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[CRITIQUE] : Nevada


Réalisateur : Laure de Clermont-Tonnerre
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Américain.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Incarcéré dans une prison du Nevada, Roman n’a plus de contact avec l’extérieur ni avec sa fille... Pour tenter de le sortir de son mutisme et de sa violence, on lui propose d’intégrer un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.



Critique :

Gravé dans le marbre brut des comédiens talentueux, dont le charisme bestial explose à chaque apparition au coeur d'un grand écran pourtant bien trop petit pour ce qu'ils dégagent, Matthias Schoenaerts s'est déjà taillé, en à peine une poignée d'années, une belle part du lion dans la jungle du septième art mondial, par la force de choix intelligents et de prestations d'exception.
Un grand comédien, rien de moins, capable de porter des oeuvres sur son propre nom, et souvent des oeuvres qui n'auraient peut-être pas eu les égards d'une sortie en salles sans sa présence.


En attendant de le retrouver plus tard cette année dans deux films majeurs (The Laundromat de Steven Soderbergh et Une Vie Cachée de Terrence Malick), il nous revient en ces premières heures d'été dans un premier film joliment ambitieux, Nevada de la réalisatrice française Laure de Clermont-Tonnerre, qui n'a pas joué la carte de la facilité pour son premier passage derrière la caméra : un sujet difficile tourné outre-Atlantique au coeur d'un univers carcéral, et le tout en langue anglaise...
Adoubé par la légende Robert Redford - également producteur -, la péloche est une merveille de drame intime, mettant en lumière un processus révolutionnaire : une thérapie animale en prison, et plus directement au contact des difficiles mais majestueux chevaux mustangs, dont la réussite est de plus en plus éclatante.
Fouillé et à la lisière de l'étude documentaire (la cinéaste s'est informé plus que personne sur le sujet, et ça se sent), le film, d'une force et d'une authenticité rare, est tout du long vissé sur l'apprentissage de sa propre humanité du mystérieux Roman, détenu aussi mutique qu'il est violent, qui au contact d'un cheval à son image (solitaire et potentiellement dangereux, tous deux enfermés par l'homme), va vaincre sa solitude et changer, pour le mieux, en calmant son impulsivité et ses démons intérieurs.
Dans un système inhumain qui broye tous ceux qui y sont catapultés, Laure de Clermont-Tonnerre sculpte la rencontre puis la complicité de deux âmes miroirs qui vont s'apprivoiser, avec patiente et respect dans le silence et le langage du corps, et reprendre (un peu) goût à la vie pour mieux apercevoir les petites touches de poésie qui peuvent naître dans les griffes acérées d'un monde brutal.


Tout en intériorité, Schoenaerts donne de la puissance et de la prestance à Nevada, fable initiatique formidable, visuellement majestueuse (des paysages incroyables, captés avec aplomb par la cinéaste), d'une radicalité et d'une sincérité bouleversante, pointant du doigt la difficulté de réinsertion et de réhabilitation, des détenus.
Un beau et grand drame humain, riche en émotions et joliment porteur d'espoir, dont on ressort aussi lessivé que profondément conquis.


Jonathan Chevrier

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