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[CRITIQUE] : L'Amour est une Fête

 

Réalisateur : Cédric Anger
Acteurs : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Michel Fau,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Paris, 1982. Patrons d’un peep show, Le Mirodrome, criblés de dettes, Franck et Serge ont l’idée de produire des petits films pornographiques avec leurs danseuses pour relancer leur établissement. Le succès est au rendez-vous et ne tarde pas à attirer l’attention de leurs concurrents. Un soir, des hommes cagoulés détruisent le Mirodrome. Ruinés, Franck et Serge sont contraints de faire affaire avec leurs rivaux. Mais ce que ces derniers ignorent, c’est que nos deux « entrepreneurs » sont des enquêteurs chargés de procéder à un coup de filet dans le business du « X » parisien. C’est le début d’une aventure dans le cinéma pornographique du début des années quatre-vingt qui va les entraîner loin. Très loin...




Critique :



Si l'on peut, assez aisément, critiquer certains de ces choix de carrière un brin maladroit (Vidocq, Jappeloup, Jappeloup ou encore... Jappeloup), force est d'admettre que Guillaume Canet est, à l'instar de Romain Duris et Vincent Cassel, ni plus ni moins que l'un des acteurs les plus importants du cinéma hexagonal de ces vingt dernières années, doublé de l'un des cinéastes les plus séduisant à suivre.
Et si sa dernière réalisation en date, honteusement raillé lors de sa présentation sur l'avant dernière Croisette, le délirant Rock n' Roll, n'a pas convaincu son audience, gageons que face caméra, le bonhomme a sacrément muscler son jeu ces derniers mois (Mon Garçon hier, Le Grand Bain et Doubles Vies demain), et L'Amour est une Fête en est une preuve des plus probantes.



Second long-métrage du prometteur Cédric Anger, que l'on avait découvert il y a quasiment quatre ans avec le formidable La prochaine fois je viserai le coeur (thriller inspiré de l'époque meurtrière d'Alain Lamare, le " Tueur de l'Oise " qui défraya la chronique et terrifia l'hexagone à la fin des années 70), déjà porté par Canet - qui y trouvait l'un de ses meilleurs rôles -, la péloche se veut comme une plongée ludique et enlevée dans le business du « X » parisien collée aux basques de deux enquêteurs qui s'amusent plus qu'ils ne jouent aux flics; une odyssée pop tranchant considérablement avec le ton sombre et fiévreux de son premier essai, sans pour autant brader l'aspect follement immersif (le film est joliment documenté et référencé, ne peine jamais pour nous rappeler aussi bien le contexte que l'époque dans laquelle les événements se situent) et captivante qui en faisait tout son sel.



Vraie comédie rétro et colorée n'allant jamais réellement là où on l'attend, s'amusant pleinement à jongler entre les genres (le polar, le buddy movie, le feel good movie singulier, le film de fesse soft,...) avec une générosité folle, le film s'échine tout du long à offrir à la fois un portrait déluré et crédible des contradictions politiques de la France sous-Mitterand (prônant autant la libéralisation des moeurs et l'abolition de la censure, que la volonté de contrôler/annihiler l'explosion de la pornographie) mais aussi d'un monde haut en couleurs et fantasque - l'industrie de la pornographie -, n'étant pas encore perverti par son exploitation à outrance - qui viendra quelques années plus tard; le tout avec une liberté de ton et de fond qui dénote sérieusement avec la production hexagonale actuelle.
Mieux, le duo Canet/Lellouche, à l'alchimie évidente, s'éclate tellement dans cet univers subversif de plaisir et de jouissance totale - dans tous les sens du terme - que leur enthouasiasme à l'écran, est furieusement communicatif.




Regard bienveillant et jamais moralisateur (ce qui en fait toute sa force) sur une époque bénie mais révolue, pur moment de cinéma débridé et rock aussi joussivement drôle qu'il est furieusement sexy, L'Amour est une Fête est une rafraîchissante et excitante comédie à la lisière de la parodie, une épopée épique et volontairement grotesque (au point d'être totalement géniale) qui fait du bien autant à un septième art hexagonal qu'il dynamite sans forcer, qu'à une fin d'année ciné où il s'impose comme l'une des plus belles et inattendues des surprises sur pellicule.


Jonathan Chevrier