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[CRITIQUE] : Yomeddine


Réalisateur : A. B. Shawky
Acteurs : Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz, Shahira Fahmy,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Aventure, Comédie.
Nationalité : Égyptien, Autrichien, Américain.
Durée : 1h37min.

Synospis :
Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne.
Vite rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Egypte et affronter ainsi le Monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…



Critique :


Un documentaire tourné dans une léproserie (El Mosta'mara). Un court axé sur la migration et ses conséquences pour une famille (The Road to Atalia). Un autre enfin qui prend le pouls de la révolution égyptienne de 2011 (Martyr Friday). Un rapide coup d’œil à sa filmographie suffit à comprendre qu'Abu Bakr Shawky perpétue avec Yomeddine un cinéma – semble t-il – de convictions en plus de confirmer son intérêt pour la lèpre.



Sélectionné en compétition officielle au 71ème Festival de Cannes, ce premier film peine à justifier sa sélection au nez et à la barbe de productions bien plus inspirées – suivez mon regard vers le Loro de Sorrentino ! Et si Yomeddine ne parvient pas à convaincre, c'est principalement parce qu'il repose uniquement sur un dispositif émotionnel qu'on peut qualifier d'efficace certes mais aussi et surtout – malheureusement – de factice : ainsi, bien que les valeurs véhiculées dans ce road movie (tolérance, solidarité et persévérance) fassent mouche, il subsiste dans ce récit pétri de bons sentiments une incapacité à émouvoir autrement qu'artificiellement. Le réalisateur austro-égyptien se repose qui plus est quasi intégralement sur sa paire de comédiens non professionnels (Rady Gamal et Ahmed Abdelhafiz) et plus spécifiquement sur l'empathie suscitée par leurs personnages.



Un impair qui se ressent forcément et qui, accessoirement, ne pardonne pas cinématographiquement : la mise en scène d'Abu Bakr Shawky – qui a pourtant le mérite de dévoiler une Egypte exempte des clichés occidentaux avec peu de moyens – manque cruellement de personnalité au même titre que la photographie, extrêmement fade et que le scénario, cousu de fil blanc. De ce topos initiatique – un homme et un enfant, à la recherche de leurs origines respectives, se rendent compte que les liens du cœur supplantent ceux du sang –, le réalisateur ne réussit jamais à énucléer une variation digne de ce nom. La musique surabondante d'Omar Fadel englue de surcroît le récit – et l'émotion qui s'en dégage – déjà lui-même alourdi par des rêves et des flashbacks sans grande utilité et une morale finale qui interpelle plus qu'elle n'inspire. Un premier long-métrage aux intentions honorables donc mais qui fait l'erreur de considérer qu'émouvoir revient à démontrer et n'est donc que l'ombre du plaidoyer humaniste et pamphlet social recherchés.


Anaïs



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