[CRITIQUE] : Marche ou Crève
Réalisateur : Margaux Bonhomme
Acteurs : Diane Rouxel, Jeanne Cohendy, Cédric Kahn, Pablo Pauly, ...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h25min
Synopsis :
Élisa, une adolescente fougueuse et passionnée, veut profiter de l’été de ses 17 ans sur les pentes escarpées du Vercors où elle a grandi. Mais sa mère quitte la maison et la laisse seule avec son père pour s’occuper de sa sœur handicapée. Une responsabilité de plus en plus lourde qui la fait basculer de l’amour à la haine, jusqu’à perdre pied.
Critique :
“A ma sœur”. Ce sont les mots qui ponctuent la fin du premier long-métrage de Margaux Bonhomme Marche ou crève. Pour mettre les choses au clair, ce n’est pas l’adaptation du livre du même nom de Stephen King, mais le portrait d’une jeune femme qui voit sa famille déchirée à cause de sa sœur Manon, polyhandicapée. Et le fait que le film soit dédié à la sœur de la réalisatrice tombe sous le sens. Comment peut-on filmer avec autant de justesse le handicap sans avoir eu une expérience similaire ?
Élisa arrive à la période de l’adolescence où l’on doit faire ses propres choix. Quitter sa famille pour faire des études, travailler, vivre pour soi-même et acquérir l'indépendance tant voulue par les adolescents. Mais pour la jeune femme, tout se complique. Sa mère vient de quitter la maison familiale, laissant son père et elle-même s’occuper de Manon, sa grande sœur polyhandicapée. Un lourd fardeau, bien que tous les deux ne le voient pas de cette façon. Au fur et à mesure, le spectateur comprend que l’état de Manon est la cause de la séparation des parents. La mère, qui s’occupe d’elle tout le long de la journée, n’arrive plus à contenir les crises. Lui ne veut pas l’envoyer dans un centre et pense pouvoir s’occuper de sa fille sans aide. Élisa se place du côté de son père. Manon et elle ont une relation forte, fusionnelle, nous comprenons donc son choix.
Marche ou Crève ne fait pas dans la dentelle et décide d’y aller franco dans le traitement du handicap. La réalisatrice n’hésite pas à être redondante dans ses séquences, pour montrer le quotidien. Les mêmes gestes, les mêmes phrases répétées inlassablement. Sans aucun pathos, ni artifice. Le seul qu’elle s’autorise est le format de l’image, le 4:3. Il est cohérent avec le point de vue du film, centré sur le personnage de Élisa, qui voit son avenir réduit quand elle comprend qu’elle est incapable de laisser son père s’occuper seul de sa sœur. Le film est à la fois oppressant par sa mise en scène, mais bienveillant dans son propos et dans son écriture.
Les acteurs ont la part belle dans le film. Cédric Kahn, tout d’abord, interprète un père loin du stéréotype du père de famille de base. Il fait passer le besoin de ses filles (surtout celui de Manon) avant le sien, jusqu’à en perdre son boulot. Agathe Dronne campe une mère au bout du rouleau, qui a du faire un choix radicale. Choix que sa fille Élisa ne comprend pas, prenant son départ comme un abandon. Mais la réalisatrice ne juge jamais cette femme, laissée seule avec Manon de longues journées pendant que son mari travaillait et que Élisa était à l’école. Une femme qui sent qu’elle ne peut plus s’occuper correctement de sa fille, mais qui veut son bonheur malgré tout. Mais le film tient surtout sur les épaules des deux actrices principales. Diane Rouxel, tout en délicatesse et intériorité compose le portrait d’une adolescente complexe, qui se cherche. Entre amour fusionnelle et épuisement pour sa sœur Manon, jouée magistralement par Jeanne Cohendy. Margaux Bonhomme confie avoir longtemps imaginé tourner avec une actrice handicapée, jusqu’à se rendre compte que cela n’était pas possible, au vu de son scénario et du temps de tournage. Mais l’actrice fait preuve d’une incroyable authenticité dans les gestes, dans les détails. Une prestation forte et émouvante.
Au travers d’un récit sur la fin de l’adolescence plutôt classique, Margaux Bonhomme nous entraîne dans le quotidien oppressant suite aux contraintes drastiques que la vie a imposé à cette famille. Un film réaliste et humain.
