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[CRITIQUE] : Les Siffleurs


Réalisateur : Corneliu Porumboiu
Acteurs : Vlad Ivanov, Catrinel Marlon, Rodica Lazar,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Roumain, Français, Allemand.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera, il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…




Critique :


Dans sa grandeur cinématographique, le Festival de Cannes a toujours eu le bon ton de nous servir de thermomètre quand à la bonne santé des cinémas du monde entier... ou tout du moins, d'un maximum possible.
Assez souvent célébré sur la Croisette, la nouvelle vague du septième art roumain n'a pas forcément besoin du rendez-vous number one de chaque année ciné, pour démontrer qu'il est sensiblement en forme, pour preuve le récent et très beau Après la Nuit de Marius Olteanu, sorti bien trop dans l'ombre des gros blockbusters hivernaux le mois dernier.
Un souci que ne devrait pas vraiment rencontré Les Siffleurs de Corneliu Porumboiu - même si les gros mastodontes ricains n'ont toujours pas terminés leurs carrières en salles -, justement passé par Cannes en mai dernier, mais reparti bredouille (caméra d’or pour 12h08 à l’est de Bucarest, Prix Un Certain Regard pour Policier, adjectif et Le Trésor), le jury étant resté in brin insensible à sa proposition radicale... et on les comprend.
S'il creuse sensiblement la même veine du polar noir, autant dans son ton que dans son humour pince-sans-rire, que pour son précédent essai, au moins aussi barré - mais surtout plus réussi -, le nouveau long de Porumboiu laisse méchamment sur sa faim malgré un savoir-faire indéniable dans le burlesque le plus absolu.




On y suit les aléas chaotiques d'un flic plus corrompu tu meurs, Cristi, dont les supérieurs n'attendent que la prochaine bavure pour lui tomber sur la poire.
Mis sur écoute, sa seule solution pour communiquer avec la bande d’un mafieux qu’il doit faire sortir de prison pour récupérer un joli magot, c'est d'échanger avec eux par la force d'une langue sifflée ancestrale native de la Gomera (le titre original du film est d'ailleurs La Gomera), une île des Canaries.
Son plan pourrait marcher comme sur des roulettes s'il ne tombait pas, évidemment, amoureux de la girlfriend du mafieux, Gilda,...
En l'espace de quelques scènes clés épousant les courbes généreuses d'un pitch du tonnerre, la péloche ne peine pas forcément à nous emporter dans une aventure joyeusement frappée du bocal, mais reste que si l'invitation séduit, le voyage lui, envoie nettement moins du pâté sur la durée.
Entre une narration éclatée et WTF-esque (mélange copieux entre présent, flashbacks et flashforwards) et un décalage tellement assumé qu'il n'en a presque rien à faire de larguer tout du long son auditoire, Porumboiu enferme sans forcément le vouloir (quoique...), son film dans l'hermétisme épuisant d'une mauvaise blague jamais vraiment drôle et étirée plus que de raison, dont on ne perçois jamais assez.
S'il maîtrise joliment les codes du film noir (clichés faciles à la clé), notamment via sa belle galerie de personnages haut en couleurs (qui ont tous droits à leurs propres " chapitres ", sans que l'on en sache trop sur eux non plus), le gros délire foutraque et poussif plus ou moins soucieux sur la nature de la condition humaine qu'il veut nous pondre, n'arrive jamais vraiment à surprendre, et encore moins à séduire pleinement, tant il tente trop peu de donner du poids et de la cohérence à la nature dispersée de ses thèmes et obsessions, enveloppés dans un package qui joue avec le genre sans livrer ce qu'il faut de punch et de profondeur, jusqu'à un derniers tiers expéditif et faisant fît de toute cohérence.




On se retrouve alors face à une expérience un brin à part, entre le travail réfléchi et stimulant et une sorte d'impasse mexicaine existentielle, un thriller oblique aussi divertissant et sans (grande) prétention qu'oubliable, et vu le talent du cinéaste, c'est bien dommage...


Jonathan Chevrier 




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