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[CRITIQUE]: Godzilla II - Roi des Monstres


Réalisateur : Michael Dougherty
Acteurs : Kyle Chandler, Vera Farmiga, Millie Bobby Brown, Ken Watanabe, Charles Dance, Zhang Ziyi,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h12min

Synopsis : 
L'agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d'éclater. Alors qu'elles cherchent toutes à dominer la planète, l'avenir même de l'humanité est en jeu…



Critique :

Rares sont les décisions de majors à réellement nous surprendre dans le bon sens du terme, voilà pourquoi il est impératif de préciser combien la Warner nous avait, déjà, séduit dans les prémices de sa mise en route de ce shared universe/reboot du plus célèbre des Kaijū Eiga, en accordant toute sa confiance au brillant Gareth Edwards, auteur du sublime et intimiste Monsters, via le sobrement intitulé Godzilla.
Prenant à contre-pieds la tendance actuelle que tout blockbuster doit en mettre plein la tronche pour vraiment marquer, Edwards prouvait que sa vision avait plus de profondeur et de légitimité que la concurrence, en se consacrant bien plus à l'aspect dramatique et l'impact psychologique face à une attaque d'une ampleur encore jamais connu, faisant de son métrage un pur film catastrophe spectaculaire, poignant, excitant et respectant scrupuleusement le mythe de Godzilla jusqu'au bout des ongles (griffes).



À l'instar du grand Spielberg pour Les Dents de la Mer - et dans une moindre mesure, de Matt Reeves pour Cloverfield -, Edwards jouait avec la frustration de ses spectateurs en retardant au maximum le dévoilement de ses armes bigger than life.
Mais lorsqu'il se prenait le plaisir de faire surgir ses monstres dans un climax dantesque et jouissif, il nous faisait très vite comprendre que peu importe nos forces de défenses, la menace qu'ils incarnent nous dépasse littéralement, ceux-ci détruisant nos infrastructures comme on détruirait des châteaux de sable à la plage.
Cadré intelligemment à hauteur d'hommes, pour conserver constamment une échelle humaine face à cette apocalypse, il tétanisait complétement son auditoire, effrayé et impuissant face à la dominance totale et implacable de Godzilla et de ses némésis, dont chaque apparitions s'apparentent à une destruction massive pure et simple.
D'ailleurs, en parlant du géant lézard - au design superbe -, Edwards lui confèrait même une aura iconique, rendant toutes les lettres de noblesses de son mythe jusqu'à un plan final ravageur, son magnétisme étant constamment prégnant même quand le monstre n'est pas face caméra.



Un reboot qui corrigeait pleinement les errances Jurassic Park-esque d'un Roland Emmerich quinze ans plus tôt, et qui ne laissait présager que du bon pour la suite, que ce soit un second opus inévitable, où la furieusement alléchante épopée finale, promettant un affrontement dantesque entre Godzilla et King Kong (pour l'an prochain normalement).
Mais place tout d'abord à Godzilla II - Roi des Monstres de Michael Dougherty (Krampus), un choix culotté à nouveau mais surtout réellement alléchant sur le papier, démontrant que la firme n'avait pas perdu son goût pour les paris friqués sur des cinéastes talentueux et en devenir - ce qui n'est pas le cas de toutes les majors aujourd'hui.
Suite directe du film d'Edwards, flanqué dans un monde au bord de l'apocalypse et ayant pleinement conscience de l’existence des MUTO - surnommés Titans - quitte à même en traquer plusieurs (surtout Godzilla), le film délaisse cette fois volontairement le penchant réaliste du premier opus pour lui préférer une approche résolument plus fantastique et kaboom, avec un pitch plus alambiqué (un terroriste obligeant une scientifique de l'organisation Monarch, à libérer toutes les créatures endormis et possiblement sous contrôle).



Sorte de maxi best-of big mac du divertissement de destruction massive monstrueux ayant pourtant pleinement conscience de ce qu'il veut donner à son spectateur (un pur moment de cinéma jouissif sans pour autant brader son contenu) et jouissant d'une maîtrise remarquable, Le Roi des Monstres fait de ses titans de formidables figures lovecraftienne dans toute leur splendeur létale, et les laisse s'emplâtrer mignon dans un maelstrom de bruit et de fureur.
Un choc des titans méchamment fluide et divertissant à l'ampleur délirante, ou le metteur en scène décharge toute sa puissance de feu avec une euphorie emballante mais maitrisée de bout en bout - même si son action n'est pas toujours lisible -, où l'homme est replacé tout en bas de la chaîne alimentaire, la faute à sa propre bêtise et son propre irrespect de la nature.
En replaçant à nouveau Godzilla en monstre ultime, aidé de Mothra pour botter le cul de Rodan et (surtout) King Ghidora, et en ne traînant pas une seule seconde pour dévoiler les enjeux apocalyptiques(la BAGARRE !) de leurs présences sur Terre, Dougherty se démarque de la vision d'Edwards en privilégiant l'rgie du chaos numérique cher à tonton Michael Bay, annihilant en partie l'impact fort et unique qu'avait le premier long.



Il ne faut pas s'y méprendre, voir les créatures se fracasser la poire sur grand écran est un pur plaisir coupable indéniable, mais l'impact sur la psyché de son auditoire en est au final bien moins imposant que son illustre aîné, captant avec honnêteté et virtuosité la catastrophe qui frappait l'humanité, multipliant les points de vues avec intelligence et ne reléguant jamais la mort au hors champs - il l'a saisissait même parfois sur le fait, avec des êtres balayés par le roi des monstres -, enrobant ainsi son œuvre d'un sentiment d'urgence presque (trop) réaliste et surtout d'horreur profondément déstabilisante et viscérale.
Surtout que Dougherty ne s'embarrasse pas forcément de ses personnages humains, ne jouant qu'avec parcimonie sur leur charisme/talent (le trio Farmiga/Brown/Chandler s'en sort comme il peut, avec une présence plus mineure que le laissait présager les bandes annonces), pour ne pas trop entaché son apologie guerrière répétitive, sorte de Keiju-porn grisant mais parfois à la bordure de l'épuisement (vengeant peut-être ceux qui pensait, injustement, que le film d'Edwards n'en montrait pas assez), malgré un vrai souci de bien faire et d'en mettre plein la vue le plus possible en un tout petit peu plus de deux heures.



Référencé, fidèle au mythe tout en étant joliment haletant, Godzilla II : Roi des Monstres, sublimé par une éblouissante et funèbre photographie de Lawrence Sher (sans oublier un score monstrueux de Bear McCreary), bourrés jusqu'à la gueule de scènes d'anthologies et de morceaux de bravoure, est un blockbuster généreux et spectaculaire qui dépote, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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