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[CRITIQUE] : La Nuit a Dévoré le Monde



Réalisateur : Dominique Rocher
Acteurs : Anders Danielson Lie, Golshifteh Farahani, Denis Lavant,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Fantastique, Épouvante-Horreur.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s'organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?


 
Critique :




Et si la vague horrifique made in France connaissait enfin un nouveau souffle créatif tant désiré au cours de la précédente décennie, après les brillants - et bouillants - Haute Tension, Martyrs et À l'Intérieur ?
Dit souffle qui avait d'ailleurs vu nos si talentueux cinéastes (surtout Aja), s'exporter outre-Atlantique pour relancer un cinéma horrifique US hardcore sensiblement à l'agonie.
La question a le mérite d'être posée, surtout depuis le succès critique et public du cheval de Troie Grave de Julia Ducourneau, suivi de près par quelques petites péloches de genre franchement enthousiasmante (Laissez Bronzer les Cadavres, Revenge hier, Ghostland demain).
Emboîtant joyeusement leur pas, La Nuit a Dévoré le Monde de Dominique Rocher, se paye plus d'un handicap sur le papier : non seulement c'est le premier long-métrage du wannabe cinéaste, mais il s'échine également avec une certaine ambition, à vouloir célébré dans les rues de la capitale, un sous-genre loin d'être célébrer dans l'hexagone : le film de zombies (coucou Goal of The Dead).



Pur manifeste horrifique à la réalisation primale et viscérale, se payant une exploitation intelligente du genre, le film de Rocher évite soigneusement de boxer dans la même catégorie engagée que celle du regretté George Romero, ni même celle parodique du génial Edgar Wright (Shaun of The Dead), pour mieux lui préférer un postulat minimaliste - à la limite du huis clos - et intime proche de ce qu'ont pu faire Francis Lawrence pour le spectaculaire Je suis une Légende (avec un homme - presque - seul face à l'invasion) et Danny Boyle pour 28 Jours Plus Tard; La Nuit à Dévoré le Monde crie " No Future " avec panache et sans le moindre mot dans un Paris totalement apocalyptique.
Sans donner dans le symbolisme outrancier ni dans la surenchère narrative (pas d'explications plombantes pour justifier le propos du film), Rocher ne cherche pas à terrifier son auditoire mais bel et bien à l'enfermer avec réalisme dans la survie intérieure, aussi bien physique que psychologique, et le quotidien faussement rassurant d'un homme - Sam - concrètement seul (face) au monde, alors qu'il l'était déjà cruellement avant l'invasion.




Singulier, austère et d'une noirceur fascinante, porté par de belles idées de mise en scène et un casting impliqué (Anders Danielsen Lie est convaincant, Golshifteh Farahani et Denis Levant font de jolies apparitions), La Nuit a Dévoré le Monde est une oeuvre d'anticipation tendue et anxiogène, pas dénuée de quelques longueurs certes mais reposant intelligemment sur une mise en place émotionnelle puissante des situations données.
Un petit bout de cinéma horrifique immersif, ludique et modeste dans sa forme autant qu'il est exigeant sur le fond.



Jonathan Chevrier



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