[CRITIQUE] : 6 Underground
Réalisateur : Michael Bay
Acteurs : Ryan Reynolds, Mélanie Laurent, Dave Franco, Ben Hardy, Adria Arjona, Corey Hawkins, Manuel Garcia-Ruflo,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Quel est le meilleur avantage d’être mort ? Ce n’est pas d’échapper à votre patron, à votre ex, ou même d’effacer votre casier judiciaire. Ce qu’il y a de mieux avec la mort ... c’est la liberté. La liberté de lutter contre l'injustice et le mal qui rôdent dans notre monde, sans que rien ni quiconque ne vous arrête.
Six individus, issus des quatre coins du monde, tous, les meilleurs dans leur domaine, ont été choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur désir unique d’effacer leur passé afin de changer l'avenir. La bande est réunie par un leader énigmatique, dont le seul objectif est de s'assurer que tous tomberont dans l’oubli mais que leurs actions, pour sûr, leur survivront.
Critique :
Avec #6Underground, Michael Bay réfrène sa dépendance excessive aux CGI, pour mieux retrouver l'excitation des effets à la dure dans un sommet burné d'apologie du kaboom volontairement régressif, décomplexé et violent, qui annonce la couleur dès une ouverture dantesque. Awesome. pic.twitter.com/9zHI2AmYpy— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 13, 2019
Au-delà de voir Steven Soderbergh, Alfonso Cuaron et Martin Scorsese faire de Netflix leur nouveau terrain de jeu, c'est surtout réaliser que Michael " Fucking " Bay vienne faire en toute liberté, et avec le pognon qui va avec, son apologie du kaboom, qui démontre le changement sismique que subit l'industrie cinématographique depuis quelques temps maintenant.
Il fallait donc se faire à l'idée que le dernier blockbuster pétaradant d'un cinéaste très (trop ? Jamais !) généreux qui conçoit habituellement ses spectacles de destructions massives pour être encaissé et même littéralement subit, dans une salle obscure - avec toutes les évolutions techniques à disposition -, soit découvert gentiment calé dans son fauteuil.
Une fois le deuil passé, il est dès lors de bon ton de consommer 6 Underground pour ce qu'il est : le meilleur actionner décérébré de son cinéaste depuis Bad Boys II, - et sans doute son meilleur film de la décennie avec No Pain No Gain -, pur délice régressif et délirant ou le style hyper agressif du cinéaste fait tout simplement des merveilles.
Monument du chaos entre une violence profondément nihiliste et méchamment gore, un humour sensiblement potache et une action spectaculaire et génialement grossière dans ses effets, gentiment engoncé entre le B movie simpliste et souvent incohérent, et le thriller vigilante à la coolitude totalement assumée, la péloche annonce la couleur dès sa put*** d'ouverture : quinze minutes d'une course poursuite dingue démontrant par A+B combien il ne pouvait être produit que par Netflix et non une major Hollywoodienne qui aurait brillé par sa frilosité.
Filmé comme sur du papier à musique, entre explosions bigger than life, sacrifices sanglants, gags volontairement foureux et montage frénétique, ce premier round est la quintessence de la touche Bay - et sans doute la meilleure scène d'action de l'année -, et la première pierre chaotique (dans le bon sens du terme, malgré une pluie de faux raccords) du joli petit lot de scènes d'action folles et inspirées d'un film qui ne l'est pas moins dans son pastiche séduisant du film d'espionnage.
Scripté avec plus (c'est pas juste con ou méchant) ou moins (manque d'ampleur dans le conflit géo-politique en tête) de complexité par le duo " Deadpool-esque " Rhett Reese et Paul Wernick (un orphelin milliardaire, simule sa mort et lance sa propre team de vigilante pour éliminer tous les salopards de classe mondiale, là ou les limites gouvernementales se contente de jouer les spectateurs impuissants), et emballé avec un serieux rare tant Bay réfrène sa dépendance excessive aux CGI (syndrome Transformers), pour mieux retrouver l'excitation des effets à la dure; 6 Underground, qui peut autant marquer le début d'un nouveau tandem pour le cinéaste (Ryan Reynolds est fait pour son cinéma), que d'une potentielle nouvelle franchise pour lui et Netflix, est un actionner implacable aussi ambitieux et fou qu'il est solidement incarné (Mélanie Laurent est iconisé à mort, Ben Hardy est assez touchant) et un poil plus intelligent que la moyenne, même s'il se complaît parfois dans le ridicule le plus complet.
Il offre même de manière totalement impensable, entre une insouciance certaine sur le réalisme politique moderne, une vision subtile de la notion d'héroïsme, ou l'acte compte bien plus que ceux qui le font (les héros étant ici tous anonymes).
Mettez le son à fond, placez le téléphone sur vibreur et choppez un bon gros paquet de chips : le film est un pur cadeau de noël avant l'heure fait pour prendre son pied, ce serait criminel de ne pas en profiter.
Jonathan Chevrier