[CRITIQUE] : Charlotte a 17 ans
Réalisateur : Sophie Lorain
Acteurs : Marguerite Bouchard, Romane Denis, Rose Adam,...
Distributeur : Les Valseurs
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Une quinquagénaire surinvestie dans l'humanitaire est mise en concurrence dans le centre social où elle travaille. Elle va alors embarquer ses élèves en cours d'alphabétisation, avec l'aide d'un moniteur passablement foireux, sur le hasardeux chemin du code de la route.
Critique :
Dans un noir et blanc élégant, totalement dominé par la prestation habitée d'une Marguerite Bouchard absolument parfaite,#Charlottea17ans incarne une pépite de récit initiatique enlevée, irrévérencieux et follement empathique, traitant avec pertinence du dur sujet du slut-shaming pic.twitter.com/k3lTPLPfvR— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 12 juin 2019
Les chroniques adolescentes sur le dur passage de l'enfance vers la vie adulte, qu'elles soient au féminin ou au masculin, trouvent de plus en plus leur chemin dans nos salles obscures (même si certaines y sont honteusement privées, comme le tout récent Booksmart d'Olivia Wilde, cantonné à Netflix), et c'est une aubaine pour les amateurs du genre, surtout quand celles-ci sont croqués avec un minimum de coeur et d'application, sans pour autant dénigrer un humour gentiment regressif - voire à la limite du potache.
Répondant parfaitement à cette définition, le bien nommé Charlotte a 17 ans de Sophie Lorain (Les Grandes Chaleurs) capte avec une justesse louable, les vicissitudes de cet entre-deux âge à travers le prisme d'une jeune héroïne attachante dans sa volonté de bouffer la vie par les deux bouts, de grandir et de tout connaître le plus rapidement possible.
Sans avoir à trop forcer le trait, on se prend de passion pour cette gamine pas encore tout à fait femme, déstabilisée par une rupture difficile et qui, pendant un temps, sera persuadée qu'elle ne s'en remettra jamais.
On se reconnaît en elle, dans sa manière de trébucher, de pleurer un amour définitivement mort à coup de musiques déprimantes, avant de relever la tête, de goûter aux pulsions évidentes de l'adolescence et donc, inéluctablement, aux joies de la chair et des conquêtes multiples, des histoires sans lendemain qui sont banalisés chez l'homme, mais incompréhensiblement - et trop facilement - rattachées à un comportement sexuel hors-norme chez la femme.
Et c'est là que le film de la cinéaste canadienne prend toute son ampleur : aborder le sujet difficile du slut-shaming au sein d'un teen movie initiatique savoureusement irrévérencieux (et à la lisière du film de potes au féminin vraiment sympa), sur une jeune femme voulant pleinement jouir de sa liberté quitte à être dûrement confrontée au regard des autres et aux limites abusives de la société contemporaine.
Dans un noir et blanc d'une élégance certaine, totalement dominé par la prestation habitée et rafraîchissante d'une Marguerite Bouchard absolument parfaite, Charlotte a 17 ans est une merveille de comédie enlevée, cynique, féministe et follement empathique, qui vaut décemment son pesant de popcorn et la petite heure trente d'attention qu'on voudra bien lui porter.
Jonathan Chevrier