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[CRITIQUE] : Mortal Engines


Réalisateur : Christian Rivers
Acteurs : Hera Hilmar, Hugo Weaving, Robert Sheean, Jihae, ...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Aventure, Action
Nationalité : Américain
Durée : 2h08min

Synopsis :
Des centaines d’années après qu’un événement apocalyptique a détruit la Terre, l’humanité s’est adaptée pour survivre en trouvant un nouveau mode de vie. Ainsi, de gigantesques villes mobiles errent sur Terre prenant sans pitié le pouvoir sur d’autres villes mobiles plus petites.
Tom Natsworthy - originaire du niveau inférieur de la grande ville mobile de Londres – se bat pour sa propre survie après sa mauvaise rencontre avec la dangereuse fugitive Hester Shaw. Deux personnages que tout oppose, qui n’étaient pas destinés à se croiser, vont alors former une alliance hors du commun, destinée à bouleverser le futur.



Critique :


À peine la saga du Hobbit terminée, Peter Jackson se lance dans une autre adaptation de saga, celle de Tom et Hester, les livres Young Adult de l'auteur Philip Reeve. Mortal Engines est donc l'adaptation du premier tome, Mécaniques Fatales. Mais cette fois-ci, Peter Jackson, qui est au scénario et à la production décide de ne pas réaliser le film. Peut-être que La Bataille des cinq armées l'a mis sur les rotules. C'est au quasi inconnu Christian Rivers que revient l'honneur d'être à la barre. Storyboarder et superviseur d'effet spéciaux de renom, le bonhomme avait pu faire ses premières armes en tant que réalisateur de la seconde équipe dans le film Peter et Elliott le dragon de 2016. Vu la vitesse de la production pour un projet d'envergure, la déception qu'était la saga Hobbit et le fait d'avoir un réalisateur de peu d'expérience, Mortal Engines avait tout pour faire peur. La bande annonce ne faisait que renforcer les frayeurs. Qu'en est-il donc ?



Vous pouvez d'ores et déjà apaiser vos craintes, Mortal Engines n'est pas la catastrophe attendue et n'a rien d'une production fade, réalisée pauvrement. Et ça, le film veut nous le faire comprendre dès les premières images, aux visuels riches et à l'univers steampunk foisonnant de détail. Si en premier lieu, nous pouvons penser à Mad Max Fury Road pour les courses poursuites et Le Château Ambulant pour ses gigantesques cités roulantes, Mortal Engines se crée son propre style au fur et à mesure. Nos erreurs ont amené guerre nucléaire et désolation. La génération de Hester Shaw et Tom trouvent encore notre technologie, considérée comme dangereuse. L’immense cité de Londres a pour but d’avaler les plus petites pour leur voler la technologie des anciens. Pour la “sécurité” d’après Valentine, celui qui chapote la cité, sous la direction du maire. Mais ce personnage cache un sombre secret, Hester le sait et veut le tuer, pour se venger. Tom qui travaille pour le British Museum (et dont le job consiste à sauver la technologie ancienne, des grilles pains et des statues grandeur nature des Minions... et conserver l’histoire du monde) sauve Valentine du poignard de Hester. Le point de non retour de ce duo improbable qui vont se retrouver seuls, dans les contrées d’Europe décimées. Hester n’est pas la méchante de l’histoire évidemment, mais bien Valentine (le génial Hugo Weaving).



