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[CRITIQUE] : Robin des Bois


Réalisateur : Otto Bathurst
Acteurs : Taron Egerton, Jamie Foxx, Ben Mendelsohn, Jamie Dornan,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Aventure, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Robin de Loxley, combattant aguerri revenu des croisades, et un chef maure prennent la tête d’une audacieuse révolte contre la corruption des institutions.



Critique :


On avait laissé ce bon vieux Robin plus où moins mort de sa belle mort avec le film de Ridley Scott, détesté par la majorité là où il a, pourtant, plusieurs bons points à son actif (une vision sombre du personnage, loin de celle plus lisse de la référence récente Kevin Costner).
Mais à Hollywood, c'est toujours bien de dépoussiérer un classique indémodable - et qui n'en a nullement besoin, évidemment -, si possible avec un casting suffisamment fédérateur pour aller glaner un brin, quelques billets verts à la concurrence... ou plutôt, officiellement, offrir aux nouvelles générations une vision à leur image et à laquelle ils peuvent potentiellement s'identifier (vieux réflexe, pardon).



Concocté par le wannabe cinéaste Otto Bathurst (habile sur la vénéré Peaky Blinders) et se voulant comme une relecture mi-action mi-moderne recyclant avec la finesse d'un gnou en rute, la recette éprouvé de Sherlock Holmes et autre Le Roi Arthur (tous les deux signés par Guy Ritchie, et ce n'est pas une coïncidence), Robin des Bois 2018, qui reprend le mythe légendaire du redistribueur de richesse préféré de la culture populaire comme il le peut/veut, s'inscrit avec une facilité déconcertante dans ce que le blockbuster contemporain peut produire de plus déplorable et nanardesque.
Exploitant sa vision de l'histoire de Robin de Loxley avec son lot d'inconsistance et d'incohérences scénaristiques, cette nouvelle version volontairement fourre-tout et montée à la truelle, se rêvant tout du long comme le Dark Knight de Nolan (avec toutes les qualités en moins) mais ressemblant in fine aux Trois Mousquetaires de Paul WS Anderson - en beaucoup moins fun - avec son refus complet de s'inscrire dans une quelconque continuité historique (on attendait limite les navires volants), essaye tellement tout du long de se démarquer de ses aînés qu'elle en devient totalement ridicule.



Prenant à bras le corps les questions de la religion (et au pluriel, en mentionnant autant le catholicisme que l'islam et le monde arabe avec les Croisades, une recontextualisation plutôt habile pour son message à double résonance) et de la politique (avec des pics contemporaines ciblant sensiblement la politique de Trump, mais aussi la guerre en Irak) sans forcément les approfondir plus qu'à la surface, écrasant, plus encore que la direction d'acteurs cataclysmique, les prestations de ses comédiens - sans aucune alchimie les uns envers les autres - par une écriture risible au possible (Ben Mendelsohn use sa cape de vilain pour la 6895ème fois dans un blockbuster US, Taron Egerton perd tout son charisme de Kingsman et Jamie Foxx nous fait presque oublier les grandes heures de sa carrière, au milieu des années 2000); Robin Hood ne se sauve même pas par ses scènes d'action, terne, mal cadrées et en mode demi-molle là où le montage lui, sous acide, joue la carte de la précocité jusqu'à l'extrême limite de l'indécence du bon gout.



Vrai spectacle feuilletonesque et rythmé qui tient du grand n'importe quoi, s'abrutissant au fur et à mesure de son déroulement tout en ne rendant jamais vraiment justice à son esthétique remarquable (de la reconstitution des décors aux costumes en mode haute couture du Moyen-Âge), le film, qui est évidemment à prendre au premier degré (ce n'est pas rigolo sinon), refuse d'aborder son sujet avec ambition et capitule bien trop tôt en faveur d'une facilité assez atterrante.
Malheureusement pour lui - ou pas -, Robin des Bois arrive pile-poil à temps pour tirer sa flèche et se compter parmi les pires films de l’année.


Jonathan Chevrier


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