[FUCKING SERIES] : Cloak and Dagger : Marvel a (enfin) trouvé son teen drama référence
(Critique - avec spoilers - des deux premiers épisodes)
On ne reviendra pas sur la qualité hautement discutable des shows Marvel qui, hors Netflix (et encore, on n'oublie pas la calamiteuse Iron Fist, dont la seconde saison est plus que jamais dans les tuyaux), aura aligné plus de déceptions (The Gifted, The Runaways, The Inhumans,...) que de shows vraiment immanquables (Legion ♡); reste adaptation d'une aventure papier sur le petit écran, est un événement à part entière... et encore plus quand ledit comics n'est pas forcément connu du grand public.
Librement adapté du plus ou moins confidentiel La Cape et L'Épée et chapoté par Joe Pokaski (scénariste de sur Heroes et de Daredevil), qui en modifie grandement la substance (changement de lieu, de background pour la naissance des pouvoirs et du statut social des héros en tête), Cloak and Dagger se paye également un pitch plutôt couillu pour un show de la firme : l'itinéraire de deux adolescents issus de milieux sociaux différent, Tyrone Johnson et Tandy Bowen, qui se découvrent des super pouvoirs les liant mystérieusement l'un à l'autre (le premier peut générer une étrange substance qui lui permet de se téléporter, la seconde peut faire jaillir des lames brillantes de ses paumes), dit pouvoirs qui sont encore plus imposants quand ils sont associés, mais qui pourraient presque s'apparenter à un fardeau commun.
Transcendant son simple statut de show super-héroïque, la série s'impose dès son excellent épisode pilote comme un solide et grisant teen drama férocement ancré dans son époque et son cadre (la Nouvelle-Orléans, dont les stigmates de l'ouragan Katrina sont toujours bien présents), tant il traite avec justesse des maux douloureux qui gangrènent l'Amérique sous Trump : les inégalités sociales, le racisme, la pauvreté et la violence sous toutes ses formes (les gangs, la police, l'école,...).
Un monde empoisonné où la vie d'adulte, même dans les quartiers plus huppés, s'appréhende à la dure; un réalisme rafraîchissant auquel le show ajoute une description étonnamment profonde de ses personnages et de leur mal-être évident, renforçant de facto le sentiment d'empathie envers eux que peut ressentir un spectateur conquis par ce regard juste et désespéré de l'adolescence, et cette romance contrariée.
Sans vrai nemesis (pour le moment tout du moins) pas dénué de quelques clichés mais porté avec conviction par un couple Olivia Holt/Aubrey Joseph à l'alchimie étincelante, Cloak and Dagger est un teen drama cohérent, tendu, mature et bien rythmé, une belle petite surprise que l'on n'attendait pas et qui démontre que quand Marvel y met les formes, la qualité ne peut qu'être au rendez-vous...
Jonathan Chevrier