[CRITIQUE] : Hotel Salvation
Réalisateur : Shubhashish Bhutiani
Acteurs : Adil Hussain, Lalit Behl, Geetanjali Kulkarni, Palomi Ghosh…
Distributeur : Jupiter Films
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Indien, Britannique
Durée : 1h39
Synopsis :
Daya est un vieil homme sentant son heure venir il souhaite se rendre à Varanasi au bord du Gange. Son fils, Rajiv, l’accompagne dans cette ville sainte ou les deux hommes louent une chambre à l’Hotel Salvation, un endroit réservé aux personnes en fin de vie.
Critique :
Au sein d’un hôtel où le temps semble suspendu, Shubhasish Bhutiani signe avec #HotelSalvation, une première œuvre ou la mort rôde avec une étonnante légèreté comme une amie que l’on veut connaître avant de la rejoindre. (@Thiboune) pic.twitter.com/jLptRr6lru— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 4 mai 2018
« Death is a process »
Cette phrase résume à elle seule la première réalisation de Shubhashish Bhutiani. Ce voyage vers la mort est tout autant un processus pour le mourant que pour le vivant. L’un doit accepter sa mortalité, l’autre doit laisser partir un être aimé.
De tout cela, Shubhasish Bhutiani aurait pu tirer un drame déchirant, mais il préfère s’abandonner dans une délicatesse caressant le rire par instant et l’émotion par d’autre. Car au travers de cette mort planante, c’est bel et bien de la vie que le cinéaste tient à parler, il profite de la situation pour réunir un fils et un père et narrer un conflit de générations qui laisse peu à peu entrevoir quelques blessures du passé.
Cette réunion du père et du fils n’a rien d’original dans le fond, ce sujet a déjà donné lieu a bons nombres de longs-métrages, mais avec les spécificités de la culture indienne, Hotel Salvation trouve une place peu emprunter par le cinéma. La figure du père est ici écrasante, elle s’est muée au fil du temps en un certain mépris pour le fils. En effet, Daya est un ancien professeur, son fils, Rajiv n’a qu’une carrière qu’il trouve médiocre. Mais, au lieu de remettre en question tous les choix de Rajiv, le film fait évoluer le fils sans pour autant le renier, il n’est pas son père, il ne pourra jamais l’être, en l’acceptant il peut aussi lui dire au revoir et vivre.
Les nombreux rituels hindous sont autant d’occasions pour le jeune réalisateur d’imbiber de couleur sa pellicule qui offre quelques superbes paysages d’une Inde comme hors du temps. Indéniablement il se dégage de Hotel Salvation une poésie mélancolique.
Si le film n’évite pas l’écueil de quelques longueurs, on peut se dire que cela fait partie des petites imperfections teintant les premières œuvres de bons nombres de réalisateurs. Car au fond, Hotel Salvation est une assez belle réussite, un exigeant travail d’équilibre pour donner un moment un brin suspendu, qui réchauffe les cœurs.
Thibaut Ciavarella