[CRITIQUE] : Séduis-moi si tu peux
Réalisateur : Jonathan Levine
Acteurs : Charlize Theron, Seth Rogen, O'Shea Jackson Jr., Alexander Skarsgard, Bob Odenkirk,...
Distributeur : SND
Budget :-
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min
Synopsis :
Fred, un journaliste au chômage, a été embauché pour écrire les discours de campagne de Charlotte Field, en course pour devenir la prochaine présidente des Etats-Unis et qui n’est autre... que son ancienne baby-sitter ! Avec son allure débraillée, son humour et son franc-parler, Fred fait tâche dans l’entourage ultra codifié de Charlotte. Tout les sépare et pourtant leur complicité est évidente. Mais une femme promise à un si grand avenir peut-elle se laisser séduire par un homme maladroit et touchant ?
Critique :
Satire politique avisée autant que romcom rafraîchissante et touchante, #SéduisMoiSiTuPeux, pas dénué de quelques longueurs, n'en est pas moins un délice de comédie cynique, féministe et savoureusement dans l'air du temps, bâtie sur le tempo séduisant de ses 2 comédiens impliqués pic.twitter.com/lVHHhNofcz— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 13 mai 2019
Ce qu'il y a de franchement génial dans la carrière du délirant Seth Rogen c'est que, au-delà d'une propension à vouloir faire rire de tout, même du plus improbable (une orgie sexuello-culinaire, fallait osé), le bonhomme n'a jamais renié d'un iota son humour furieusement potache mais attachant, en bon héritier/disciple de la méthode Apatow qu'il est.
Impossible d'ailleurs, de ne pas voir de belles similitudes entre son nouveau long-métrage en tant que comédien, Séduis-moi si tu peux aka Long Shot en VO (titre bien, bien meileur et plus en adéquation avec le pitch), et nombreuses comédies produite par le cinéaste et qui l'ont rendu célèbre au cours des années 2000, ce qui était également le cas de la précédente réalisation de Jonathan Levine, dans laquelle il figurait déjà - l'excellent The Night Before.
Voyez plutôt : un mec assez gauche, sorte d'ogre bourru un brin paresseux et accro à la weed, qui tente de séduire une belle blonde - ici la sublime Charlize Theron - à la carrière accomplit : so En Cloque Mode d'Emploi, à l'exception près qu'ici, le concept d'une love story façon " la Belle et la Bête " est gentiment upgrader pour ne pas seulement faire rire en masse son auditoire.
Long Shot donc, ou l'histoire d'un journaliste assez grande gueule et frondeur, Fred Flarsky, qui se retrouve du jour au lendemain suite à sa démission (et une rencontre fortuite et rocambolesque à un concert privé des Boyz II Men), à devoir écrire les discours de la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Charlotte Field, une candidate sérieuse à la présidence des Etats-Unis, et qui se trouve accessoirement être son ancienne baby-sitter...
Mais ce qui part comme une potentielle comédie romantique un poil régressive - les gags, parfois extrêmes, sont légion -, se dirige pourtant doucement mais sûrement vers une chronique prenante sur deux marginaux attachants - même dans leurs contradictions - et aux opinions bien arrêtés, qui peinent à trouver leur place dans un univers affreusement cynique, autant qu'une vraie étude moderne sur notre société à la limite de l'abject.
Une satire politico-sociale avisée, abordant sans la moindre démagogie ni même la moindre complaisance, une pluie de thèmes d'actualités : une presse en souffrance, le changement de rapport de force dans les relations homme/femme, un engagement écologique à l'agonie, la difficulté d'une femme à faire carrière dans les hautes sphères de la politique - mais pas que -, la catastrophe de la politique spectacle et sans fond de Trump (ici plus ou moins incarné par un Bob Odenkirk on fire dans la peau d'un ex-comédien arriviste égocentrique se pensant légitime),...
Le tout avec une finesse d'écriture rare, faisant fit de sa prévisibilité (on sait comment cela va se terminer, mais c'est bel et bien le voyage qui nous y amène, qui importe) et s'amusant gentiment des codes du genre pour mieux les réactualiser à sa guise (mais pas trop non plus), tout en se voyant constamment appuyer par une mise en scène réellement au diapason, là ou elle est souvent relegué au strict minimum pour une romcom lambda.
Une bonne romcom maline et qui fait vraiment du bien, tout simplement.
Jonathan Chevrier