[CRITIQUE] : Housewife
Réalisateur : Can Evrenol
Avec : Clémentine Poidatz, David Sakurai, Defne Halman,...
Distributeur : e-Cinema
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Turc.
Durée : 1h22min
Synopsis : À l’époque âgée de sept ans, Holly est le témoin du meurtre de sa sœur et de son père par sa propre mère, alors passablement perturbée. Vingt ans plus tard, Holly porte toujours en elle les séquelles de ce traumatisme de jeunesse. Victime de cauchemars à répétition, elle demeure incapable de faire la part entre rêve et réalité. Jusqu’au jour où elle rencontre un célèbre médium qui prétend pouvoir lui venir en aide.
Critique :
Bel hommage au giallo et au cinéma de Dario Argento, visuellement plaisant et travaillé mais plombé par son aspect trop (ou pas assez) chaotique qui le dessert totalement, #Housewife est un film perfectible autant qu'il est une jolie proposition de cinéma (@TainEleonore) pic.twitter.com/DTl3STNRdm— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 29 octobre 2018
À l’époque âgée de sept ans, Holly est le témoin du meurtre de sa sœur et de son père par sa propre mère, alors passablement perturbée. Vingt ans plus tard, Holly porte toujours en elle les séquelles de ce traumatisme de jeunesse. Victime de cauchemars à répétition, elle demeure incapable de faire la part entre rêve et réalité. Jusqu’au jour où elle rencontre un célèbre médium qui prétend pouvoir lui venir en aide.
Housewife est le second film du réalisateur turc, Can Evrenol. Dans son premier long-métrage, Baskin, il malmenait la police turque qui se retrouvait confrontée à l’Enfer et au cannibalisme. Dans Housewife, c’est une jeune femme qui se retrouve face à ses souvenirs, ses rêves et une famille plutôt atypique. Can Evrenol dit vouloir mettre sens dessus dessous les symbole du pouvoir. Cela est assez évident dans Baskin, et plus diffus dans Housewife où le symbole de famille est remis en question sans pour autant être réellement malmené.
La famille est l’un des sujets principaux de Housewife. La très jeune Holly voit l’idée de la famille nucléaire classique se détruire suite à un événement traumatique : sa mère tue sa soeur tout juste réglée. Cela pose alors la question de la place de la femme dans cette famille nucléaire. La Housewife (femme au foyer) du titre est-elle la Holly actuelle ? Ou la mère de ses souvenirs ? Ce film peut alors être vu comme une critique du modèle familial qui veut que l’homme travaille et la femme reste à la maison avec les enfants. Mais que se passe-t-il quand la petite fille devient une femme? Le modèle est détraquée et cela, la “Housewife” désespérée ne peut le supporter. La Holly adulte recherche alors d’autres modèles familiaux. Elle vit une relation libre avec son compagnon éloignée des standards de son enfance. Elle se retrouvera aussi impliquée dans une secte, sorte de famille alternative, plus proche de l’assemblée satanique que d’autre chose.
L’ensemble du film se construira comme un ensemble de rêves qui s'emboîtent où il est impossible de discerner fantasmes, cauchemar et réalité. Le film ne peut pas être compris de manière rationnelle. Il faut accepter cela pour pouvoir réellement l’appréhender. Il n’y a pas réellement de sens, que des images. L’utilisation des toilettes - sa soeur a été noyée dans des toilettes - comme symbole symptomatique de son traumatisme n’est pas anodin. Les toilettes sont le symbole des Dada, mouvement artistique qui prônait, entre autre, le non-conformisme et l’illogisme. Ce qui semble être chers au réalisateur. L’ensemble fonctionne en parti car le parti-pris esthétique est assez fort : des couleurs excessives, des inserts pertinents, des costumes, maquillages et effets spéciaux bien réalisés. Le film manque peut-être d’un habillage sonore et musical plus abouti.
Pour réussir cet esthétique, le réalisateur cite des influences assez évidente. Housewife s’inspire très largement du giallo, genre italien des années soixante à quatre-vingt, très visuel, où gore et érotisme se mélangent. Et plus particulièrement de Dario Argento, à qui il emprunte ses lumières rouges et bleues très présentes. Outre cette influence, très explicite, Can Evrenol cite également les films turcs en général considérés comme des nanars par les cinéphiles français tels que Turkish Star Wars. On y retrouve le ton irrévérencieux de ses films.
Housewife est un film perfectible mais est une jolie proposition. Visuellement, il est assez plaisant et regorge d’images et de plans travaillés. Cependant son aspect trop ou pas assez chaotique le dessert et peut laisser le spectateur perplexe. De bonnes idées cependant.
Eleonore Tain