[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #53. Cocktail
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#53. Cocktail de Roger Donaldson (1989)
À la différence de bon nombres de jeunes stars Hollywoodiennes de sa génération, et encore plus celles issues du fameux Brat Pack, Tom Cruise a vite su capitaliser sur son joli petit minois de gendre idéal, après que le roi Francis Ford Coppola lui ait offert un tremplin d'exception dans le cultissime The Outsiders : un teen movie à la moralité déviante mais totalement focalisée sur sa personne (Risky Business), un heroïc fantasy visuellement somptueux signé par l'orfèvre Ridley Scott (Legend), avant de porter à bout de bras un actionner aérien chez le petit frère de celui-ci, Tony (Top Gun), puis d'aller jouer les petits génies du billard avec comme figure tutélaire Paul Newman, chez tonton Marty Scorsese (La Couleur de l'Argent).
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On a connu plus maladroit comme début de carrière, et juste avant d'interpréter rien de moins que deux des plus importants rôles de sa jeune carrière - Charlie Babbitt dans Rain Man mais surtout Ron Kovic dans Né un 4 Juillet -, le bonhomme s'était offert une petite bluette bien légère histoire de démontrer qu'il pouvait bien jouer les monsieur-tout-le-monde en dehors des gros hits de grands metteurs en scène.
Un petit écart de conduite qui fait un brin tâche dans sa filmo de l'époque, répondant au doux nom de Cocktail, mis en boîte par Roger Donaldson, et pour lequel le beau Tom se donne corps et âme dans la peau d'un jeune homme américano-irlandais ambitieux, Brian Flanagan, voulant croquer le monde de la finance de la Grosse Pomme à pleine dent, sauf qu'il n'a ni les études ni l'expérience nécessaire pour ne serait-ce qu'espérer se faire un petit trou à Wall Street.
Contraint de revoir ses désirs de grandeurs à la baisse, il se rabattra sur un simple job de barman dans un petit resto-bar à deux pas de là où l'argent du monde entier circule.
Et comme il apprend bien plus vite en faisant virevolter des bouteilles de rhum (le fameux flair bartending) qu'en squattant les bancs de la fac, il va peu à peu devenir, la coqueluche des nuits New-yorkaises, sous la tutelle experte de son mentor aux leçons de vie très spéciales, Douglas « Doug » Coughlin...
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Comédie dramatique pointant gentiment les faux espoirs de l'American Dream tout en en épousant, aussi contradictoire que cela puisse paraître, le même idéal capitaliste et individualiste (il n'y a que l'argent qui compte, pour réussir à vie, et peut importe les moyens pour l'obtenir, quitte à devenir gigolo), s'échinant tout du long à offrir une image férocement rabaissante de la femme (on croise au choix, une arriviste infidèle, une héritière qui se marie pour embêter ses parents, une riche femme d'affaire ne cherchant que des Toy Boy ou encore une jeune fille de " bonne famille " naïve qui pardonne sans trop résister, les frasques de l'homme qu'elle aime), quitte même à sombrer dans une misogynie crasse quand elle laisse parler et agir ses personnages masculins (il faut profiter de la femme comme un objet sexuel où comme une tirelire); Cocktail réussit pourtant dans le même temps, à attirer étonnamment la sympathie en incarnant une divertissante bluette pleinement ancrée dans son époque, grâce notamment à une bande originale férocement au poil (The Beach Boys, Bobby McFerrin, Jimmy Cliff, Leroy Gibbons,...), des scènes de bars entraînantes et un casting au diapason.
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Même si son personnage est difficilement empathique, le trop rare Bryan Brown en impose dans la peau de Doug Coughlin, tandis que la beauté incendiaire de la craquante Elisabeth Shue rend parfaitement la pareil à un Tom Cruise qui joue de son sourire charmeur et de quelques poèmes plutôt bien senties, pour mieux masquer les failles évidentes de son personnage (loin d'être son plus grand rôle, et il le sait tout du long).
Un petit drame sans prétention, pas toujours défendable sur de nombreux points mais qui, sous les sonorités fleurant bon les plages de sables blancs de Kokomo, se laisse regarder avec un certain plaisir et même aujourd'hui, avec une nostalgie certaine.
C'est un peu ça, la magie des 80's...
Jonathan Chevrier