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[CRITIQUE] : Bull


Réalisatrice : Annie Silverstein
Acteurs : Amber Havard, Rob Morgan, Troy Anthony Young, Yolanda Ross, ...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min.


Synopsis : 
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019

Après avoir détruit, dans une excès de fougue, la maison de son voisin Abe Turner, en périphérie de Houston, Kris, une forte tête de 14 ans, va probablement marcher dans les pas de sa mère et se retrouver en prison. Abe, un ancien monteur de taureau qui gagne sa vie en travaillant sur les circuits de rodéo chaque semaine, vit le quotidien de tout homme vieillissant. Lui et Kris sont tous les deux à un carrefour de leur vie. Un lien unique va les rapprocher et ils vont tenter de changer et de se connaître mieux avant qu’il ne soit trop tard pour chacun d’eux.

Critique :



Bull, premier long-métrage de la réalisatrice Annie Silverstein, concourt à la fois à la section annexe de la compétition officielle Un Certain Regard, mais également dans la section Caméra d'or (prix récompensant les premiers films). Elle a également l'honneur d'ouvrir les festivités de la compétition, avant le film d'ouverture, réalisé également par une femme. 



On peut dire que le regard féminin sur l'Amérique rurale commence à prendre de l'essor. On pense évidemment au sublime The Rider de Chloé Zhao. Silverstein suit ses traces et nous plonge dans une ville déserte et défavorisée du Texas. La réalisatrice filme Kris, une jeune fille à la dérive, sur qui semble couler tous ses problèmes. Caractérisée par sa grand-mère comme une "ado difficile", elle lui fait honneur en organisant une fête dans la maison de son voisin, parti pour le week-end. Silverstein suit son héroïne, préférant son visage aux détails du cadre.
Kris est difficile à analyser, car elle contient ses émotions. Elle vit chez sa grand-mère, avec sa petite sœur pendant que sa mère purge une peine de prison. Pourtant, par ses actes, le spectateur sent une rage intérieure. Après sa fête improvisée, elle est prise la main dans le sac par son voisin Abe, torero en fin de carrière. Bizarrement, ces deux êtres vont se comprendre et entretenir une amitié sincère et touchante. Abe est aussi torturé que la jeune fille. Il sent que sa carrière touche à sa fin, mais s'entête à continuer les rodéos, au péril de sa santé (physique et mentale). 



Kris trouve en Abe une figure adulte à respecter, lui trouve en elle une âme qui l'apaise et qui redonne un sens à sa vie. Puisqu'elle veut apprendre à faire du rodéo, Abe va donc devenir son mentor. L'histoire, qui se veut réaliste en plongeant dans l'Amérique profonde, est pourtant loin du documentaire. Car la réalisatrice montre peu la société et la ville et ne s'intéresse pas à ce qui les entoure. C'est pourquoi elle ne va jamais accentuer le fait que Abe soit noir (alors que le rodéo est un monde de blanc) ni que Kris essaye de rentrer dans un monde d'homme. Bull préfère contempler les émotions complexes et se veut banal et réaliste. Si on peut louer cette mise en scène simple, le film s'en trouve vite limité. Son côté contemplatif finit par ennuyer, ainsi que l'histoire qui ne dépasse jamais le simple portrait de personnages torturés. 


Annie Silverstein signe un film peu original mais d'une grande sincérité. Bull est une bulle intimiste, le tout est de savoir si on veut y rentrer. 


Laura Enjolvy