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[PEAK TV] : #3. Go On : Les endeuillés anonymes

La production télévisuelle américaine n’a jamais était aussi folle en termes de quantité, mais également de qualité. Malheureusement, dans cette déferlante, beaucoup de séries ne parviennent pas à avoir l’exposition qu’elle mérite. Pire encore, cette époque qu’on appelle la Peak TV semble ne pouvoir être dédiée qu’aux nouvelles productions, à tel point qu’on oublie que la série n’est pas apparue avec Netflix. Alors avec cette chronique, je vous propose de faire un pas de côté, délaisser les évidences pour mettre en lumière des séries moins connues, elles sont d’aujourd’hui ou pas, brèves ou pas, mais mérite votre attention.



Go On – Les endeuillés anonymes.

Comment rebondir après un succès ? C’est la question qui taraude bien des acteurs/actrices de télévision. Car, forcément, le média installe une proximité que le cinéma ne peut égaler. Chaque semaine les personnages viennent nous tenir compagnie et plus le temps passe plus notre mémoire floute la frontière entre fictions et réel. C’est comme cela que Jennifer Aniston, Courtney Cox, Lisa Kudrow, Matt LeBlanc, David Schwimmer et Matthew Perry n’ont plus existé dans nos esprits que comme Rachel, Monica, Phoebe, Joey, Ross et Chandler. Alors quand en 2004 Friends s’achève, la question se pose, comment rebondir aprés un succès ?
Go On n’était pas le premier essai de Matthew Perry pour revenir dans nos petits écrans, avant cela il y avait eu Studio 60 on the Sunset Strip signée Aaron Sorkin et Mr. Sunshine co-crée par Perry lui-même. Mais, les deux séries se sont stoppées au bout d’une seule saison, alors en 2012, il tente a nouveau un comeback, cette fois-ci il retrouve Scott Silveri, ancien scénariste de Friends — bon et co-créateur de Joey, personne n’est parfait. Go On ou l’injustice dans toute sa splendeur, car, comme les fois précédentes, la série n’ira pas au-dela de sa saison 1, pourtant cette série était une comédie aussi désopilante que touchante.



Dans Go On, Matthew Perry incarne Ryan King, un animateur de radio sportive qui apprit la mort de sa femme rejoint — un peu contre son gré — un groupe de soutien. Dit comme cela, on peut douter, à juste titre, de l’aspect comique de cette série. Pourtant, le show crée par Scott Silveri est bel et bien une comédie du deuil.
Ce groupe d’entre-aide menée par Lauren, est peuplé de personnages un brin atypique que l’on découvre petit à petit et qui ensemble forme un gang ou le gag est inépuisable. Que cela soit, Anne, procureur lesbienne bloquée au stage de la colère, Mr K, membre mystérieux aussi inquiétant que lunaire dont personne n’ose demander pourquoi il est la; ou encore Sonia qui peine a se remettre de la mort de son chat, tous son un tantinet timbré, mais profondément humain.
L’humour de Go On se repose énormément sur les personnalités de chaque membre, chacun trouve ainsi un potentiel comique que la série utilise en multipliant les associations de personnages incongrues. Malgré tout, les meilleures scènes demeurent celles ou tous les personnages sont ensembles; c’est alors que le caustique se fait le plus bondissant grâce aux échanges vifs, comme lorsque Ryan décide de faire un concours visant a savoir qui a la vie la plus triste ; ou quand Mr K organise une fête pour célébrer la fin du monde — le 21 décembre 2012.



Mais, la série ne se sert pas du deuil comme un simple prétexte à la comédie. En effet, les scénaristes y dépeignent de facon souvent juste la peine, la solitude, le travail intime que cela demande dans cet adieu toujours forcé, jamais désiré. Ainsi, sous couvert de faire rire, Go On met en lumière des personnages brisés, esseulés pour certains qui trouve dans ce groupe un réconfort. C’est comme cela, que certains épisodes se font plus tendres, émouvant même, sans jamais que cela ne devienne un automatisme. 

Alors oui, Go On n’a qu’une saison, 22 épisodes, mais elle mérite le coup d’œil. Pour tout ce que j’ai pu souligner, son humour, son émotion, son regard tendre. Mais également, parce que cette saison forme un tout, que son histoire aurait pu continuer, mais que sa fin est satisfaisante, incomplète, mais satisfaisante.


Thibaut Ciavarella