[CRITIQUE] : Booksmart
Réalisatrice : Olivia Wilde
Actrices : Kaitlyn Dever, Beanie Feldstein, Lisa Kudrow, Will Forte, Jason Sudeikis, Bille Lourd,...
Distributeur :Netflix France
Budget :-
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Deux jeunes filles de terminale prennent conscience qu'elles auraient dû profiter davantage des " années lycée " afin de s'amuser et décident de se trouver un petit ami avant la fin de l'année scolaire.
Critique :
Captant avec justesse l’inconfort de l’âge de tous les possibles engoncé dans son conformisme autant que la peur de passer à côté de sa jeunesse, #Booksmart, pas exempt de quelques facilités, n'en reste pas moins une merveille de teen movie initiatique, dynamique et hilarant pic.twitter.com/m0TaR5B4lK— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 27 mai 2019
Il y a quelque chose d'assez fascinant à voir deux actrices aussi talentueuses qu'Olivia Wilde et Greta Gerwig, se lancer dans le grand bain de la réalisation en s'attachant au genre ultra balisé et casse-gueule du teen movie, sanctifié dans les 80's par feu John Hughes.
Et si Gerwig s'est laissé aller à un récit d'émancipation doux, lunaire et férocement méta sur une adolescente atypique et au carrière bien trempée - Lady Bird -, Wilde elle, lui préfère un pendant bien plus cocasse et singulier, en prenant non pas une seule adolescente pour héroïne, mais bien un duo détonnant et férocement attachant, campé par Kaitlyn Dever et... Beanie Feldstein, déjà de l'aventure Lady Bird.
Articulé autour de la quête de fun de deux ados BFF voulant rattraper le temps perdu après avoir consacré leur jeunesse à bûcher comme des malades pour être diplômées et rejoindre de prestigieuses universités, Booksmart nous catapulte en terrain connu et suit la droite lignée du vénéré SuperGrave, dont il reprend autant la folie jouissivement régressive et un brin potache, que la nature touchante de ses personnages principaux, à l'alchimie convaincante.
Comme pour les aléas de Seth et Evan, deux stéréotypes vivants (le petit gros pervers et sarcastique, le maigrichon timide) mais pourtant infiniment attachant même dans leurs travers, on se prend d'affection l'épopée rocambolesque et farfelue d'Amy et Molly (on remplace ici le désir maladif d'être dépucelé avant la fac par un souci plus intime et universel, de vouloir être comme les autres ne serait-ce qu'un soir), deux filles tellement obnubilées par l'idée de tout contrôler dans leurs jeunes existences - quitte à être totalement condescendantes avec les autres -, qu'elles en oublient de la vivre pleinement.
Prenant totalement faits et causes pour elle sans pour autant se priver du luxe de gentiment se moquer d'elles, Wilde, par la force d'une écriture soignée, traite ses héroïnes sur un même pied d'égalité, leur offre un vrai background narratif (chacune à sa propre personnalité, sa propre romance et n'est jamais défini uniquement par sa sexualité) et un vrai sentiment de sororité du début jusqu'à la fin, tout en leur faisant vivre le passage obligé des rites de l'adolescence, ici méthodiquement resserrés sur un tout petit peu moins d'une heure et demie.
Captant avec justesse l’inconfort de l’âge de tous les possibles engoncé dans son conformisme autant que la peur de passer à côté de sa jeunesse (des angoisses et des questionnements générationnels charnières, prouvant que le film est pleinement ancré dans son époque), certes clairement moins foisonnant thématiquement parlant qu'un SuperGrave, aux multiples lectures grisantes - et dont il n'est pas qu'une relecture simpliste et girly -, mais mué par un pendant féministe naturel et salvateur (la nécessité de faire entendre sa voix, et encore plus quand on est une adolescente); Booksmart n'en est pas moins une merveille de conte initiatique, dynamique et hilarant, incarné avec conviction et mis en scène avec un vrai souci de bien faire.
Un bon et bienveillant teen movie sur l'amitié comme le septième art ricain les affectionne tant, parfois prévisible (une obligation dans un sens, tant le genre est ultra codifié) et se laissant à quelques facilités/paresses mais d'un charme fou, qui apporte sa propre tonalité au prestigieux édifice du genre, en s'avérant infiniment plus pertinent sur des thèmes forts, que la majorité de ses petits concurrents.
Un premier long vraiment, vraiment réussi.
Jonathan Chevrier