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[CRITIQUE] : Mais vous êtes fous

 

Réalisateur : Audrey Diwan
Acteurs : Céline Sallette, Pio Marmaï, Carole Franck,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Roman aime Camille, autant qu'il aime ses deux filles. Mais il cache à tous un grave problème d'addiction, qui pourrait mettre en péril ce qu'il a de plus cher. L'amour a-t-il une chance quand la confiance est rompue?




Critique :



Ce n'est sans doute pas un gage de qualité, loin de là même, mais force est d'admettre que la bonne santé du septième art hexagonal rend férocement excitante l'arrivée de nouveaux cinéastes dans nos salles obscures, souvent capable d'apporter une bouffée d'air frais thématique et créative à un cinéma qui, s'il n'en a plus cruellement besoin à tous les niveaux, ne peut pas non plus se payer le luxe de trop s'en priver.
Après une carrière de journaliste/romancière /scénariste reconnue, Audrey Diwan (Aux Yeux de Tous, La French, HHhH, Ami-Ami) saute donc le pas et passe à la réalisation avec le très inspiré Mais vous êtes fous, pour lequel elle s'est payé un couple vedette cinq étoiles - les (toujours) exceptionnels Pio Marmaï et Céline Sallette -, mais surtout un pitch accrocheur sondant les traumas d'un couple lambda, entre amour sincère et non-dits.
Tout va bien dans le meilleur des mondes pour Camille et Roman, un mariage supposément sans histoire et deux petites filles qui remplissent le quotidien, jusqu'au jour où un événement totalement improbable vienne sérieusement chambouler ce château de carte aux bases faussement stables.
Lorsque la plus jeune se retrouve à l'hôpital, on y décèle la présence de cocaïne, ce qui dévoile à Camille le lourd secret qui pèse sur les épaules de son mari : il est addict a cette substance depuis de longues années.
Dès lors la confiance s'étiole, le mariage se délite et l'amour est mis a l'épreuve comme rarement... tout comme la parentalité des deux adultes, coincé entre une cure de désintoxication, une procédure judiciaire mais surtout le traumatisme de ne pas être de bons parents.




C'est sur le chemin sinueux du drame intime inspiré de faits bien réels, qu'Audrey Diwan décide de faire ses débuts sur grand écran, en croquant une chronique douloureuse mais pas dénué d'espoir, sur l'addition aussi bien à un mal qui nous ronge de l'intérieur - la drogue - qu'à un mal que l'on jure nécessaire - l'amour de celui/celle qu'on a juré aimer pour l'éternité -, doublé d'une réflexion aussi troublante qu'intéressante sur le mariage et la vie de couple.
Avant le drame, Roman et Cécile s'aiment d'un amour partagé et même passé l'annonce et la digestion - jamais vraiment complète - de l'addiction du premier et des accusations/humiliations qui s'en suivent, il est impossible de ne pas voir que la passion qui les unit, véritable, ne sert pas de glue, de fixation universelle et de bouclier parfait même si fissuré dans sa confiance, pour depasser toutes les épreuves, même celles jugées insurmontables.
Méditation surprenante sur la dépendance à la drogue dure (même si la consommation n'est jamais montrée à l'écran) autant qu'un vrai drame réflexif sur le mariage et la parentalité (peut-on être un père respectable même en consommant fortement de la cocaïne ?), Mais vous êtes fous est un brillant premier long-métrage, incarné à la perfection (et le terme incarné n'est vraiment pas galvaudé, tant Sallette et Marmaï sont totalement impliqués par leurs rôles), et dont on ne peut saluer que l'audace et la justesse, jusque dans son ellipse finale volontairement frustrante.
Une belle surprise autant qu'une vraie et belle réussite.


Jonathan Chevrier



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