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[CRITIQUE] : Triple Frontière

 

Réalisateur : J.C. Chandor
Acteurs : Ben Affleck, Oscar Isaac, Pedro Pascal, Charlie Hunnam, Garrett Hedlund, Adria Arjona,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min

Synopsis :
D'anciens soldats des forces spéciales peinant à joindre les deux bouts se réunissent pour préparer un coup risqué : piller un baron de la drogue sud-américain.



Critique : 





Plus bancale et heel que la production du film Triple Frontière, tu meurs.
Pourtant, Dieu sait qu'elle est bandante sur le papier, cette bouillante chronique sur le crime organisé dont le titre fait référence à la fameuse triple frontière entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil; une zone ou le crime fait sa loi et qui a déjà été citée par l'inestimable Michael Mann dans le bijou noir Miami Vice.
Mais le film a tellement été bazardé de tous les côtés (la Paramount l'a laché et Netflix n'a pas traîné pour le récupérer, Chandor, qui avait récupéré le bébé de Boal à Bigelow, avait un temps abandonné la réalisation au profit de Peter Berg avant de reprendre le tout, tandis que Channing Tatum, Johnny Depp, Will Smith, Tom Hardy, Ben et Casey Affleck, Mahershala Ali et Mark Wahlberg ont quittés la production au fil du temps), que l'on imaginait mal voir le délire se concretiser un de ses quatre.



Et pourtant, à force de détermination, Chandor a bien eu raison de la poisse - comme Gilliam avec son Don Quixote -, et Triple Frontière a bel et bien vu le jour grâce au sacro-saint sauveur Netflix, avec au casting Pedro Pascal, Charlie Hunnam, Garrett Hedlund, Oscar Isaac et Ben Affleck.
Chandorien jusqu'au bord de sa pellicule, s'attachant de prime abord à conter le passage du côté obscur de la légalité de cinq frères d'armes vétérans de guerre, tentant de goûter au fruit du trafic de narcotique d'un gros baron au détour d'un braquage de haut vol, la péloche raconte avant tout et surtout l'Amérique dans ce qu'elle a de plus faussement impériale et désespérante, de son interventionnisme abusif - et le mot est faible - justifiée par le fait d'être LA première puissance mondiale, à sa manière abjecte de totalement délaisser ses bras armés, pleinement conscient de ne pas se battre pour la liberté hypocrite que prône leur patrie qu'ils ont choisis de défendre et même de tatouer jusque dans leur chair.
Au travers d'un vrai film de genre haletant et maîtrisé de bout en bout (du script qui ménage son suspens à une mise en scène enlevée), Chandor dissèque ses soldats d'infortune (quitte à franchement laisser de côté la sublime Adria Arjona), incarnations déboussolés du pays de l'oncle Sam, des héros aux âmes loyales mais corruptibles, qui vont être frappés de plein fouet par les conséquences violentes et inévitables de leur action, qui vont leur renvoyer une à une leurs erreurs et leur désir d'avoir enterré leurs idéaux par pure cupidité.



S'amusant à tordre les codes du film de casse et de l'actionner bourrin à forte tendance survival comme personne, J.C. Chandor fait de son Triple Frontière une fable existentielle virile, immersive et brutale d'une tension et d'une fatalité incroyable, autant qu'un portrait cinglant de l'Amérique à travers les récentes décennies (et même depuis les années 50), dirigé et incarné à la perfection (Ben Affleck en tête) par un casting totalement voué à sa cause.
Une bonne péloche du dimanche soir testostéronée et prenante, qui fleure bon les 80's/90's tout en étant bien plus dense que cette jolie étiquette restrictive, qui n'aurait pas démérité sa place dans une salle obscure... comme toute bonne péloche de la plateforme.


Jonathan Chevrier


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