[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #2. Over The Top
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#2. Over The Top - Le Bras de Fer de Menahem Golan (1987)
Immense star - si ce n'est LA star - du cinéma ricain des années 80, Sylvester Stallone est l'idole de beaucoup de cinéphiles et cinéphages, et clairement celle de l'auteur de ses mots.
Pour tous, il est Rocky Balboa, John Rambo, Marion Cobretti (oui), Ray Tango et aussi... Lincoln Hawk, dans les recoins des mémoires obscures de bouffeurs de péloches made in Cannon.
Gros nanar à la naïveté effarante, cherchant autant à capitaliser sur les gros muscles de Sly que sur sa faculté à nous émouvoir par la force de son regard intense et le timbre doux de sa voix - enfin en V.O.; Over The Top est une petite guimauve sur pellicule qui fait du bien à nos petits coeurs d'artichauts en bon téléfilm du dimanche aprem qu'il est, à défaut de nous exciter un brin avec des scènes d'action amorphe qui peine à peser lourd dans la besace (il faut dire que tout le budget ou presue, est parti dans le chèque de Stallone), hors le final franchement jouissif.
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Un drame touchant donc, ou du moins il essaie de l'être, où Sly joue les routiers amateurs de balades romantiques (" All i need is you "...), mais aussi de bras de fer bien badass avec des gros messieurs tout plein de sueurs et de muscles, et qui essaye d'assumer un rôle de père sur le tard, en embarquant dans un mini road trip son sale gosse pourri gâté de fils (qui mériterait bien de vivre/pourrir chez son friqué de grand-père), alors que sa mère est en train de s'éteindre à petit feu à l'hôpital.
Dit comme ça, Over The Top ne vend pas forcément du rêve et... C'est un peu le cas, tant il enchaine les fautes de goûts ahurissantes, une pluie de comédiens à côté de la plaque censés pourtant donner de l'âme à cette épopée routièro-feriesque d'un père capable de tout pour gagner la garde et l'amour d'un fils qu'il n'a pas connu.
Même la mise en scène sans relief de Golan (bon producteur, mauvais cinéaste), ne relève jamais le niveau, tant chaque scène d'action - et elles sont peu - tombent à plat autant que les irruptions mal maîtrisées de bons sentiments dégoulinant comme un mauvais marshmallow au coin du feu.
Le truc c'est que tout du long, ce bon vieux Sly y croit, joue des poings et du coeur avec conviction, à tel point que l'on rêverait tous intimement, d'avoir un paternel aussi aimant et doux que lui - même s'il fut absent pendant plusieurs années -, un homme déterminé et prêt à dessouder des bras de véritables bûcherons pour nous offrir un avenir doré.
Et au final, on est attendri par cette (re)naissance de lien entre un père et son fils, surtout que toutes ces bonnes intentions sont magnifiées (enfin, on se comprend), par un final grisant à souhait.
Parce que Over The Top dans la mémoire de tous les gosses des 80's/90's, c'est LE film sur le bras de fer et rien d'autre.
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Vingt bonnes minutes de championnat du monde - kitch comme ce n'est pas possible -, d'empoignades viriles culminant à une prise du pouce légendaire, voilà ce dont la majorité des spectateurs du film se rappellent, et rien d'autre - ou presque -, vingt put*** de minutes qui faisant directement appel à notre instinct animal (ou beauf, ça marche aussi), à notre excitation un poil étrange de voir des hommes s'affronter dans un art qui n'est pas " noble " comme la boxe, s'invectiver à coups de dialogues bourrés jusqu'à la gueule de clichés (" le s'cond, c'est un con ! "), se faire mal et brutaliser leur corps jusqu'à ce que le " meilleur " gagne, le tout en ayant une furieuse - et tout aussi étrange - envie de faire pareil.
Un pur moment de cinéma jubilatoire, que l'on a inexplicablement envie de revoir en boucle.
Ce n'est pas du grand cinéma, pas même du bon cinéma - ou alors à peine -, mais cela fait un bien fou par ou ça passe et ça fleure tellement bon les 80's que cela titille méchamment la fibre nostalgique qui vibre en nous, et on retrouve automatiquement replongé en enfance.
La magie des années 80, tout simplement.
Jonathan Chevrier