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[CRITIQUE] : Ceniza Negra (Cendre Noire)


Réalisatrice : Sofía Quirós Ubeda
Acteurs : Smachleen Gutiérrez, Humberto Samuels, Hortensia Smith, Keha Brown,..
Distributeur : Eurozoom
Budget :-
Genre : Drame
Nationalité : Costaricain, Argentin, Chilien, Français
Durée : 1h22min

Synopsis :
Le film est présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2019

Selva, 13 ans, découvre qu’en mourant on ne fait que changer de peau. On peut se transformer en loup, en chèvre, en ombre, en tout ce que l’imagination permet.

Critique :


Le Festival de Cannes décide enfin de se pencher sur la parité de ses compétitions. C’est pourquoi nous n’avons pas qu’une réalisatrice mais quatre en compétition officielle (chose qui n’était pas arrivée depuis 2011). Du côté de la Semaine de la critique par contre, Sofía Quirós Ubeda est la seule réalisatrice et elle présente son premier long-métrage Ceniza Negra (Cendre Noire). Elle est aussi la première à représenter le Costa Rica à Cannes. Sofía Quirós Ubeda s’était faite remarquer en 2017 dans la même compétition, mais du côté des court-métrages avec Selva. Ceniza Negra reprend le même personnage, qui a bien évidemment grandi dans une sorte de continuité où l’on va suivre la jeune fille, à la frontière du film social et du surnaturel.



Selva, qui a maintenant treize ans (jouée par l’étonnante Smachleen Gutiérrez) vit avec ses grands-parents depuis la mort de sa mère, dans un village du Costa Rica. Quand Elena, seule figure féminine qui lui reste disparaît, elle se retrouve seule à s’occuper de son grand-père “Tata”. La jeune adolescente voit sa jeunesse et son innocence être sacrifiés car elle devient la personne la plus responsable de sa maison. Au même moment, elle découvre des phénomènes surnaturels qui se produisent dans sa région.
Ceniza Negra est un récit d’apprentissage doux et sensible sur la construction de la féminité, qui petit à petit se transforme en un film fantastique, imbriquant de la magie ancestrale et des histoires de fantômes. Plus la jeune femme découvrira le monde des adultes, plus elle s'enfoncera dans les rituels ancestraux pour tenir des conversations avec les morts.



La réalisatrice signe un film curieux, à la fois étonnamment réaliste, montrant avec détails la vie au Costa Rica. Mais également onirique, avec des passages d’une poésie et d’une douceur assez remarquable pour une jeune réalisation. Il est difficile d’expliquer Ceniza Negra tant le film tient surtout sur une histoire purement visuelle. Le genre de film déroutant, où soit le spectateur est emporté dans la proposition hypnotique et magique soit il reste à côté des réjouissances. Pourtant, quelques défauts se glissent : il est difficile de trouver de l’empathie pour Selva et ainsi la suivre dans son initiation. Est-ce un problème de culture (il est vrai qu’en France nous en savons très peu sur le Costa Rica) ou plus globalement d’un manque d’expérience dans l’écriture du scénario ? Sûrement une combinaison des deux.



Sofía Quirós Ubeda nous offre un film intimiste et poétique sur une jeune fille à la féminité récente qui doit grandir sans modèle maternel. En plus de surmonter le deuil d’un proche, elle doit aussi subir les affres de l'adolescence. La magie ancestrale semble être une belle réponse : ces rites animales sont tout ce qui lui reste pour vaincre une solitude qui pourrait être dévastatrice à son âge. Sublimé par une lumière naturelle de toute beauté, Ceniza Negra est un film étrange, fragile, imparfait mais magnifique.


Laura Enjolvy

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