Laura Enjolvy
Élisa, une adolescente fougueuse et passionnée, veut profiter de l’été de ses 17 ans sur les pentes escarpées du Vercors où elle a grandi. Mais sa mère quitte la maison et la laisse seule avec son père pour s’occuper de sa sœur handicapée. Une responsabilité de plus en plus lourde qui la fait basculer de l’amour à la haine, jusqu’à perdre pied.
Critique :
Au travers d’un récit sur la fin de l’adolescence plutôt classique, Margaux Bonhomme affronte frontalement la question du handicap et de son quotidien pétri de contraintes, et fait de #MarcheouCrève un film aussi poignant réaliste qu'humain (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/0C5LqiaYVe— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 6 décembre 2018
“A ma sœur”. Ce sont les mots qui ponctuent la fin du premier long-métrage de Margaux Bonhomme Marche ou crève. Pour mettre les choses au clair, ce n’est pas l’adaptation du livre du même nom de Stephen King, mais le portrait d’une jeune femme qui voit sa famille déchirée à cause de sa sœur Manon, polyhandicapée. Et le fait que le film soit dédié à la sœur de la réalisatrice tombe sous le sens. Comment peut-on filmer avec autant de justesse le handicap sans avoir eu une expérience similaire ?
Élisa arrive à la période de l’adolescence où l’on doit faire ses propres choix. Quitter sa famille pour faire des études, travailler, vivre pour soi-même et acquérir l'indépendance tant voulue par les adolescents. Mais pour la jeune femme, tout se complique. Sa mère vient de quitter la maison familiale, laissant son père et elle-même s’occuper de Manon, sa grande sœur polyhandicapée. Un lourd fardeau, bien que tous les deux ne le voient pas de cette façon. Au fur et à mesure, le spectateur comprend que l’état de Manon est la cause de la séparation des parents. La mère, qui s’occupe d’elle tout le long de la journée, n’arrive plus à contenir les crises. Lui ne veut pas l’envoyer dans un centre et pense pouvoir s’occuper de sa fille sans aide. Élisa se place du côté de son père. Manon et elle ont une relation forte, fusionnelle, nous comprenons donc son choix.
Marche ou Crève ne fait pas dans la dentelle et décide d’y aller franco dans le traitement du handicap. La réalisatrice n’hésite pas à être redondante dans ses séquences, pour montrer le quotidien. Les mêmes gestes, les mêmes phrases répétées inlassablement. Sans aucun pathos, ni artifice. Le seul qu’elle s’autorise est le format de l’image, le 4:3. Il est cohérent avec le point de vue du film, centré sur le personnage de Élisa, qui voit son avenir réduit quand elle comprend qu’elle est incapable de laisser son père s’occuper seul de sa sœur. Le film est à la fois oppressant par sa mise en scène, mais bienveillant dans son propos et dans son écriture.
Les acteurs ont la part belle dans le film. Cédric Kahn, tout d’abord, interprète un père loin du stéréotype du père de famille de base. Il fait passer le besoin de ses filles (surtout celui de Manon) avant le sien, jusqu’à en perdre son boulot. Agathe Dronne campe une mère au bout du rouleau, qui a du faire un choix radicale. Choix que sa fille Élisa ne comprend pas, prenant son départ comme un abandon. Mais la réalisatrice ne juge jamais cette femme, laissée seule avec Manon de longues journées pendant que son mari travaillait et que Élisa était à l’école. Une femme qui sent qu’elle ne peut plus s’occuper correctement de sa fille, mais qui veut son bonheur malgré tout. Mais le film tient surtout sur les épaules des deux actrices principales. Diane Rouxel, tout en délicatesse et intériorité compose le portrait d’une adolescente complexe, qui se cherche. Entre amour fusionnelle et épuisement pour sa sœur Manon, jouée magistralement par Jeanne Cohendy. Margaux Bonhomme confie avoir longtemps imaginé tourner avec une actrice handicapée, jusqu’à se rendre compte que cela n’était pas possible, au vu de son scénario et du temps de tournage. Mais l’actrice fait preuve d’une incroyable authenticité dans les gestes, dans les détails. Une prestation forte et émouvante.
Au travers d’un récit sur la fin de l’adolescence plutôt classique, Margaux Bonhomme nous entraîne dans le quotidien oppressant suite aux contraintes drastiques que la vie a imposé à cette famille. Un film réaliste et humain.
Laura Enjolvy