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[CRITIQUE] : Le Jeune Ahmed

 

Réalisateur : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Acteurs : Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Français.
Durée : 1h24min.

Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2019
En Belgique, aujourd’hui, le destin du Jeune Ahmed, 13 ans, pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.



Critique :


C'est une certitude, même si leur longs ne sont pas toujours des millésimes à la qualité indiscutable, les frères Dardenne auront toujours leur petite invitation au sein de la compétition officielle du Festival de Cannes : la Croisette, c'est leur seconde maison et rien ou presque ne changera ça (depuis 96 et La Promesse, ils n'ont plus quittés les sélections), tant les vieilles habitudes ont la peau dur, et encore plus dans ce qui est considéré comme LA vraie maison du cinéma mondial.


Et si Une Fille inconnue nous avait gentiment mis la puce à l'oreille quand à la qualité déclinante de leur mojo, Le Jeune Ahmed lui, n'en est une preuve que plus probante, sorte de petite sortie de route prenant pour prisme un sujet houleux et profondément casse-gueule - la radicalisation islamiste -, louable sur le papier (et encore) mais qui au final se prend autant les pieds dans le tapis que le récent L'Adieu à la Nuit de Téchiné.
Loin de la sincérité bouleversante et naturelle d'un Rosetta, le Dardenne nouveau capte le destin ombragé d'un jeune ado trop vite dirigé vers le mal, un être férocement influençable qui, manipulé par un imam, décide de tuer coûte que coûte la jeune enseignante qui le suit depuis des années et a fait de lui un élève sérieux et appliqué.
Un héros Dardennien qui n'en est pas réellement un non plus (sa réalité est plus bienveillante qu'hostile), monolithique, buté et solidement enfermé dans son radicalisme, provoquant bien plus l'exaspération qu'une réelle empathie (comme la majorité des adolescents, dans un sens).


S'ils ont le bon goût de ne pas chercher à rationaliser l'irrationnel - le basculement du côté obscur d'Ahmed, n'est jamais montré -, et a joliment visé l'épure psychologique et sociologique (sa radicalité est brute et inflexible), en revanche, jamais ils ne poussent leur chronique dramatique du sentier lisse et ronflant de la linéarité, ni n'arrivent réellement à susciter et soutenir le moindre intérêt pour une âme tout du long univoque et d'une complexité rebutante, persuadé que son idéologie funeste est la vérité à suivre sans la moindre interrogation.
Pire, s'ils parviennent tant bien que mal à concilier leurs idéaux avec le drame social qu'ils chérissent tant, leur mise en scène elle, se montre une nouvelle fois nettement moins percutante, moins incisive et plus dépouillée, et leur narration nettement moins soutenue, accentué par un ton âpre et glaciale.
Un comble tant ils reviennent à un style nerveux et au plus près des êtres, magnifiant leur étude minutieuse du corps (les contraintes religieuses), où tout interdit est considéré comme une attaque impure et indigne.
Et c'est par le bouleversement du corps justement que se clôt le métrage - une chute terrible -, et le possible changement d'attitude du héros via le pardon.


Curieux, apathique, pas forcément bien incarné et bien trop concis pour convaincre (même dans son final choc), Le Jeune Ahmed rate le coche et est loin du drame poignant et prenant espéré, sur la radicalisation des jeunes, un questionnement important dans la société contemporaine, que les Dardenne effleurent plus qu'il ne l'aborde réellement.
Gageons tout de même qu'un petit cru des frangins reste un bon film au-dessus de la moyenne... quoique.


Jonathan Chevrier

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