[CRITIQUE] : Invasion
Réalisateur : Shahram Mokri
Avec : Abed Abest, Elaheh Bakhshi, Babzk Karimi,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Policier, Thriller.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Les ténèbres règnent depuis trois ans. Une partie de la Terre est privée de soleil. Une barrière a été dressée contre l’immigration illégale depuis les ténèbres. De nombreuses maladies sont apparues. L’une d’entre elles alerte les autorités. Accusé du meurtre de son ami Saman, Ali est conduit sur le lieu du crime pour la reconstitution.
Critique :
Filmé en un seul plan-séquence, incarnant un habile mélange de d'influences autant qu'il est d'une complexité imposante,#Invasion, qui nécessite plus qu’un simple visionnage pour en comprendre toutes les subtilités, est d'une étrangeté fascinante et déstabilisante (@TainEleonore) pic.twitter.com/9hASrQi54s— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 28 octobre 2018
Invasion est le troisième long-métrage de l’iranien Shakram Mokri. Après le bien reçu Fish and cat, il revient à nouveau avec un film en plan séquence. Dans ce film, tout est complexe et peut-être motif à interprétation. Dans un futur proche, un partie de la Terre est privée de soleil. Une barrière empêche l’immigration illégale depuis les ténèbres. Accusé du meurtre de son ami Saman, Ali est conduit sur le lieu du crime, un gymnase, pour la reconstitution du meurtre. Le film est un enchainement de ses différentes reconstitutions où chaque personnages jouera un rôle différents à chaque fois.
Le genre n’est pas claire et mélange beaucoup d’influences, mais c’est ce qui fait le charme du film. Le scénario semble être tiré d’un film dystopique, avec en plus de cela une image et une esthétique assez sombre qui fait penser à l’univers steampunk. Mais ce n’est pas la seule influence.
Les boucles narratives et le parlé des personnages rappellent la poésie, élément essentiel de la culture iranienne. Chaque reconstitutions semblent être la nouvelle strophe d’un poème avec des variations différentes. D’autant plus que la parole est une partie très importante du film. Les personnages parlent beaucoup et ont une manière très particulière de le faire. Cela peut dérouter le spectateur et le plonger dans un univers très particulier.
On y retrouve également la figure du vampire, immortel, buveur de sang, séducteur et androgyne. Ce vampire est le seul personnage féminin du film, la soeur du mort,et est le principal élément perturbateur, il est également le seul blond aux yeux très clairs et semble toujours à l’écart des reconstitutions de la police, tout en semblant être l’élément central de la disparition du frère. Il y a un véritable travail sur les bordures, les marges qui créent un labyrinthe dans lesquels se meuvent, littéralement et métaphoriquement, les personnages.
L’univers du théâtre a également une grande importance. Pratiquement tous les acteurs en viennent. Ce choix a été fait pour aider sur la réalisation du plan séquence. Les acteurs devaient être capable de tourner d’une seul traite plus d’une heure. Le travail de répétition a donc été conséquent. De plus, leur manière d'appréhender le corps est aussi très particulière. Ils se tordent dans des positions étranges qui ajoute à l’atmosphère bizarre du film.
Considérant cela, les interprétations peuvent être nombreuses, qu’elles soient sur la situation du pays, sa manière de considérer les femmes, dans le film personnage surnaturel et perturbateur, leur ouverture aux autres pays, avec cette notion de barrière contre l’immigration. Invasion est un film très complexe qui nécessite plus qu’un simple visionnage pour en comprendre toutes les subtilités. Mais outre sa complexité, il a aussi une patte toute particulière qui mérite qu’on s’attarde sur un film aussi étrange que celui-ci.
Eleonore Tain