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[CRITIQUE] : Haut les filles


Réalisateur : François Armanet
Avec : Jeanne Added, Jehnny Beth, Lou Doillon, Brigitte Fontaine, Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Imany, Camélia Jordana, Elli Medeiros, Vanessa Paradis, Elisabeth Quin (voix-off)
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 1h19min

Synopsis :
En France, la révolution rock du jour se joue au féminin pluriel. Face aux clichés virils du rap et du rock, les femmes iconoclastes réinventent le corps, le désir, l’apparence, à rebours de tous les codes sur la beauté, le vêtement, la décence, le genre. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Le rock usé, pour renaître, avait besoin d’une mue, de changer de rythme, de peau, de langue, de sexe. Le nouveau commando des filles a pris le pas, la parole, et joue la nouvelle manche. Au micro, sur scène ou dans la vie, dix chanteuses charismatiques tournent les pages de soixante ans de rock français.



Critique :

Présenté à Cannes cette année, au cinéma de la plage, Haut les filles se présentait comme un cri de rage sur la condition féminine dans la musique durant ces soixante dernières années. N’y a-t-il pas un style qui s’est détaché de la misogynie ambiante, pour être utilisé, repris par les femmes et leur donner enfin la voie (et voix) de liberté à laquelle aspirent ces artistes ? Pour le réalisateur François Armanet, c’est par le rock que les femmes ont su se démarquer.
Il est vrai qu’on ne pense pas forcément aux françaises quand on parle de rock. Janis Joplin, Joan Jett, Patti Smith, ... ce sont les anglo-saxonnes qui ont le pouvoir sur notre imagination. Pourtant la France n’était pas en reste et nous a donné une flopée de femmes qui ont su donner de la voix et permettre aux mentalités de changer. De Françoise Hardy et Brigitte Fontaine avant la révolution sexuelle, à Christine and the Queen de nos jours, qui sont ces femmes qui ont su revendiquer une certaine liberté, permettant à d’autres de faire de même (et ainsi de suite) ?


Le réalisateur a choisi, en plus de brosser largement l’histoire de la chanson française, de faire témoigner dix femmes, pour qu’elles confient leur vision de la musique, d’être une femme dans ce métier, leur doute, leur aspiration, etc …. D’horizons, d’âges différents, les témoignages se recoupent parfois : l’envie de faire partie d’une révolution, l’envie de se faire entendre dans ce monde masculin, de bousculer les codes, d’être admirées, regardées ou de pousser un cri du coeur sur scène : d’être unique. Que ce soit le fait de surmonter les divers complexes personnels (Françoise Hardy) ou la célébrité des parents (Lou Doillon et Charlotte Gainsbourg). La découverte de sa voix et le côté libérateur de la scène (Jeanne Added et Jehnny Beth) ou le côté destructeur de la célébrité, surtout quand elle arrive jeune (Vanessa Paradis). L’émergence de la nouvelle génération (Camélia Jordana), de l’importance du féminisme dans la musique et dans la vie (Imany) ou exploiter sa propre sexualité dans la musique (Elli Medeiros), Haut les filles utilise ces confessions et témoignages pour explorer d’une manière large le féminisme, la musique, le genre et la norme.
Pourtant, il est assez paradoxale de faire un documentaire sur le rock féminin, symbole de rébellion féministe tout en étant au final très sage dans la forme. Une voix off (Elisabeth Quin) nous raconte de Edith Piaf à Barbara, en passant par Rita Mitsouko, la musique féminine et son évolution. Des images d’archives, des images de concert ponctuent les témoignages et une certaine forme de réflexion, de pensée pointent le bout de son nez quand on évoque Virginie Despente, Simone de Beauvoir, etc … Mais voilà, c’est là le point faible du film : il ne fait qu’évoquer, ne gratte jamais le vernis sage dans lequel il s’est emmitouflé pour faire le documentaire enragé, sauvage et rock que le sujet méritait.


Haut les filles est donc une déception. Il se voulait une ode aux femmes, au rock français et à la liberté. Il n’est qu’un documentaire sage, avare en émotions et peu enclin à faire vivre les témoignages des chanteuses au lieu de proposer une suite d’image de concert et de clip.


Laura Enjolvy

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