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[FUCKING SERIES] : Aggretsuko saison 2 : Kawai et death metal


(Critique- avec spoilers- de la saison 2)



Nous avions laissé notre panda rousse fan de death metal après une saison 1 qui n’était pas allée de main morte : harcèlement au travail, burn-out, sexisme … Retsuko, jeune employée dans une grande entreprise est le visage d’un mal être profond que ressentent beaucoup d’employés à travers le monde. Cette comédie kawai aigre-douce, basée sur un personnage de la marque Sanrio (marque japonaise de petit personnage mignon comme Hello Kitty), nous a enchanté. Retsuko qui est si mignonne et respectable, se met à screamer sur du death metal quand la pression est trop forte. Drame relationnel, patron misogyne, devoir devenir adulte, tous ces tracas de la vie étaient prétexte à un véritable cri de détresse, à la fois hilarant mais au fond déchirant de réalisme. Notre Aggretsuko (abréviation de Agressive Retsuko, qui est le nom anglais de la série) grandit pendant cette saison 2. Moins de chanson, mais une rage plus ciblée sur la pression de vieillir quand on est une jeune femme. La saison 2 arrive à dépasser le gimmick de basse, qui aurait pu être lassant, pour trouver un rythme idéal entre moment comique et véritable satire sociale. 




Si nous mettons de côté l’animation kawai, Retsuko est un personnage de jeune adulte intégré dans notre société. Nous l’avons laissé dans la saison 1, de nouveau célibataire après avoir quitté son copain, pour prendre soin d’elle. Elle avait appris à ne plus fuir son malheur et reconnaître la tristesse pour pouvoir avancer. Ce n’était que la première étape. Car cette deuxième saison va la pousser sur le chemin du développement personnel. Savoir ce qui la rend heureuse va être un des motifs de la saison. Mais, où Aggretsuko frappe fort pour cette saison, c’est que ses problèmes sont moins égoïstes, ils sont maintenant mêlés à des nouveaux personnages : la maman de Retsuko (qui veut absolu la marier) et un nouveau collègue fraîchement diplômé (incompétent mais imbu de sa personne). Comme d’habitude, la voir se dépatouiller pour les résoudre est à la fois drôle et bouleversant, mais il y a aussi une nouvelle dynamique qui se crée, bienvenue puisque le contre point métalleux disparaît peu à peu.
Retsuko veut toujours quitter son boulot, mais la critique du capitalisme laisse place à des problèmes sociétaux plus spécifique, à savoir : devoir se trouver un mari quand on dépasse les vingt-cinq ans. La mère de Retsuko représente cela. Elle pousse sa fille à des speedating, lui arrange des rendez-vous et trouve des points positif aux mariages arrangés (alors qu’elle a vécu elle-même un mariage d’amour, où elle a choisi l’homme avec qui elle voulait vivre). Cette relation amour/haine montre combien les parents ne sont pas toujours de bons conseils, ni même un idéal à atteindre et que l’amour n’excuse pas tout. Ce personnage représente la pression d'être une femme célibataire, qui a dépassé le quart de siècle. Le but est de se marier vite, avant de vieillir. Mais Retsuko ne sait pas encore si elle veut vraiment se marier ou si elle répond juste à la norme de la société.



La saison 2 est vraiment centrée sur la recherche du bien être de la panda rousse. Elle cherche ce qui peut la sauver du burn-out, de la dépression latente dans laquelle elle s’enfonçait dans la première saison : un but, qui la rendrait heureuse et qui rendrait ses heures de boulot moins compliquées. Un thème dans l’air du temps, quand on sait que la majorité des employés ne se plaisent pas dans leur métier. Alors qu’on s’acharne à nous définir par le métier que l'on fait, il est intéressant de voir qu’une série essaie de démontrer l’inverse. Et si être adulte, c’était de se découper en deux ? L’adulte responsable avec un métier en journée, et une personne différente et passionnée le soir ? Pour les uns, ce sera leur famille, pour les autres, un sport, un art, etc … Retsuko sait que le death metal n’est qu’une soupape de sécurité, un peu immature. C’est un besoin, comme fumer ou boire un verre de vin pour décompresser. Mais ce ne sera jamais une solution en soi. Retsuko va donc sortir encore plus avec ses deux meilleures amies, Washimi et Gori, va passer son permis, va apprendre à avoir ses propres conviction, à se faire confiance et à se créer son propre chemin. 




Pour ce qui est du nouveau collègue, Anai, son personnage est aussi intéressant. Dans la vingtaine, sorti tout droit de l’université, Anai va vite devenir un problème pour notre héroïne, qui est censée le former. Est-ce que la série profite de ce nouveau personnage pour parler des dangers du cyber-harcèlement et faire une critique acerbe de la nouvelle génération masculine ? On dirait bien. Car Anai est incompétent, il ne sait même pas répondre au téléphone, alors que Retsuko lui montre nombres de fois. Alors qu’elle lui fait une petite réflexion, Anai va la harceler par mail, jusqu’à lui faire des menaces. Encore une fois, son travail est source de stress pour la panda rousse, mais ce qui change c’est que ce stress se manifeste partout, même chez elle, car il lui envoie des messages très tard dans la nuit. Elle ne sera pas la seule d’ailleurs, ses collègues qui auront le malheur de lui faire une remarque auront droit aux mêmes messages. Le personnage de Kabae (la pipelette du service comptabilité) va être la seule qui sera le manier, en étant très maternelle envers lui. Elle le prend par la main et lui montre comme à un enfant de quatre ans des choses qu’il devrait savoir faire tout seul. Mais comme tous les personnages de la série, Anai n’est pas qu’un stéréotype (ici le jeune irresponsable). Il va apprendre de ses erreurs et va réussir à s’intégrer, une fois qu’il comprendra que son comportement ne va pas. Mais il est intéressant de voir que le stress chez ce jeune homme se manifeste par du harcèlement, quand à l’heure des réseaux sociaux, nous avons des exemples du cyber-harcèlement tous les jours. 




Avec son format court et son visuel rose bonbon, Aggretsuko reste une série agréable à regarder, drôle et mignonne. Mais cette saison est arrivée à mettre de nouveaux enjeux, qui permettent à la série de dépasser son postulat de base, d'approfondir sa critique de la société et d’apporter de la nuance aux personnages. Qu’est-ce que vous attendez donc pour vous plonger dans l’univers ?


Laura Enjolvy


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