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[CRITIQUE] : Strangers : Prey At Night


Réalisateur : Johannes Roberts
Acteurs : Bailee Madison, Christina Hendricks, Martin Henderson,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h25min.

Synopsis :
Une famille s’arrête pour la nuit dans un parc de mobile home isolé qui semble complètement désert. Une jeune femme étrange frappe à leur porte…. C’est le début d’une terrible nuit d’horreur : pris pour cible et poursuivis sans relâche par trois tueurs masqués, chacun devra lutter pour sauver sa peau dans un jeu de cache-cache impitoyable.



Critique :



Petite petite bombe de huis clos tétanisant, (vraiment) flippant, simple et d'une efficacité redaquée avec un tel amour du cinoche du samedi soir, que l'on ne peut que l'adorer.
Mise en scène minimaliste mais soignée (tourné majoritairement caméra à l'épaule et privilégiant l'efficacité à l’esbroufe), scénario solide et réservant son petit lot de rebondissements couillus tout autant qu'un portrait sensible de deux époux au bord de l'implosion (la raison sera évoquée lors d'un habile flashback), le premier long-métrage de Bertino incarne un thriller comme à l'ancienne, viscéral et réaliste, dont la noirceur du propos n'était même pas désamorcée par un happy-end aussi gerbant qu'inadéquat.


 
Citant joyeusement Funny Games et Halloween (pour son horreur souvent invisible faisant irruption dans une réalité commune, et ses meurtriers dont la motivation n'est jamais dévoilée) mais aussi Peckinpah et son chef-d'oeuvre Chiens de Paille (référence du home invasion brutal), l’œuvre fait volontairement (très) mal et nous fait que trop bien ressentir la terreur sourde qu'engendre le fait d'être agressé dans sa propre maison par un ou plusieurs malades barbares, planqués derrière un masque lui aussi, aussi simpliste que terrifiant; peur longtemps véhiculé dans le cinéma des 70's, faiant écho à la dure réalité des crimes de la Famille Manson.
Une œuvre loin des bandes ultra violentes ou même des séquelles rarement inspirées, sentant bon le style épuré et les relents de giallos, misant habilement sur le suspens pur d'une violence insaisissable, imprévisible et inexplicable (dont il masquera les images dans un climax où les cris en diront plus que n'importe quel plan); un petit bijou qui apportait, à l'époque, toute l'ambition créative dont avait tellement besoin le cinéma de genre (à la différence du frenchy et beaucoup moins maitrisé Ils de Xavier Palud et David Moreau, boxant dans la même catégorie).



Franchisé de manière improbable dix ans plus tard, The Strangers : Prey At Night, suite indirecte du film original (une vraie suite avec le retour de Liv Tyler était un temps dans les tuyaux) signée par le tâcheron Johannes Roberts, s'échine à suivre le même concept, à la ligne de pitch près - avec deux mômes dans l'équation en prime - dans un copycat difficilement défendable.
Exit la menace sournoise, malsaine et implacable, bonjour le trio de psychopathes prévisibles et gentiment fripons s'amusant à opérer une partie de cache-cache dans un terrain de jeu grandeur nature comparé au film original, symptomatique d'un soucis évident de maitrise de la part d'une intrigue se devant de relancer constamment l'intérêt pour ne pas perdre l'attention d'un spectateur pourtant déjà largué dès la première bobine, la faute, en grande partie, à des personnages difficilement empathiques.
Caractérisés à la truelle, plombé par des dialogues explicatifs qui cherchent constamment à jouer la montre entre deux jumps scares pâlots, ils ne sont que des victimes faciles d'un vulgaire slasher sans saveur et faussement rétro (jusque dans sa B.O), dont on ressort aussi agacé qu'abruti.
On lui préfèrera nettement plus le récent You're Next qui, lui au moins, respectait le genre et jouait pleinement la carte de slasher décomplexé et sanglant.


Jonathan Chevrier