[CRITIQUE] : Les Bonnes Manières
Réalisateurs : Juliana Rojas et Marco Dutra
Acteurs : Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo, Cida Moreira, Andrea Marquee, Felipe Kenji, Nina Medeiros, Neusa Velasco,...
Budget : -
Distribution : Jour2fête
Genre : Fantastique, Drame
Nationalité : Brésilien, Français
Durée : 2h15
Synopsis :
Clara, une infirmière
solitaire de la banlieue de São Paulo, est engagée par la riche et
mystérieuse Ana comme la nounou de son enfant à naître. Alors que
les deux femmes se rapprochent petit à petit, la future mère est
prise de crises de somnambulisme...
Critique :
Malgré un rythme un peu inégal, #LesBonnesManières envoûte dès le départ grâce à son atmosphère onirique et son histoire d'amour touchante. La bascule fantastique apporte de la noirceur mais aussi des plans et séquences magnifiques (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/X9g2sGMGS4— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 24 mars 2018
L'expression « à
deux c'est mieux » prend tout son sens quand on parle de la
réalisatrice Juliana Rojas et de Marco Dutra. Après leur première
collaboration sur le film Trabalhar Cansa,
présenté au Festival de Cannes 2011 à la section « un
certain regard », ils reviennent pour un second film pour nous
faire frisonner avec une revisite du mythe du loup-garou.
Ce qui frappe tout d'abord
c'est la dualité du film, déchiré entre deux actes totalement
différents mais complémentaire.
Le premier acte raconte la
rencontre entre Clara, une jeune femme issue de la classe populaire
et contrainte d'accepter un travail au dessous de ses aptitudes (pour
payer son loyer) et Ana, jeune femme enceinte, qui évolue dans un
milieu aisé, mais vit seule. Un rapport employée/employeuse
commence entre les deux protagonistes mais très vite une attraction
réciproque va réunir les deux femmes. Un jeu de séduction très
prenant pour le spectateur. Clara, avec son air froid et distant,
Ana, volubile et ouverte. Elles viennent de deux milieux différents,
n'ont pas le même caractère mais finissent dans les bras l'une de
l'autre. Ana, qui tout d'abord porte sur elle sa richesse, grâce à des vêtements de qualité, par des bijoux en or, du maquillage et ses cheveux longs ondulés se délaissent de ces artifices à mesure qu'elle se rapproche de son employée.
Une manière de diminuer le fossé social entre elles. Le fantastique et l'horreur va s'immiscer petit à petit dans leur quotidien, à cause des crises de somnambulisme de Ana, qui crée une tension. Cette tension est bien évidemment montrée par l'histoire, mais aussi par la lumière. Le jour et la clarté laisse place aux ombres et à la nuit, distillant un peu plus le fantastique dans l'histoire. À la fin du 1er acte, le spectateur n'est donc pas étonné de la tournure des événements, grâce à la lumière mais aussi aux éléments propre au conte donnés dans une séquence animée.
Une manière de diminuer le fossé social entre elles. Le fantastique et l'horreur va s'immiscer petit à petit dans leur quotidien, à cause des crises de somnambulisme de Ana, qui crée une tension. Cette tension est bien évidemment montrée par l'histoire, mais aussi par la lumière. Le jour et la clarté laisse place aux ombres et à la nuit, distillant un peu plus le fantastique dans l'histoire. À la fin du 1er acte, le spectateur n'est donc pas étonné de la tournure des événements, grâce à la lumière mais aussi aux éléments propre au conte donnés dans une séquence animée.
La seconde moitié prend
place sept ans plus tard, avec une rupture de ton assez abrupt. Le
film de monstre promis est enfin là, laissant place à la véritable
histoire de loup-garou. Mais aussi à de magnifiques scènes
émouvantes, surtout la dernière séquence qui donne une raison
valable à cette deuxième partie.
En interviews, les deux
réalisateurs avaient donnés comme raison de faire cette scission de
donner deux aspects différents de la maternité : celui la
grossesse et le fait de devenir mère avant l'accouchement et celui
d'éduquer un enfant. Sur le papier, l'idée était bonne, mais
pendant le visionnage le film est long. Très long. Dommage car
l'aspect prenant du début laisse place à un ennui poli pendant les
vingts premières minutes de la seconde partie. Dommage car l'aspect
conte perd de sa cohérence. Dommage car les dernières séquences du
film sont si belles et émouvantes.
Car malgré ce (gros)
défaut, le film reste beau. Une scène magnifique avec Clara qui
chante son malheur, éclairée par du violet qui évoque l'horreur
qui se passe pendant ce temps. Ou cette poignée de main, un des
derniers plans (et également l'affiche du film), montrant l'amour
inconditionnelle d'une mère pour son enfant.