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[CRITIQUE] : Factory

 

Réalisateur : Yuri Bykov
Acteurs : Denis Shvedov, Vladislav Abashin, Andrey Smoluakov,...
Distributeur : Kinovista / Bac Films
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Russe, Français.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Réagissant à la vente frauduleuse de leur usine, plusieurs ouvriers décident d’enlever l’oligarque propriétaire des lieux. Ils sont menés par “Le Gris”, un ancien des forces armées. L’enlèvement tourne à la prise d’otage, et, rapidement, la garde personnelle du patron encercle les lieux.



Critique :


Pas forcément le plus connu des cinéastes russes, Yuri Bykov reste pourtant sans l'ombre d'un doute, l'un des faiseurs les plus habiles et honnêtes du pays des tsars, aux côtés de Zviaguintsev et Serebrennikov (il est le papa des brillants Le Major et l'Idiot).
Un brin dans l'ombre d'une saison estivale où il a, sur le papier, franchement sa place, le bonhomme nous revient avec une péloche fleurant bon le mix improbable mais couillu entre Money Monster et Assaut : Factory, où l'efficacité et la justesse de sa mise en scène fait des ravages.


Burné, on y suit la prise d'otages d'ouvriers désabusés, se retranchant dans leur usine de métallurgie histoire de faire payer à leur patron, son choix de fermer l'entreprise à la suite d'une vente frauduleuse.
Le hic, c'est que dehors, les hommes de l'oligarque préparent l'assaut de l'usine...
Entre le thriller angoissant et le drame social vibrant, Factory fait mouche en visant l'efficacité (enjeux simples, action et personnages sans fioriture, cadre unique férocement cinégénique,...), et croque un réquisitoire puissant et férocement cynique du néolibéralisme et des sociétés capitalistes contemporaines prônant l'individualisme égoïste, et poussant à la révolte l'individu lambda acculé à l'extrême.
Dans la plus pure tradition du polar noir (sans artifices putassiers, c'est assez rare pour être noté), Bykov dresse un portrait sans concession de la Russie d'aujourd'hui et même du monde actuel via un script joliment ficelé (même si un poil prévisible) et haletant, jouant autant avec la montre qu'avec le cœur d'un auditoire totalement acquis à sa cause.


Mieux, il a le bon goût de jouer avec gourmandise la carte de la chronique loquace, appuyant autant une caractérisation des personnages affutée que la mise en perspective de la déliquescence d'un régime russe à l'agonie - entre corruption et capitalisme malade.
Un choix osé (cela touche parfois trop en profondeur le rythme du récit) qui renforce l'impact de Factory, une proposition directe, brutale et jouissivement virile.


Jonathan Chevrier


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