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[FUCKING SERIES] : Hunters saison 1 : Joue-la comme Quentin Tarantino


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)



La caractéristique singulière et profondément enthousiasmante de cette époque télévisuelle plus ou moins de pointe, ou la proposition dépasse gentiment les limites de la décence, est que tout peut arriver, VRAIMENT TOUT.
Ce qui est loin d'être un gage de qualité évidemment, même si ce champ de tous les possibles offre un créneau certain pour que quelques propositions improbables et virtuoses (au choix, l'itinéraire d'un prof de chimie frappé par un cancer, qui se transforme en roi de la meth), se taillent leur part du lion au sein du panthéon des plus grands moments de l'histoire du petit écran.
S'il ne bousculera sans doute pas la hiérarchie des meilleurs shows du moment - et encore moins de la décennie -, Hunters produite et diffusée par Amazon Prime, s'inscrit pourtant parfaitement dans cette mouvance de la prime (Prime qui prime... tu l'as) à l'improbable, et de ses créations irrévérencieuses qui assument pleinement leur singularité à une époque où les conventions sont gentiment rejetées... à la télévision tout du moins (mais pas à Hollywood... coucou Disney).

Copyright Christopher Saunders / Amazon Studios

Inspiré par les vrais chasseurs nazis du milieu du 20e siècle et, plus directement, de l'Opération Paperclip (soit le recrutement secret du gouvernement ricain après la seconde guerre mondiale, d'environ 1600 scientifiques allemands, des ingénieurs et techniciens - dont de nombreux anciens nazis -, pour donner au pays de l'Oncle Sam un avantage certain sur les Soviétiques pendant la guerre froide et la fameuse course à l'espace), le show suit une troupe d'individus bien distincts (et hétéroclite, fait rare et important à signaler) se réunissant à la fin des 70's, pour zigouiller en masse du nazis à New-York; et plus directement un jeune gamin juif de Brooklyn, Jonah (Logan Lerman, excellent), qui abandonne ses rêves de grandes études pour dealer de la weed et subvenir aux besoins de sa grand-mère - survivante de l'holocauste -, bientôt liquidé par un nazi revanchard.
Le tout avec Al " Fucking " Pacino en leader/mentor/parrain/don't mess with Michael Antonio Corleone Montana, qui cabotine joyeusement comme le ferait toute légende qui n'a plus rien à prouver et ne désire que s'éclater pour ses ultimes rôles.
À sa vision, le concept qu'elle incarne envoie vraiment pâté (même dans ses gros travers) et transpire tellement la " Tarantino's Touch " qu'il est impossible de ne pas penser au cinéma du bonhomme, et plus directement son dyptique Inglorious Bastards/Django Unchained (voire Grindhouse dans sa création de faux spots) dans sa déclinaison à la décontraction punchy du vigilante flick, ou tuer du nazillon est un sport so cool à la violence clinique et stylisée.

Copyright Christopher Saunders / Amazon Studios

The Americans (en moins grandiose, la comparaison est modérée) ou Munich (en moins grandiose, la comparaison est modérée bis) sauce film d'exploitation respectant tous les codes en vigueurs, entre le thriller nerveux, la comédie potache et le drama à l'émotion sincère, le show de David Weil (dont c'est la première vraie création d'envergure) épouse tout du long un esprit cartoonesque tout droit sortie d'une bande dessinée, un ton unique auquel s'ajoute quelques saillies moralistes sauvages qui nous ramèneraient presque à l'époque bénie des prods Cannon et des Bronsonneries/Norrisseries aiguës de son catalogue, avec infiniment plus de finesse d'écriture (ou plus d'écriture, tout court).
Fun autant qu'elle ne brosse pas son auditoire dans le sens du poil avec un ton résolument inhabituel et des séquences chocs (notamment quelques flashbacks réalistes sur l'Holocauste qui sont troublants dans leur représentation), la série pousse le bouchon à l'extrême sur tous les niveaux (quitte à de facto, laisser pointer ses défauts certains, dont une écriture sensiblement fragile et croulant sous les références diverses et pas toujours bien digérées), croque ses personnages un chouïa à la truelle (ils ne sont pas tous totalement dessinés en vue, peut-être, de leur offrir un développement plus poussé via une ou plusieurs saisons supplémentaires... peut-être) et démontre par A + B que le fin - ici la vengeance pure, dure et un brin zélée - justifie toujours les moyens (ah, la beauté de la loi du talion...).

Copyright Christopher Saunders / Amazon Studios

Assez indescriptible (parce que volontairement foutraque) et audacieuse, visuellement ostentatoire dans son New York vivant de la fin des 70's (moins palpable cela dit que celui des 50's de la brillante The Marvelous Mrs. Maisel) et à la sensibilité résolument pulp, Hunters ne marquera pas les mémoires, poussera un brin à l'inconfort (le souci de se servir d'une tragédie humaine et historique majeure comme pivot de son récit) mais ce laissera tout de même binge-watcher sans trop de mal par les amateurs de shows bourrins aussi subtiles qu'un coup de latte dans les valseuses, même si son final saugrenue en calmera plus d'un...


Jonathan Chevrier 





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