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[CRITIQUE] : Les Étendues Imaginaires

 

Réalisateur : Siew Hua Yeo
Acteurs : Xiaoyi Liu, Peter Yu, Luna Kwok, Jack Tan, Yue Guo,...
Distributeur : Épicentre Films
Budget : -
Genre : Police, Drame, Thriller.
Nationalité : Singapourien, Français, Néerlandais.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Singapour gagne chaque année plusieurs mètres sur l’océan en important des tonnes de sable des pays voisins – ainsi que de la main d’oeuvre bon marché.
Dans un chantier d’aménagement du littoral, l’inspecteur de police Lok enquête sur la disparition d’un ouvrier chinois, Wang, jusqu’alors chargé de transporter des ouvriers. Après des jours de recherches, toutes les pistes amènent Lok dans un mystérieux cybercafé nocturne.



Critique :


Le cinéma asiatique allait très, très bien en 2018, et il semble aller tout aussi bien en ce riche début d'année 2019, pour preuve la belle liste de péloches ayant déjà foulées nos salles obscures : Asako I&II, An Elephant Sitting Still, Un Grand Voyage vers la Nuit, Les Éternels et... Les Étendues Imaginaires de Siew Hua Yeo, polar urbain hypnotique au visuel brûlant, dont on ressort aussi étourdi que profondément séduit.
Dans un cadre en constante évolution tout autant qu'il est infiniment cinématographique, même si trop peu arpenté dans les salles obscures, le cinéaste tisse une toile implacable sous fond d'enquête nébuleuse menée par un enquêteur insomniaque, cherchant corps et âmes à déceler les raisons de la disparition suspecte d'un ouvrier chinois, tout autant qu'il superpose plusieurs niveaux de lecture pour mieux perdre son auditoire dans une merveille d'odyssée nocturne et sensuelle à la lisière des trips sensorielles impénétrables du roi David Lynch.


Entre fantasme et réalité, Les Étendues Imaginaires peut à la fois se voir comme un brillant polar noir profondément humain sur la force de l'imaginaire et la solitude en milieu urbain, que comme un regard avisé et puissant sur la condition effroyable des immigrés (et plus directement, un regard sans concessions sur les inégalités sociales et le mépris criant envers les classes sociales les plus démunies) travaillant à agrandir un cadre éphémère boursouflé par la violence et la corruption, engoncés dans une contrée brumeuse furieusement contemporaine mais impersonnelle et sans véritable histoire, car faîte de petits bouts d'ailleurs, tout comme les hommes et les femmes qui la peuplent.
Une terre d'artifices oppressante où l'on se perd, magnifiant tout simplement un songe sur pellicule esthétiquement renversant et sous néons, dont les images nous hante encore longtemps après la vision.


Jonathan Chevrier

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