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[CRITIQUE] : Millenium : Ce qui ne me tue pas


Réalisateur : Fede Alvarez
Acteurs : Claire Foy, Sverrir Gudnason, Sylvia Hoeks, Lakeith Stanfield, Vicky Krieps, Claes Bang, Cameron Britton, Synnøve Macody Lund,......
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Frans Balder, éminent chercheur suédois en intelligence artificielle fait appel à Lisbeth Salander afin de récupérer un logiciel qu'il a créé et permettant de prendre le contrôle d'armes nucléaires. Mais la NSA ainsi qu'un groupe de terroristes mené par Jan Holster sont également sur la piste du logiciel. Traquée, Lisbeth va faire appel à son ami le journaliste Mikael Blomkvist qu'elle n'a pas vu depuis 3 ans.



Critique :


Même deux ans après l'annonce de la mise en route du projet, la pilule de ne plus voir le trio David Fincher/Rooney Mara/Daniel Craig à la tête de la franchise Millenium sauce Hollywood, n'est toujours pas avalée, tant Fincher avait su subtilement puiser autant dans la finesse macabre du polar noir made in Europe du Nord, pour mieux mettre en images à sa manière, les traumatismes empathiques d'une héroïne badass et follement touchante, Lisbeth Salander.
Il ne trahissait ni les fans de la première heure des romans de feu Stieg Larsson, et encore moins les afficionados de la première adaptation de Niels Arden Oplev, porté par le tour aussi regretté Michael Nyqvist et la sublime Noomi Rapace.



Même si l'on aime sincèrement Fede Alvarez, et encore plus la lumineuse Claire Foy, Millenium : Ce qui ne me tue pas partait déjà avec le lourd handicap de la comparaison complètement perdue d'avance à nos yeux.
Et sa vision ne fait que confirmer ce nivellement vers le bas d'une franchise qui n'aurait jamais dû s'offrir une suite/reboot, et encore moins avec le matériau d'origine - le roman -, considéré comme le plus bancal de la série.
En occultant tous les traumas de son héroine-titre tout autant qu'il module autant sa singularité que son féminisme (sur le mode vengeance sans la moindre nuance), elle qui était pourtant une vraie figure féminine forte et emblématique dans la culture populaire actuelle, Alvarez transforme la figure Lisbeth comme une simili-Jason Bourne punk au sein d'un 007 du pauvre certes rythmé et pétaradant, mais à des années-lumières de l'atmosphère polar noir et ultra-violent, qui faisait la saveur de la franchise et des premiers films; tout comme le duo Salander/Blonkvist, totalement anecdotique ici (et que dire du manque d'alchimie criant entre Foy et Sverrir Gudnason).



Pire, dans une quête so américaine de sauver le monde - rien que ça - d'une guerre nucléaire, entre plusieurs scènes d'action il est vrai bien troussées, Lisbeth, qui manque ici cruellement de profondeur et de corps (elle n'est qu'un simple Dark Knight caméléon dont les actes vengeurs sont les seuls guide de vie, et qui hacke tout ce qui bouge avec une facilité proprement indécente), se verra en plus flanquée d'un vilain artificiel et caricatural à mort : sa soeur " morte mais pas vraiment " Camilia (Sylvia Hoeks, en mode Blade Runner 2049), dont elle est la parfaite opposée aussi bien psychologiquement que physiquement (parce que c'est toujours bien de farfouiller dans le passé des héros).
Voulant, logiquement, se démarquer du travail de Fincher pour mieux affirmer autant sa légitimité - discutable - que son existence, sans pour autant s'en éloigner pleinement (impossible de ne pas jouer sur une esthétique glaciale et sinistre similaire, tant elle est l'identité même de la saga), le film se perd pourtant constamment dans un calque agressif et malade d'un thriller d'espionnage lambda, plombé autant par une intrigue prétexte et limitée (tirant en longueur et bien plus chargée et complexe que dans son matériau d'origine) qu'il est boursouflé de dialogues passablement ennuyeux ou aucun des personnages ne semble véritablement tirer son épingle du jeu; mis à part l'ange vengeur Lisbeth, incarné avec conviction et bestialité par une Claire Foy fragile et badass à souhait.



Exit le thriller intime, ambiguë et furieux (même si le premier tiers laisse faussement présager le contraire), bonjour le blockbuster lisse, maladroit et protéiforme ne sachant pas forcément où aller (privilégiant notamment l'action au trouble intime de son héroïne), se voulant trop gourmand dans son intrigue - quitte à tout régurgiter en dépit du bon sens -, mais n'étant surtout jamais à la hauteur de ses nombreuses ambitions, sans pour autant être dénué de quelques passages séduisants (où la mise en scène du cinéaste fait merveille) et d'un vrai souci de concocter un spectacle divertissant, aussi contradictoire que cela puisse paraître
Millenium est désormais une franchise d'action efficace, esthètiquement cohérente mais pas forcément excitante pour autant : deal with that.


