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[FUCKING SERIES] : Sex Education saison 1 : Adolescence sans tabou


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Au-delà des jeunes bouilles ayant fait fondre nos petits coeurs de cinéphiles au fil des années 2000, le talentueux Asa Butterfield est sans doute celui qui s'en est sortie le mieux, avec les soeurs Fanning - et dans une moindre mesure, Freddie Highmore -, tant il a su se constituer une jolie petite carrière sur le circuit indépendant - mais pas que - autant qu'il a eu la sacrée chance que la nature et l'adolescence ne le chahute pas trop physiquement (syndrome Haley Joel Osment).



Pleinement dans nos radars en ce début d'année 2019, le bonhomme désormais fraîchement dans la vingtaine, est la vedette du nouveau teen show Netflix, le bien nommé Sex Education qui, quelques jours après l'arrivée de l'enthousiasmante Derry Girls, nous plonge à nouveau dans les affres de l'apprentissage de l'âge adulte dans les contrées d'outre-Manche.
Annoncée dès ses prémisses comme une wannabe héritière de la vénérée et décomplexée Skins, avec sa vision contemporaine et assez cul donc (jeunesse dépravée va !) de l'adolescence des millenials, la série suit l'histoire plutôt originale du timide Otis, vierge complexé et fils d'une sexologue sans le moindre filtre (secret que personne ne sait... ou presque), qui par amour pour la craquante et rebelle Maeve qui sait qu'il en connaît un bras sur la sexualité - merci maman... ou pas -, va se lancer dans une entreprise franchement risquée : créer une cellule de thérapie sexuelle clandestine, au sein même de son lycée, pour aider son prochain en le conseillant selon son soucis.
Du cul, une jeunesse décomplexée et un cadre britannique si familier : qu'on se le dise, si Sex Education boxe tout du long en terres connues, comme à peu près toutes les comédies adolescentes british produite sur la dernière décennie, elle couvre pourtant le spectre du passage à la vie adulte comme peu on pu le faire auparavant.



Passé ce constat évident qu'elle ne brille pas forcément par son originalité sur le papier, la création de Laurie Nunn se prend donc pour ce qu'il est, soit une fine étude de l'adolescence et de ses maux, pas toujours reliés au sexe, de la pression parentale et sociale à l'acceptation de soi, en passant par l'avortement, les problèmes d'érection, la fellation, les premières fois, le harcèlement ou même la tendance maladive des réseaux sociaux (ou tous s'affichent, se mettent en scène, s'humilient...), sans oublier - évidemment - l'amour et l'amitié : d'une densité thématique rare, le show brosse un portrait intelligent de l'adolescence 2.0 (en plaçant tous les ados, même la communauté LGBT, sur un même pied d'égalité) autant du monde qui nous entoure sans ne jamais tomber dans le trash facile ou le voyeurisme putassier, privilégiant l'humour et la bienveillance coûte que coûte le long de ses huit (trop courts) épisodes.
Irrévérencieuse et crue juste ce qu'il faut - quitte à ce qu'elle ne s'embarasse même pas de savoir ce qu'elle doit montrer ou non -, tendre et touchante comme peu de teen movie a pu l'être de récente mémoire, Sex Education fait la part belle à ses personnages - volontairement imparfaits donc follement empathiques - campé à la perfection (immense coup de coeur pour le couple Emma Mackey/Asa Butterfield, Gillian Anderson est en roue libre en matriarche délirante), et nous plonge dans leur intimité sans le moindre jugement, mais avec un sentiment de liberté proprement rafraîchissant.



La thérapie par l'écoute et l'humour (ce n'est pas mal de parler de sexe), traiter de la sexualité plurielle avec sérieux et une (grosse) pincée de désinvolture, voilà ce que propose la belle et jouissive - c'est le mot - première création originale made in Netflix de 2019.
Oui, Sex Education est un petit bijou, et il ne faut absolument pas hésiter à en faire le sujet d'un binge-watching férocement intense le plus vite possible.


Jonathan Chevrier