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[FUCKING SERIES] : Wu Assassins saison 1 : Grabuge timoré à Chinatown.




(Critique - avec spoilers - de la saison 1)

S’il est vrai qu’on est désormais loin de l’époque où le cinéma était un milieu où on pouvait percer grâce à ses qualités d’artiste martial comme ont pu le faire en leur temps des artistes comme Bruce Lee ou Jackie Chan, il y a un petit gars sensationnel qui a tout le potentiel pour rentabiliser ses talents en baston sur grand écran et devenir une icône : Iko Uwais. Néanmoins, il serait bon pour la pérennité de sa carrière prometteuse d’éviter les projets aussi brinquebalants que la déception Wu Assassins.

Copyright Daniel Power / Netflix


Déniché en Indonésie par le cinéaste prodige Gareth Evans alors qu’il exerce bien loin du grand écran le métier de livreur, il va dès leur première collaboration (Merentau) afficher un charisme tranquille, avec une vraie bonne gueule de gentil héros qu’on suivrait jusqu’au bout du monde sans broncher. Mais surtout, il va impressionner par sa maitrise implacable d’un art martial indonésien jusque-là assez peu connu en occident : le Pencak-Silat. Le caractère hautement cinématographique de cette discipline, associé à la maestria technique de l’acteur et à la réalisation virtuose du cinéaste dans les deux chef d’œuvres The Raid a propulsé Iko Uwais au sommet de la liste des acteurs de films d’action à suivre. Il mène depuis une carrière en dent de scie, naviguant entre navets de science-fiction (Beyond Skyline) et film d’action indonésien très réussi dans la droite lignée de ses succès avec Gareth Evans (The Night Comes for Us). En voyant débarquer sur Netflix une série d’art martiaux dont il tient le rôle principal, on est en droit de se dire que peut être celle-ci saura mettre en valeur ses talents. On aurait pas tord mais presque.
Il est vrai que Wu Assassins compte parmi ses dix épisodes quelques scènes de baston gratifiantes aux chorégraphies parfois extrêmement inspirées, mais celles-ci sont très largement contrebalancées par son histoire stupide beaucoup trop bavarde parfois inutilement alambiquée, multipliant les piètres sous-intrigues et les personnages secondaires insipides. Comme si cela ne suffisait pas, la série se paye aussi le luxe d’être souvent visuellement hideuse, et jamais intéressante en terme de réalisation. Ça a le mérite de démontrer que le talent de l’artiste martial au cinéma n’atteint son plein potentiel que devant la caméra de quelqu’un qui sait comment filmer l’action, ce dont la série manque cruellement. S’il faut admettre que la chorégraphie est souvent impeccable, la caméra ne suit pas vraiment se contentant souvent de filmer l’action sans la transcender. Malgré tout, quand c’est un artiste de la trempe de Iko Uwais qui s’exprime, c’est amplement suffisant pour rendre la scène cool. 


Copyright Daniel Power / Netflix

On sent dans Wu Assassins la volonté d’être plus qu’une œuvre qu’on regarde pour les combats, de prendre le temps de construire sa mythologie en s’axant autour du Wuxing, un concept majeur de la cosmologie chinoise, et de créer autour du héros un réseau de personnages proches de lui qui lui seront indispensables pour accomplir sa quête et toujours là pour lui rappeler son humanité (original, du jamais vu). Sauf que rien ne fonctionne, la volonté de faire quelque-chose c’est bien, la volonté de la faire correctement, c’est mieux. On se torche très rapidement avec la mythologie qui n’est qu’un prétexte à créer des antagonistes sans saveur et justifier des nouvelles règles parfaitement aléatoires tout juste bonne à faire bouger l’intrigue quand ça arrange le scénariste (mention spéciale au climax), et les personnages secondaires sont rentrés au forceps dans le récit principal et ne font rien de plus qu’alourdir l’intrigue sans qu’on comprenne bien ce qu’ils y apportent, jusqu’à la rendre indigeste. Je regarde une série où le destin du monde est en jeu et où des forces cosmiques s’affrontent pour celui-ci, je me fiche pas mal que les parents d’un ami d’enfance du héros trouvent que son restaurant est pas bien agencé. Et quand je dis que le sort du monde est en jeu, je n’en suis absolument pas persuadé puisqu’on ne saura jamais vraiment ce que les cinq éléments du Wu ont fait de si mal pour que le héros doive les éliminer, et en quoi ils s’avèrent être une menace. Il reçoit arbitrairement ses pouvoirs et l’ordre de détruire ces cinq entités et va docilement tenter de s’exécuter. Vive l’obéissance aveugle !
On se moque royalement du destin des personnages, qui en plus d’être faiblement écrit et de souffrir du manque d’enjeu global, sont plutôt mal interprétés par des acteurs à qui le charisme fait souvent défaut. Même Iko Uwais, qui a d’habitude un acting plutôt correct sans être non plus admirable, semble perdu dans les trop nombreuses phases de blabla dramatique vide de sens. 


Copyright Daniel Power / Netflix
 

On regrettera qu’un acteur aussi prometteur échoue dans des productions aussi bancales et vite oubliées. Il n’y a plus qu’à espérer le voir rebondir devant des caméras plus talentueuses. Il aurait tout à fait sa place dans la saga John Wick où un combat avec Keanu Reeves pourrait devenir anthologique, ou bien on peut rêver de la voir ranimer la flamme d’un génie de l’action comme John Woo. En espérant ne pas le voir gaspiller son temps et son énergie avec une deuxième saison de Wu Assassins comme le laisse présager le cliffhanger putassier.

« Le monde a encore besoin du Wu Assassin ». 

En toute franchise, absolument pas.


Kevin



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