La séquence du début, une course poursuite entre cité, est un parfait prétexte pour dévoiler les nombreux détails de l’univers. Ce paysage désertique, qui était autrefois l’Europe, le fonctionnement de ces cités roulantes, les enjeux qui se cachent autour. Mortal Engines foisonnent de moments épiques, des combats terrestres, dans les airs, le gigantesque est de mise. La trame narrative est simple, et suit le parcours de Hester Shaw rongée par son besoin de vengeance, qui se retrouve finalement dans un mouvement qui remettra tout en question. Tom, jeune homme naïf et volontaire, qui découvre le monde au delà des œillères mises par la cité de Londres. Et une histoire de guerre, de prise de pouvoir. Pour autant, nous ne pouvons pas dire que le scénario est “simple”. Il contient de nombreux sous-texte politique et écologique (que l’on y adhère ou non), peut-être pas très poussé. Le film contient également de nombreuses histoires imbriquées, entre l’histoire d’amour naissante entre Hester et Tom, la guerre qui se prépare, le passé de Hester, le peuple derrière le mur, le peuple du sud, le peuple de l’air, etc… Mortal Engines n’a aucun temps mort. Le reproche qui va souvent revenir sur les lèvres est son côté family friendly et Young Adult. Evidemment, au vu de l’histoire très sombre, le manque de sang et de violence surprend. Mais il n’est pas aussi étrange que cela quand on se penche vers le livre dont le film est adapté, un Young Adult, destiné à un public jeune. Mortal Engines, lui, est destiné à un plus large public et petits et grands pourront y trouver leur compte. Par contre, on peut reprocher au scénario un trop plein de personnage secondaire sous-écrit, avec un énorme potentiel (le premier en tête celui de Hanna Fang).



Mortal Engines est un donc un blockbuster aux qualités indéniables, à la fois un divertissement gigantesque avec des moments plus intimiste, débordant généreusement d’émotions et de poésie. 


Laura Enjolvy 



Il y a des blockbusters qui, avant même d'être vu en salles, possède un capital sympathie énorme autant pour ce qu'ils peuvent inspirer qu'attiser comme attentes diverses, surtout quand ils sont l'adaptation (coucou originalité) d'une saga littéraire à succès.
Et si l'on ajoute à cela une campagne promotionnelle qui en montre volontairement peu, et une propension proprement indécente de la part des journalistes, à constamment associer le film à son génie de producteur Peter Jackson, au détriment de son réalisateur Christian Rivers (à tel point que beaucoup ne seront même pas qu'il est réellement le metteur en scène du projet), force est d'avouer que Mortal Engines partait avec un capital gonflé à bloc... jusqu'à son lynchage critique mignon, un poil immérité (un poil seulement) quand on se penche réellement sur la chose, certes bancale et pas toujours maitrisé, mais à des années-lumières de la catastrophe atomique insatisfaisante et sans saveur que la presse - mais pas que - tente de nous vendre depuis quelques semaines maintenant.


Définitivement loin des espérances (elles étaient sans doute trop grandes, soyons honnêtes) narrant une dystopie ou la race humaine tente péniblement de se relever d'une apocalypse guerrière (les humains se déplacent en cité motorisée... oui), et ou la quête de carburant est l'occupation la plus importante - syndrome Mad Max -, le premier long-métrage de Rivers, dont la mise en scène est fonctionnelle,  mise tout son potentiel sur un épanouissement visuel au-delà de toute solidité scénaristique, un comble vu la richesse de son matériau d'origine.
En bon divertissement esti... de fin d'année qui se respecte, Mortal Engines bazarde la moindre complexité de son intrigue (quitte à laisser sur sa faim son auditoire), éclipse des questions essentielles (la cause de cette guerre ou même ce qui a amené à la création de villes mécanisées), joue la carte de la sagesse dans un monde à la violence pourtant certaine (pour rameuter un maximum de spectateur en salles) et vise l'épure sur un univers qui ne demande pourtant qu'à dévoiler le moindre de ses secrets à l'écran : c'est simple, le film envoie tout ce qu'il a dans les tripes uniquement pour incarner une vraie et pure expérience sensorielle unique.


Et dans ce sens, la péloche accomplit de véritables prouesses visuelles et épouse pleinement son statut de blockbuster limité mais rythmé et jouissif à la beauté incendiaire, rythmé par des scènes d'action lisibles (fait très rares pour un blockbuster US), le score intense et inspiré de Junkie XL; un vrai plaisir des sens donc, au détriment de celui moins primaire d'assister à un vrai moment de cinéma complet et grisant, autant qu'à un conte dystopique pour ados majeur.
Dommage aux vues autant des parallèles politiques esquissés, que de l'intérêt suscité par des personnages empathiques (et plutôt bien interprétés), que celui n'est pas eu plus d'ambition/volonté de voir plus loin que le bout de son nez.
Un beau gâchis donc, mais vraiment très beau.


Jonathan Chevrier


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