Jonathan Chevrier





Il n’y a pas que les super-héros possédant le droit à plusieurs acteurs qui les incarnent. Lisbeth Salander, l'héroïne de Stieg Larsson, auteur des Millénium détient également cet honneur. Cette trilogie de roman policier suédois a tout de suite plu au public. En 2009, trois films suédois sortent simultanément, avec Noomie Rapace dans le rôle de Lisbeth. Si les films ne convainquent pas vraiment, l’actrice s’en sort admirablement. En 2011, David Fincher s’attaque à une nouvelle adaptation, saluée par la critique. Rooney Mara reprend le rôle (ce qui lui vaut une nomination aux Oscars, rien que ça). Le monde (rien d’exagérer dans cette affirmation) attendait de Fincher la suite, ce qui ne se fera jamais. Stieg Larsson est mort subitement d’une crise cardiaque en 2004, laissant un manuscrit inachevé de Millénium 4. A la surprise de tout le monde, David Lagercrantz publie la suite des aventures de Lisbeth, Millénium : ce qui ne me tue pas. Et c’est ce livre qui adapte le film de Fede Alvarez (Don’t Breathe, Evil Dead), dans le film du même nom. Claire Foy (révélée par la série The Crown) reprend le flambeau de la hackeuse au style goth Lisbeth Salander.



L’intention est claire, transformer la saga policière en franchise d’action à la Jason Bourne. Mais la transformation se veut douce et le début du film reprend celui de Fincher, comme le démontre le générique, mais avec un thème plus calme que la reprise de Immigrant song par Karen O et Trent Reznor. Ce qui ne me tue pas se veut un thriller plus lisse, moins tordu que ce que Fincher nous proposait. Si l’ambiance glauque et vicieuse de Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes mettaient le spectateur mal à l’aise, ici c’est le produit plus que formaté que l’on nous propose qui rend le malaise palpable. Pour éviter une énième adaptation du premier tome, le studio choisit d’adapter le livre controversé écrit par un autre auteur que Larsson. Cette Lisbeth n’a rien à voir avec les autres, elle est plus dans l’action, comme le montre les course-poursuite en moto, les explosions, les gun fight, … Hackeuse surdouée, dans Ce qui ne me tue pas, elle pirate tout et n’importe quoi, avec une facilité déconcertante. Si facile, qu’on ne ressent aucun frisson quand elle rentre dans les systèmes de la sécurité américaine.
La partie enquête et hack informatique n’a pas grand chose à nous proposer, voyons la partie de la confrontation avec Camilla, la soeur de Lisbeth, qui était au centre du livre. De ce côté aussi, tout est traité de façon superficiel. Sylvia Hoeks, que nous avons vu l’année dernière dans Blade Runner 2049. Si son talent pouvait s’épanouir dans le film de Villeneuve, elle fait ici office de faire valoir, le scénario préférant des séquences d’action que de s'intéresser à son personnage.



Claire Foy est la seule à tirer son épingle du jeu. Pourtant, la comparaison avec Noomi Rapace et Rooney Mara était inévitable (toutes deux excellentes). Le fait que cette Lisbeth soit si différente y joue pour beaucoup. Elle est beaucoup moins ambiguë, moins contradictoire, moins violente. Le but est d’en faire une héroïne justicière, et non pas l’anti héros des autres Millénium. Sa relation avec le journaliste Mikael Bloomkvist n’est plus au centre de l’intrigue (il a ici un petit rôle sans importance), dans une envie de mettre seulement Lisbeth au centre, où l’on s'intéresse uniquement à ses capacités et non pas à sa relation (parfois amoureuse) avec Mikael. Fede Alvarez essaye également de faire son maximum, et impose une ambiance visuelle cohérente. Mais le spectateur sent qu’il a envie de faire beaux plans à la Fincher, en témoigne cette séquence dans la boîte, où Lisbeth s’assoit à côté d’une fenêtre. Son besoin de styliser sa mise en scène va à l’encontre du scénario, qui veut aller au plus simple.


Millénium : ce qui ne me tue pas ne cache pas son envie de renouveau et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour Lisbeth Salander. Le fait d’adapter le quatrième livre en est une preuve. Mais est-ce que tout ceci est excitant ? La réponse est non. Comme dit précédemment, le monde exige Fincher pour Millénium. Et ce n’est pas Ce qui ne me tue pas qui fera changer le spectateur d’avis.


Laura Enjolvy 



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