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[CRITIQUE] : Adam


Réalisatrice : Maryam Touzani
Acteurs : Lubna Hazabal, Daoua Belkhaouda, Nisrin Erradi, Aziz Hattab,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Marocain, Français, Belge
Durée : 1h38min


Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019


Dans la Médina de Casablanca, Abla, veuve et mère d’une fillette de 8 ans, tient un magasin de pâtisseries marocaines. Quand Samia, une jeune femme enceinte frappe à sa porte, Abla est loin d’imaginer que sa vie changera à jamais. Une rencontre fortuite du destin, deux femmes en fuite, et un chemin vers l’essentiel.



Critique :



Les femmes sont à l'honneur dans la sélection Un Certain Regard de Cannes cette année. Beaucoup de premier long-métrage réalisé par des femmes sont projetés, dont celui qui nous intéresse Adam de la réalisatrice et actrice Maryam Touzani. Ici, elle s'intéresse à la maternité, avec deux femmes très différentes mais qui vont porter le message d'une très belle sororité.
C'est une Maryam Touzani très émue qui est venue présenter son film avec toute son équipe. Émue parce qu'impressionée d'être sur la scène de la salle Debussy mais aussi parce qu'il y avait sa maman dans la salle. "Il y a beaucoup de toi dans ce film, car en devenant mère à mon tour j'ai compris énormément de chose" lui a-t-elle dit devant cette même salle qui lui a consacrée une belle standing ovation à la fin. Il est vrai que la jeune femme montre avec sensibilité la maternité, toute la beauté, le sacrifice, la difficulté aussi d'être une mère célibataire.




Au Maroc, il est illégal d'avoir un enfant hors mariage. Pourtant Samia, enceinte de huit mois déambule dans la ville à la recherche d'un travail. Nous comprenons vite qu'elle est dans une situation précaire, à la rue. Elle ment à ses parents, ne pouvant pas revenir dans son village dans cet état. Après un long porte à porte, elle tombe sur Abla, une pâtissière austère. Abla finit par prendre Samia en pitié et lui ouvre sa porte. Ces deux femmes n'ont rien à voir l'une avec l'autre. Abla est une bosseuse, ne s'autorise que très peu de repos, le temps de s'occuper de sa fille Warda. Samia, elle, est plus détendue malgré sa situation. Elles ont toutes les deux à apprendre de l'autre. Et elle partage la chose la plus intime que seule une autre personne possédant un utérus peut comprendre : porter un enfant. Les hommes sont d'ailleurs absent du film. Abla est veuve, et nous ne savons rien de la situation de Samia, comment a été conçu l'enfant. Nous savons juste qu'elle veut s'en débarrasser à une famille d'adoption après l'accouchement. Adam offre des moments de simplicité et de complicité, dans une atmosphère agréable et chaleureuse. La préparation des pâtisseries (plus appétissantes les unes que les autres, la drague appuyée du livreur pour Abla, les blagues de Warda), le spectateur a envie de partager ces moments avec les personnages. Ils rendent le lien entre Samia et Abla plus perfectible et une véritable empathie se crée. Une vraie sororité qui fait plaisir à voir : l'une réapprend à vivre et sortir du deuil l'autre apprend à être mère et le courage que cela requiert.



Si le film est agréable et doux, il n'oublie pas de taper fort sur les inégalités et la société patriarcale. Adam, malgré son titre masculin, met les femmes au premier plan, sur une question qui les concerne elles-seules. Dans une société où elles doivent prendre le moins de place possible (même pour enterrer son mari), Samia et Abla prennent le pouvoir sur leur vie et leur corps.
Maryam Touzani signe un film important, portant un regard tendre et sensible sur la maternité et le soutien entre femmes. Une belle bulle chaleureuse qui mérite tous les applaudissements reçus à la fin de la projection.


Laura Enjolvy