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[CRITIQUE] : Un Homme Pressé


Réalisateur : Hervé Mimran
Acteurs : Fabrice Luchini, Leïla Bekhti, Rebecca Marder, Igor Gotesman, ...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Durée : 1h40min

Synopsis :
Alain est un homme d’affaires respecté et un orateur brillant. Il court après le temps. Dans sa vie, il n'y a aucune place pour les loisirs ou la famille. Un jour, il est victime d'un accident cérébral qui le stoppe dans sa course et entraîne chez lui de profonds troubles de la parole et de la mémoire. Sa rééducation est prise en charge par Jeanne, une jeune orthophoniste. À force de travail et de patience, Jeanne et Alain vont apprendre à se connaître et chacun, à sa manière, va enfin tenter de se reconstruire et prendre le temps de vivre.



Critique :

Un Homme Pressé est le premier film de Hervé Mimran en solo. Après Nous York et Tout ce qui brille, films co-réalisé avec l'actrice et réalisatrice Géraldine Nakache, le réalisateur décide de se baser sur une autobiographie. Celle du PDG de Peugeot Citroën, Christian Streiff. Le grand patron de l'automobile, le manitou du CAC 40. En 2008, il est victime d'un AVC qui lui enlève sa faculté à parler et à se souvenir. Pour un homme dont le métier est de parler, avec aisance et puissance c'est le coup fatal. Sa maladie et sa rééducation sont cachées aux médias, pour éviter les remous. Dans son livre, J'étais un homme pressé, Streiff confie son impuissance et comment il se fait virer après de longs et loyaux services à cause de sa maladie. Hervé Mimran trouve en cette histoire un moyen d'en faire un film, à la fois drôle et tendre, sur l'importance de prendre soin de sa santé avant tout.


L'AVC (Accident Vasculaire Cérébral) est une chose qui fait peur. Le fait qu'il peut toucher tout le monde, enfant comme adulte, d'une façon soudaine. Parfois, ces accidents sont mortels. D'autres fois, les patients survivent mais peuvent subir des séquelles. C'est le cas du personnage joué par Fabrice Luchini, Alain Wepler. Hervé Mimran le montre pour la première fois faire une crise dans son lit. Mais l'homme se relève comme si de rien n'était et part affronter sa longue journée. Réunions, cours à Sciences Po, réunions, entretien d'embauche, etc… Pas de doute, l'homme pressé du titre c'est Alain. Il ne prend ni le temps de manger, ni le temps pour sa fille. Un second AVC oblige son chauffeur à passer outre son ordre de l'emmener en réunion. Aux urgences, ils le prennent en charge in extremis. Alain survit, mais sa locution est altérée. Il n'arrive pas à dire les bons mots, rendant ses phrases incompréhensibles.


Même si le film se centre sur un homme aisé, le propos du film peut toucher tout le monde. Hervé Mimran s'attaque au fait que le travail prend une part très (trop) importante dans notre vie, ce qui nous fait oublier de faire attention à notre santé, à notre famille. Au fil de l'histoire, le spectateur se rend compte que Alain s'est lancé à corps perdu dans le boulot après un drame familiale, une façon comme une autre d'oublier. Mais la compétition dans l'emploi fait des travailleurs acharnés, s'oubliant pour réussir et atteindre le succès. Mais à quel prix ? Alain se fait virer, et découvre que sa vie est vide. Il vit avec sa fille, presque adulte qu'il ne connaît pas. Il ne sait pas comment s'occuper, il n'a aucun loisir. Le personnage devient totalement vulnérable en devenant chômeur.


Le point fort du film est bien évidement Fabrice Luchini. Nul besoin de dire que le monsieur sait tout jouer, du drame à la comédie. L'acteur est aussi célèbre pour son amour des mots et son élocution parfaite. Il est donc très drôle de le voir se tromper de mot ou les inverser. Malheureusement, Luchini prend beaucoup de place et Hervé Mimran ne se décide jamais à en donner à ses personnages secondaires. Pourtant, il y avait de quoi faire. L'orthophoniste, jouée par l'excellente Leïla Bekhti est très importante dans la rééducation de Alain et doit aussi faire face à des soucis personnels. Sans le vouloir, elle se réfugie dans son travail, comme Alain. Ils s'aident mutuellement. Le personnage de la fille aurait aussi pu être plus au premier plan, leur retrouvaille se plaçant à la toute fin, mais cela donne un effet bâclé.


Un Homme Pressé est donc un film parfois drôle qui aborde son thème avec tendresse. À quoi bon travailler d'arrache-pied si on ne peut pas profiter des petits plaisirs de la vie ? Le film nous invite à lâcher prise de cette société qui valorise le travail avant la santé et de prendre soin de nous. Avant qu'il ne soit trop tard.


Laura Enjolvy