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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #14. Hitcher

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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#14. Hitcher de Robert Harmon (1986)

Ramasser le charismatique et terrifiant Rutger Hauer qui fait du stop sur une route absolument déserte - ou presque -, en pleine nuit et sous la pluie, ce n'est définitivement pas une bonne idée, et encore plus si l'on est aussi frêle et sans défense que C. Thomas Howell, qui va vite regretter la bienveillance de son acte... puisque le dit Rutger est rien de moins qu'un terrible serial killer, un psychopathe - et le mot est faible - qui sévit sur les routes avec une facilité et impunité proprement indécentes.
Sobrement nommé John Ryder (tout un symbole, puisqu'il va réellement nous emmener dans une balade sanglante et meurtrière), il va pousser le jeune Jim Halsey, qui pensait se faire un petit peu de pognon en convoyant une voiture d'un point A à un point B sans encombres, à se lancer dans un jeu de massacre ou il sera la proie de toutes ses folies, tout autant que celui qui sera injustement accusé de ses crimes.
Le jeune homme ne pourra trouver du réconfort qu'auprès de la craquante Nash (sublime Jennifer Jason Leigh), en la catapultant bien malgré lui, dans une course poursuite ou un seul ne peut en sortir vivant...

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Transpirant le sang et la gomme, tourné à même le bitume pour mieux capter la folle et meurtrière course-poursuite entre un mâle alpha et un agneau qui se fait de plus en plus loup par la force d'une situation qu'il ne maitrise absolument pas; Hitcher de Robert Harmon (dont c'était le premier long-métrage, et qui ne confirmera ses aptitudes que deux décennies plus tard dans le mésestimé Highwaymen, même si son Cavale sans Issue est plutôt sympathique) s'inscrit dans la droite lignée du merveilleux Duel de Steven Spielberg, et incarne un thriller viscéral et burné (les scènes d'action sont d'ailleurs joliment orchestrés) jouant totalement sur nos nerfs et sur notre terreur insondable de l'inconnu.
Flanqué en plein désert Californien écrasée par un soleil de plomb, terre aride où la nature reprend souvent ses droits et rend encore plus sauvage le plus amoral des êtres humains, Harmon fait de son film un véritable cauchemar sur pellicule dès sa première bobine (le tétanisant prologue), et maintient la pression durant plus de quatre-vingt-dix minutes incroyablement haletantes, sublimées par une mise en scène inspirée (une leçon de cadrage et de montage nerveux) et une photographie crepusculaire.
Zéro background (on ne sait rien de Ryder, si ce n'est son penchant pour la mort et les jeux pervers), le cinéaste nous met directement au coeur de l'action, ne sur-intellectualise jamais son propos - on est dans du B movie pur et dur qui va constamment à l'essentiel -, lie ses deux anti-héros sous la tutelle de la grande faucheuse et les fait s'affronter pour le pire et... le pire (pas de meilleur), jusque dans un final libérateur autant qu'il est emprunt d'une terrible noirceur.

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Hitcher, c'est une mécanique de précision sans le moindre accroc, un sommet de thriller anxiogène et sanglant férocement grisant ou une proie se mue en un monstre au moins aussi féroce que son chasseur, pour espérer rester en vie un jour de plus.
L'instinct de survie dans ce qu'il a de plus primaire, et grisant sur grand écran.


Jonathan Chevrier