfois, dans sa théorisation plurielle sur la vie et la mort), mais aussi une poésie visuelle étonnante, prêchée par une interprétation générale libre.


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Dommage alors, qu'il ne fait que survoler son histoire et ses thèmes, qu'il n'offre aucune consistance à ses seconds couteaux - tous fades -, qu'il surcharge sa besace de détournements futiles ou qu'il laisse trop souvent pointer son fétichisme et sa suffisance (archétype du premier film de wannabes cinéastes qui se rêvent plus malins qu'ils ne le sont), car Slow Machine à en son coeur, une vérité intime fondamentale et attrayante qui aurait mérité un meilleur écrin.
Une oeuvre confuse, qui déborde souvent de prétention, mais qui, à son meilleur, arrive parfois à tutoyer les limites du si codifié thriller, bien aidée par son héroïne, qui a tout pour être LA révélation de cette neuvième édition du Champs-Elysées Films Festival...


Jonathan Chevrier