[FUCKING SERIES] : Les Nouvelles Aventures de Sabrina Partie 3 : Bad Witches

(Critique - avec spoilers - de la saison 3)

En 2017, Netflix annonçait une nouvelle série Sabrina l’apprentie sorcière en développement. Avec à la barre le showrunner Roberto Aguirre-Sacasa (Riverdale), il n’était plus question ici d’un Salem parlant et d’une atmosphère bon enfant, choses qui caractérisaient la teen série des années 90’s, avec Melissa Joan Hart dans le rôle principal. Les nouvelles aventures de Sabrina mélange ce côté adolescent, avec un côté plus macabre.

Image Source: Netflix

Cette nouvelle série donne un background aux sorcières, aux tantes de Sabrina Zelda et Hilda, qui font parties d’un coven sataniste. La première saison tournait autour du choix de Sabrina, qui était perdue entre ses devoirs de sorcières et son besoin de vivre une vie normale. La deuxième, sur la difficulté de combiner les deux, ses deux parties d’elle-même, mi sorcière, mi humaine. Que nous réserve cette troisième saison ?
La dernière fois que nous avons vu Sabrina (toujours interprétée par Kiernan Shipka), elle venait de vaincre Satan lui-même, qui s’avérerait être son véritable père (et non Edward Spellman comme nous l’avions toujours pensé). Après une bataille pour sauver le monde (rien que ça), le petit ami de Sabrina, Nick, se sacrifiait et utilisait son corps comme prison pour le seigneur des Ténèbres. Lilith, s’auto-proclamait reine des Enfers et emmènait avec elle Nick, ou ce qu’il en reste. Sabrina proposait à ses amis, Harvey, Theo et Roz de venir sauver Nick avec elle.

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Au début de cette saison 3, Sabrina a repris le cours de sa vie. Elle joue même les pom pom girl avec Roz, et essaye avec ses tantes de maintenir leur coven qui ne se remet pas de la perte coup sur coup de leur seigneur des Ténèbres, ainsi que de leur maître, le père Blackwood. Ambrose et Prudence sont en cavales pour le retrouver et le tuer. Mais Sabrina prévoit toujours de sauver Nick, ce qu’elle fera dans le premier épisode. Retrouver Nick ne se fera pas sans conséquences, car elle brave encore une fois les règles et emmènent avec elles des mortels. Pour qu’il lui soit restitué, elle doit accepter son rôle de remplaçante de son père Lucifer et devenir la reine des Enfers. Malheureusement, un prince du nom de Caliban veut le trône également. Entre temps, de mystérieux gens du voyage viennent installer une foire à Greendale, des sorciers païens qui vont encore une fois déclencher une apocalypse. Entre temps, l'Église de la Nuit perd peu à peu son pouvoir, Sabrina, Ambroise et ses tantes perdent donc leur magie. Vous l’aurez compris, cette saison 3 n’est pas de tout repos et décide d’entremêler plusieurs récits.

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En soit, le fait que la série décide de jouer sur plusieurs tableaux n’est pas une si mauvais idée, le problème vient du personnage de Sabrina, qui doit aussi jongler avec tous ces récits. Les problèmes rencontrés la concernent de près ou de loin et les autres personnages la pressent à intervenir. On voit donc une Sabrina au bout du rouleau, avec une charge mentale conséquente. Chaque décision qu’elle prend met en porte à faux ses autres proches. Cette dynamique devient assez vite redondante pendant les huit épisodes, où elle aura à chaque fois le droit à une réflexion sur ses actions. L’impact en est alors limité, car à force le spectateur sait que les décisions du personnage principale ne seront jamais bonnes, donnant lieux à plusieurs péripéties. Le côté humain de Sabrina est presque moqué, surtout par Lilith qui ne lui laisse aucun répit. Il faut qu’elle apprenne à fermer son coeur et sa sensibilité pour pouvoir régner correctement sur les Enfers. Problème, le personnage de Sabrina est profondément humain. On ne comprend pas mếme, comment elle peut vouloir régner, quand on connaît son caractère. Cette soif de pouvoir ne se marie pas avec qui elle est, mais la série l’explique par son lien de parenté avec Lucifer. Pratique. Pourtant, elle essaye de sauver aussi ses amis et sa famille. Comme s’il existait deux Sabrina, une faite pour les Enfers, l’autre avec la sensibilité de faire régner la justice et le bon autour d’elle. Mais, elle ne peut pas se scinder en deux (pas encore).

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Il est aussi dommage de voir le personnage de Sabrina être enfermé dans un triangle amoureux. Nick, Caliban, Harvey, qui sera l’heureux élu ? Alors que les deux premières saisons surfaient sur un côté très “girl power”, où Sabrina et ses consoeurs étaient des femmes de pouvoir capable de prendre leur propre décision, il semblerait que cette troisième saison montre à quel point ces sujets n’étaient que superficiels. A part Sabrina, les autres personnages féminins n’ont pas beaucoup d’importance et deviennent des caricatures. Jetant quelques fois une réplique féministe cinglante pour faire “genre”, la saison 3 préfère sexualiser à outrance ses personnages. Pourtant, il est intéressant de voir que le coven perd ses pouvoirs suite à la disparition de Satan. Les sorcières étaient bridées car leur pouvoir venait d’un homme qui essayait de les maîtriser. Au bout de 8 épisodes, Zelda trouvera de nouveaux pouvoirs grâce à Hécate, une sorcière très ancienne. Mais ce récit est plié en dix minutes, laissant le reste de l’épisode l'occasion de montrer la bataille entre les païens et le coven. “Bataille” qui se révèlera très décevante. Cette saison décide de continuer dans l’indécision de Sabrina et la coupe littéralement en deux. Une devient reine des Enfers, l’autre reste à Greendale avec les Spellman. Nous sentons bien évidemment la catastrophe arriver, dans une prochaine saison 4, qui ne brillera pas par sa surprise, ni son originalité.

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Si la première saison promettait de jolies choses avec son atmosphère kitch et macabre assumé, la deuxième saison des Nouvelles aventures de Sabrina nous avait vite montrer les limites de la série. Cette troisième saison ne se renouvelle pas et nous le dit clairement : sous ses airs de série “woke”, montrant des femmes “badass”, elle n’a malheureusement rien à nous raconter.


Laura Enjolvy