[CRITIQUE] : Sergio
Réalisateur : Greg Barker
Acteurs : Wagner Moura, Ana de Armas, Brian F. O'Byrne, Bradley Whitford,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Après l’invasion de l’Iraq par les Etats-Unis, le diplomate de l’ONU Sergio Vieira de Mello est confronté à la mission la plus périlleuse de sa carrière.
Critique :
Dans la veine (en moins urgent) de L'Année de tous les Dangers et sublimé par un couple Wagner Moura/Ana de Armas charismatique à souhait, #Sergio incarne un solide, audacieux et prenant biopic, une oeuvre didactique qui croit avec ferveur aux héros réalistes et aux grands idéaux pic.twitter.com/CRfjNFC7iJ— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) April 17, 2020
Passé de l'un des criminels les plus imposants de l'histoire à une légende diplomatique, véritable super-héros de la vie réelle - toujours sur Netflix d'ailleurs -, est décemment un grand écart que n'a aucun mal à faire le mésestimé Wagner Moura, lui qui sous la houlette de Greg Barker - connu pour ses solides documentaires sur la politique et la guerre contre le terrorisme - devient donc Sergio Vieira de Mello, la parfaite antithèse de Pablo Escobar; au coeur d'un biopic fascinant sur une personnalité et un parcours qui le sont tout autant.
Adaptation du documentaire éponyme déjà mis en boîte par Barker, s'échinant tout du long à ne pas jouer la carte du biopic béat et subjectif, incarne une de ces péloches rares à la Un Américain bien Tranquille ou L'Année de Tous les Dangers, qui arrivent à faire coexister un véritable souci de la géopolitique, une romance jamais ampoulée et un pur esprit de plaisir cinématographique " à l'ancienne "; avec une structure solide s'appuyant constamment sur la puissance de son propos et son ambiance - souvent urgente -, pour ne jamais larguer son auditoire, même totalement étrangère à son sujet.
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Sans tambour ni trompettes mais avec une férocité séduisante, ce portrait du diplomate influent des Nations Unies Sergio Vieira de Mello, accusé d'être un «drogué de la crise» (il a squatté les points chauds et les zones de guerre où il a utilisé son charme et ses compétences de négociation pour sauver de nombreuses vies), s'articule autour de l'invasion de l'Irak par l'armée Américaine en 2003, plaçant les Nations Unies dans une position on ne peut plus délicate.
Vieira de Mello (mentionné tout au long du film par son prénom) a insisté sur le fait que sa mission était de faciliter de nouvelles élections et le retour rapide à la souveraineté irakienne, et non de permettre une longue occupation américaine.
Le hic c'est que ce qu'il espérait n'être qu'une mission de quatre mois, va vite se transformer en ultime job quand son quartier général à Bagdad, fut attaqué par un kamikaze; lui et l'expert en matière de réfugiés Gil Loescher seront piégés vivants dans les décombres.
Placé au présent mais bourré jusqu'à la poire de flashbacks clés visant à cimenter la réputation du diplomate en tant que réparateur idéaliste de certains des conflits les plus délicats du monde (des passages qui testent son courage et sa volonté au Cambodge, au Timor oriental, en Indonésie et en Irak), le récit suit surtout au final, son affectation au Timor oriental, où il a aidé à négocier la paix entre l'Indonésie (qui occupait la région depuis des décennies), et les factions militantes Timoraise luttant pour l'indépendance; le tout en tombant in love de Carolina Larriera, également membre du personnel de l'ONU - Elle était conseillère économique - et engagée dans ses propres efforts pour soutenir la population locale.
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Taillant parfois dans le gras de la vérité sous certains aspects (l'intimité de son héros, le traitement du personnage de Gil Loescher), mais se payant quelques envolées dramatiques incroyablement poignantes - sans tomber dans le piège de la vulnérabilité facile -, sublimées par la prestance magnétique de ses comédiens (Wagner Moura et Ana de Armas, dont l'alchimie à l'écran est indéniable, et qui partagent pour la seconde fois l'affiche cette année après le mitigé Cuban Network); Sergio est un solide et audacieux biopic, qui croit avec ferveur aux héros et aux grands idéaux dans un monde contemporain ou ils sont de plus acculés, et il espère intimement que nous sommes capables de porter la même croyance.
Ce qui est sensiblement le cas, car il est difficile de ne pas se passionner en ces temps difficiles, pour le destin fort mais tragique d'un homme (qui n'est ni un saint, ni un pécheur, mais bien juste qu'un homme, entier et fier), qui a toujours placé les droits de l'homme au-dessus de la politique.
Jonathan Chevrier